Étiquette : bande dessinée
Les gardiens du Louvre, Jirô Taniguchi
Pourquoi ce livre ?
Je continue à lire toutes les BDs de Jirô Taniguchi ! Ce très grand format (23 x 32,5 cm) édité par les éditions du Louvre m'a fait un appel du pied.
De quoi ça parle ?
Un dessinateur japonais, de passage à Paris, décide de visiter le mythique musée du Louvre. Oscillant entre rêve et réalité, il va découvrir des œuvres et des artistes de manière inattendue…
Mon avis
Cette fois-ci, pas de coup de cœur. J'ai bien sûr été émerveillée par le grand format du livre – qui m'a rappelé les grands livres de contes de mon enfance – mais aussi les magnifiques dessins de Taniguchi. La grande taille des pages et la couleur subliment les peintures et paysages dans lesquels se promène le personnage principal. Quel bonheur !
Toutefois, j'ai moins accroché au récit : en proie à la fièvre, perdu entre rêve et réalité, le héros fait la rencontre de fantômes bienveillants, les gardiens du musée, et vagabonde de tableau en tableau. Même si l'apparition de Van Gogh m'a fait plaisir, je n'ai pas réussi à me perdre avec le personnage.
C'est une oeuvre qui se lit tout de même avec plaisir et qui donne envie d'aller faire un tour au Louvre. C'est déjà ça de gagné, non ?
Trois ombres, Cyril Pedrosa
Pourquoi ce livre ?
Encore une fois, la couverture m’a séduite ! Le titre et l’ambiance m’ont donné envie d’en savoir plus.
De quoi ça parle ?
Joachim vit heureux avec ses parents dans une petite maison au creux des collines. Mais un jour, trois ombres apparaissent… Il va falloir fuir.
Mon avis
Trois ombres est une magnifique bande-dessinée ! A croire que mon instinct est toujours bon. Assez épaisse, intégralement en noir et blanc, elle raconte la vie d’une famille confrontée à trois ombres mystérieuses, apparues du jour au lendemain au sommet de la colline. C’est une allégorie de la mort, bien sûr, qui vient chercher le petit Joachim. Entêté, le père décide de l’emmener loin de chez eux pour échapper à ces ombres inquiétantes…
Les dessins arrondis aux arabesques envoûtantes ajoute une touche de magie à ce monde de plus en plus obscur. On suit avec délice le père et le fils à travers la campagne, puis au creux d’un bateau, ou encore dans un paysage tropical. Peut-on échapper à son destin ? Comment accepter l’inacceptable ? Voilà les questions que pose Cyril Pedrosa dans cette BD très poétique et touchante.
Une oeuvre délicate sur la mort et le deuil, que je vous conseille fortement !
Le château, Mathieu Sapin
Pourquoi ce livre ?
J’ai tout de suite été attirée par la promesse de cette BD : nous faire entrer dans les méandres de l’Elysée, à la manière d’une petite souris.
De quoi ça parle ?
Mathieu Sapin obtient l’autorisation de déambuler dans le Château, petit sobriquet donné à l’Elysée. On découvre avec lui les innombrables pièces du palais, mais aussi les gens qui y travaillent et leurs rôles.
Mon avis
J’ai beaucoup aimé cette bande-dessinée didactique, qui arrive parfaitement à nous familiariser avec ce lieu finalement très secret, sans parler de politique. Mathieu Sapin n’est ni pour ni contre François Hollande, alors Président lors de la réalisation de cet ouvrage. Il présente surtout sa fonction et son rôle dans la fourmilière qu’est l’Elysée. Le Président n’est qu’un employé comme les autres – ou presque !
L’évolution du lieu en fonction du pouvoir en place et de la personnalité du Président m’a beaucoup amusé ! Plusieurs fois, des personnages expliquent les changements qui ont eu lieu lors du passage de flambeau : passer de Sarkozy à Hollande change aussi les choses dans le service de com ou en cuisines.
A la manière d’un guide touristique, on visite l’Elysée à travers un plan très précis, et l’on s’attarde sur les lieux « à voir », les gens hauts placés à rencontrer, les anecdotes… Une jolie BD qui mérite qu’on s’y attarde !
Mars Horizon, Florence Porcel et Erwann Surcouf
Pourquoi ce livre ?
Vous le savez peut-être, j’aime beaucoup Florence Porcel et suis tout ce qu’elle fait avec attention. En me rendant au Salon du Livre de Paris 2017, je me suis offert cette BD en la faisant dédicacer par ses deux auteurs. J’ai attendu le bon moment pour la lire !
De quoi ça parle ?
2080, Mars. Pour la première fois, une équipe de Terriens vient s’installer sur la planète rouge – sans retour prévu. Jeanne, narratrice et communicante en chef, est accompagnée de Sam le médecin, Tsi-Ku l’ingénieure et Nikash le botaniste. En orbite, Elena et Josh les suivent depuis leur station spatiale.
Mon avis
Croyez-moi, je n’ai rien d’une scientifique et me sens parfois bien démunie devant les discours scientifiques. Pourtant, j’écoute et lis toujours Florence Porcel avec attention, car elle a le talent d’expliquer des choses complexes de manière abordable, et rend tout intéressant (découvrez notamment sa chaîne YouTube).
Une fois de plus, je me suis plongée dans cette histoire sans difficulté. Florence Porcel est omniprésente, à travers le personnage de Jeanne : communicante enjouée et passionnée par Mars, elle raconte à la Terre le quotidien de son équipage. Le trait simplifié d’Erwann Surcouf donne à la planète rouge une atmosphère inconnue jusqu’alors : pas de fioritures dans les planches dessinées, le dessinateur va a l’essentiel. Mars est vierge de tout et reste à découvrir.
Au-delà de l’histoire, on est transporté par cette aventure humaine réaliste, qui je crois a été vérifiée par des scientifiques reconnus. On imagine le travail de titan réalisé en amont pour que tout soit crédible.
Cela m’a beaucoup fait penser à la série docufiction Mars de National Geographic. A plus court terme, elle imagine à peu près le même scénario. Les deux supports sont à découvrir pour en savoir plus sur cette fascinante planète – et sur la pugnacité humaine !
Tout plaquer et aller prendre un bain, Mathou
Pourquoi ce livre ?
Mon amoureux me l’a rapporté un soir, alors que j’avais le moral à zéro et le dos en vrac. Je n’ai pas tardé à me plonger dans cette BD feel-good !
De quoi ça parle ?
L’autrice propose un concentré de petits bonheurs et de jolis moments que l’on connaît tous : se glisser dans des draps propres, faire une balade en vélo, écouter une bonne musique, marcher sur le sable… Un petit plaisir dessiné à chaque page.
Mon avis
Si vous avez besoin d’un remontant, procurez-vous ce petit bouquin coloré ! L’énumération de petits bonheurs du quotidien et de phrases positives apporte beaucoup de réconfort lorsque l’on a le moral dans les chaussettes. Le dessin tout rond de Mathou concorde parfaitement avec ces instants doudou : chaque page est un concentré de joie, de douceur et de couleurs, que l’on peut revenir feuilleter à tout moment.
Ce n’est pas vraiment une BD, c’est plutôt un recueil de bonnes nouvelles dessinées. Ca se lit très vite, bien sûr, ça se dévore ou ça se picore, comme on le souhaite. A garder sous le coude !
Terre de rêves, Jirô Taniguchi
Pourquoi ce livre ?
Je me sentie bien triste en apprenant la mort récente de Jirô Taniguchi, un dessinateur que j’apprécie beaucoup… Souvenez-vous, j’avais eu un coup de cœur pour Le journal de mon père et j’ai aussi adoré Quartier lointain (que je n’ai pas chroniqué). J’ai comme objectif de lire toutes les bandes-dessinées de cet artiste ! Cette fois-ci, je me suis penchée sur ce petit ouvrage.
De quoi ça parle ?
Ce recueil raconte cinq petites histoires publiées initialement entre 1991 et 1992 dans le magazine japonais Big Comic. Elles relatent des petits événements du quotidien : avoir et perdre un chien, avoir un chat, la vie de famille, la réalisation de ses rêves…
Mon avis
Une fois de plus, Taniguchi a réussi à m’émouvoir aux larmes, en faisant ce qu’il fait de mieux : raconter les petites choses de la vie avec beaucoup de pudeur et de justesse. Sachant qu’il raconte là une partie de sa vie rend la lecture encore plus forte. La forte relation qu’il entretenait avec son chien, depuis ses premiers jours jusqu’à sa mort, m’a bien sûr émue, puisqu’elle a remué en moi quelques souvenirs. L’arrivée de chats dans sa maison est aussi très touchante, quoique plus rigolote ! Un peu bougon avant leur arrivée, il est rapidement sous leur charme, tout comme sa femme.
Les dessins sont toujours très précis et délicats. Les visages des hommes et les faces des animaux expriment tout un tas d’émotions… Les paysages font rêver, et pourtant, le dessin est sans couleur.
Taniguchi est définitivement l’un de mes auteurs préférés : il a le don de toucher ce qui est le plus sensible en moi avec une histoire très simple et un trait de crayon. A lire de toute urgence !
Transat, Aude Picault
Pourquoi ce livre ?
En le feuilletant rapidement à la bibli, j’ai adoré le trait de la dessinatrice ! Hop, directement dans mon sac.
De quoi ça parle ?
Aude Picault y raconte son passage à la trentaine et tous les questionnements que cela induit : son quotidien ennuyeux de graphiste parisienne la pousse à partir en retraite solitaire sur une île de Bretagne, puis sur un voilier pour traverser l’Atlantique. Un bon bol d’air en compagnie d’habitués de l’aventure maritime.
Mon avis
Encore une excellente lecture ! Quelle bande-dessinée formidable ! Elle pointe du doigt tout ce que je n’aime pas de mon quotidien : la routine ennuyeuse, le rythme de vie parisien, le manque de temps libre, le manque d’espace, de solitude. Sa décision de tout chambouler durant un temps pour mieux revenir m’a fait rêver, je l’avoue. Je ne suis pas particulièrement attirée par une traversée de l’Atlantique, mais me retirer seule quelques jours sur une île déserte, pourquoi pas !
L’auteure raconte avec malice et humour l’avant-départ, les copines aux mille et un projets qui ne comprennent pas ce besoin d’air, l’attente, le jour du départ, la solitude, le voyage, la découverte. Je l’enviais tellement !
Quant au dessin, c’est une petite merveille : très simple, le trait est pourtant évocateur. Pas de case, le dessin rond d’Aude Picault est partout sur la page. Il m’a parfois fait penser à « La petite personne » de Perrine Rouillon (que j’adore fort fort !).

J’ai envie d’acheter toutes les BD d’Aude Picault ! C’est tellement joli, chouette, drôle, mignon, intelligent ! Je vais vite découvrir la dernière en date, « Idéal standard ».
S’enfuir – Récit d’un otage, Guy Delisle
Pourquoi ce livre ?
J’ai eu la chance de recevoir cette BD dans le cadre de l’opération « La BD fait son festival 2017 » de Price Minister. C’était précisément cette bande-dessinée que je souhaitais lire et chroniquer, en tant qu’admiratrice du travail de Guy Delisle.
De quoi ça parle ?
Cette BD a connu un vif succès à sa sortie, vous en avez sans doute entendu parler sur la blogosphère, à la radio ou dans la presse. Elle raconte la période de captivité de Christophe André, alors membre de l’ONG Médecins Sans Frontières et en mission humanitaire en Tchétchénie, en 1997. Durant plus de 400 pages, on suit son quotidien d’otage d’une organisation tchétchène dont il ne sait rien.
Mon avis
Je n’en attendais pas moins de Guy Delisle : c’est une magnifique et formidable bande-dessinée ! On est aussi otage de cette BD lorsque l’on s’y plonge…
Quasiment raconté en temps réel, le quotidien de Christophe André est long, lent, plein de questions et de doutes, d’angoisses et de désespoir. On est enfermé avec lui dans cette pièce vide, où il est enchaîné à un radiateur et l’on attend. L’auteur joue avec le lecteur : il ne lui donne aucun indice. Qui sont les ravisseurs ? Depuis combien de temps cela dure ? Quand cela va-t-il se terminer ? Les négociations avec la France sont-elles commencées ? A-t-on remarqué la disparition de Christophe ? L’otage se pose ces mêmes questions et l’on se sent très vite proche de lui.
De la même manière, lorsque le personnage, passionné, se raconte la bataille d’Austerlitz pour passer le temps, nous sommes nous-mêmes transportés dans la bataille, alors dessinée par l’auteur durant quelques pages. Les « événements » qui rythment chaque journée (attendre, boire un bouillon de légumes et du thé, aller aux toilettes, se faire rattacher au radiateur, dormir…) sont dessinés en boucle et finissent par nous peser. C’est un quotidien sans saveur et sans espoir.
Je ne raconterai pas la fin mais sachez qu’elle est riche en émotions : comme Christophe André, j’ai eu le cœur battant, ne croyant pas à cette issue inespérée !

Le dessin au trait simpliste amplifie cet effet d’identification : pas de fioritures, le rien, le vide et l’attente sont au cœur de cette bande-dessinée. Pourtant, Christophe André et Guy Delisle nous livre un récit captivant et passionnant ! A savourer de toute urgence !
Mon ami Dahmer, Derf Backderf
Pourquoi ce livre ?
Il m’a tapé dans l’œil en me baladant dans les rayonnages BD de la bibli du boulot… « bande-dessinée » + « jeunesse d’un tueur en série » = bingo !
De quoi ça parle ?
Derf Backderf a passé une partie de sa scolarité avec Jeff Dahmer, ado solitaire et étrange, qui deviendra par la suite l’un des pires serial killers des Etats-Unis. L’auteur raconte donc la jeunesse de Dahmer de son point de vue, en tant qu’ami de collège et lycée.
Mon avis
JE TIENS MON PREMIER COUP DE COEUR 2017 !! [J’avais besoin de le crier haut et fort.] Quelle bande-dessinée les amis ! Une BD coup de poing qui assomme un bon coup…
Il faut dire que je suis assez fascinée par la folie en général, et donc par ce qui fait qu’un homme devienne meurtrier… Attention toutefois, je ne suis pas obsédée par les tueurs en série de manière malsaine. Je trouve seulement incroyable qu’un parcours de vie puisse mener à tant de cruauté et d’horreur.
Ici, pas de meurtre, pas de descriptif sordide de ce que Dahmer a pu commettre une fois adulte. On se concentre sur sa jeunesse et sa vie à Richfield, une petite ville tranquille de l’Ohio, aux Etats-Unis. Derf, auteur de la BD, fait lui aussi partie du récit, car il était ami avec Jeff.
Par chapitre, il raconte des épisodes qui ont marqué leur quotidien d’adolescents : Jeff y a souvent une attitude bizarre. Isolé et solitaire, il est aussi la mascotte de leur groupe d’amis. Chaque « anecdote » relate ses étranges comportements, sa solitude, son ivresse constante… Jeff est un jeune homme délaissé par les adultes et détruit par des parents qui se déchirent. Discret, calme, on sent que la colère et la folie bouillonnent en lui. Pourtant, personne ne fait rien pour lui venir en aide. Ses pulsions morbides prennent de plus en plus de place dans son quotidien.
Le regard porté par Derf sur Jeff m’a particulièrement touché : on le sent ému par ce que Dahmer a pu faire par la suite (sans jamais l’excuser ou le plaindre !), et son point de vue d’adulte sur sa vie adolescente est plein de questionnements : pourquoi les adultes n’ont rien vu ou rien fait ? Pourquoi lui ne percevait pas du tout la détresse de son camarade de classe ?
Le récit est étoffé d’autres points de vue : comme il l’explique en détails à la fin de la bande-dessinée, l’auteur a aussi utilisé les témoignages de Dahmer et d’autres personnes l’ayant connu.
Le dessin, très carré, un peu enfantin, apporte une touche supplémentaire de frissons à cette histoire. Le regard glaçant et l’immobilisme de Jeff sont angoissants… On est fasciné par ce dessin froid, par ces personnages au visage carré et par la géométrie de chaque case.
Je suis vraiment admirative du travail fourni par l’auteur : on sent qu’un long travail d’enquête a permis une telle bande-dessinée. Toutes les sources sont d’ailleurs données et explicitées.
Je suis encore un peu sonnée par cette lecture, qui m’a donné envie de creuser le sujet. Si vous êtes intrigué(e) et peu sensible, n’hésitez plus !