Livres

La vie des gens, François Morel et Martin Jarrie

La-vie-des-gens_morel-jarriePourquoi ce livre ?

J’ai reçu cet album pour mon anniversaire !

De quoi ça parle ?

Martin Jarrie, peintre et illustrateur, a rencontré des habitants de Saint-Gratien, en banlieue parisienne. Il leur a demandé quel objet leur était cher, a peint leurs portraits et a envoyé le tout à François Morel. Ce dernier a alors réinventé la vie de ces gens, en rédigeant un court texte sur chacun d’entre eux et sur leurs objets fétiches. Ce livre était né !

Mon avis

Quel bel album plein de poésie ! Coloré, vrai et touchant, voilà comment je le définirais. On découvre en alternance les textes de François Morel et les dessins de Martin Jarrie. Lire et imaginer la vie des gens avant d’admirer leurs visages et leurs objets. C’est ce que propose la forme de ce grand livre rouge. Une immersion rapide mais pudique dans la vie de Myriam, l’assistante sociale désabusée, du jeune Kader, rêveur jusqu’au bout des ongles, de la coiffeuse Elsa, guitariste et chanteuse de reggae… tous ces portraits donnent à voir des gens nostalgiques, travailleurs, solitaires, passionnés. Des gens simples mais plein de tendresse et d’histoires à raconter.

Les traits ronds et doux des dessins de Martin Jarrie côtoient la sensible et talentueuse plume de François Morel : l’ensemble est parfait ! Comment les deux auteurs pourraient décrire et peindre ma vie ? Je me suis posé la question. Je crois que mon objet fétiche serait un roman, à moins que ce ne soit une paire de lunettes, sans lesquelles je ne peux lire et observer le monde qui m’entoure.

Et vous, quel serait votre objet fétiche ?

MOREL François, JARRIE Martin, La vie des gens, éditions Les fourmis rouges, 2013, 72 pages

Livres

Bilbo le Hobbit, J.R.R. Tolkien

bilbo-le-hobbit-tolkienPourquoi ce livre ?

Depuis la sortie du premier film “Le Hobbit” adapté par Peter Jackson, j’avais envie de découvrir cette histoire, étroitement liée à celle du Seigneur des Anneaux lue il y a plusieurs années. J’attendais patiemment que l’occasion se présente… et voilà qu’un ami me l’a prêté un soir !

De quoi ça parle ?

Bilbo est un hobbit paresseux confortablement installé dans sa petite maison de la Colline. Un jour, une ribambelle de nains et un magicien viennent frapper à sa porte pour lui proposer une aventure hors du commun : rejoindre la Montagne Solitaire, ancien royaume des nains aujourd’hui sous le joug du terrible dragon Smaug, afin de récupérer le trésor qui les y attend et leur revient de droit. Un voyage plein de dangers et de rencontres qui changera à jamais le hobbit…

Mon avis

Bilbo le Hobbit est une odyssée fantastique qui se lit avec plaisir et curiosité. Le voyage qu’entreprend notre héros et ses amis est plein de rebondissements et l’on ne s’ennuie jamais ! L’imaginaire de l’auteur pimente le récit : les créatures sont toutes plus étranges et effrayantes que les autres, les paysages, merveilleux ou maléfiques, plantent un riche décor à l’histoire, les protagonistes sont malins et rigolos… Tout a l’air formidable et donne envie de se lancer dans une aventure pareille.

Tolkien possède sans aucun doute un talent d’écrivain et de raconteur d’histoires : présent comme narrateur, c’est lui qui guide le lecteur et lui donne à voir Bilbo et ses péripéties, non sans humour. Il fait brillamment évoluer son personnage au fil des pages : progressivement, Bilbo devient courageux et plein de ressources. On s’y attache d’autant plus !

Si vous ne connaissez pas trop l’univers fantastique de Tolkien, je crois que c’est une bonne façon de l’aborder. Moins complexe et détaillé que sa trilogie mondialement connue, ce roman est résolument moderne et parfaitement abordable, tout en étant riche et plein d’inventivité. J’avais entendu par ci par là que ce roman était un livre pour enfants, je n’en suis pas certaine du tout ! Tolkien a apparemment lu cette histoire à ses enfants mais elle convient mieux, je trouve, aux adultes. Si vous voulez vous lancer, ne soyez donc pas refroidi par ces “on dit”.

TOLKIEN John Ronald Reuel, Bilbo le Hobbit, éditions Le Livre de Poche, 2012 (publication originale en 1937), traduit par Francis Ledoux, 380 pages

Livres

Les yeux jaunes des crocodiles, Katherine Pancol

pancol-lesyeuxjaunesdescrocodilesPourquoi ce livre ?

C’est Lily qui m’a conseillé ce roman, elle qui ne trouve jamais son bonheur avec les livres ! Un argument de poids donc, qui m’a aussitôt convaincue. La sortie de son adaptation au cinéma m’a aussi poussée à me plonger dedans rapidement.

De quoi ça parle ?

Les yeux jaunes des crocodiles raconte la vie de deux sœurs qui n’ont rien en commun : Iris est riche, belle, charismatique et fière, mariée à un bel avocat ; Joséphine vient de se séparer de son mari au chômage, elle est plutôt timide et gauche, chercheuse au CNRS discrète et incomprise. Au hasard d’une conversation, Iris annonce qu’elle s’est mise à écrire un roman, même si elle n’a aucun talent d’écrivain ni aucune inspiration. Elle va alors supplier sa sœur de l’aider dans l’ombre, en échange d’une belle somme d’argent…

Mon avis

Ce roman est une bouffée d’air frais : l’écriture, simple et fluide, permet une lecture sans flottements, sans heurts. On tourne les 660 pages sans le remarquer. Très aérés, les chapitres se répartissent selon tous les personnages. On suit leurs points de vue, leurs réflexions et leurs aventures à tour de rôle. Un rythme qui donne une dynamique au livre et à l’histoire !

Les personnages, parlons-en ! On les sent travaillés : l’auteur en a fait des hommes et des femmes complexes et c’est très appréciable. Ainsi, Iris n’est pas seulement une femme superficielle. C’est aussi une artiste sans aucune confiance en elle, très douée pour le paraître mais incapable d’être elle-même. Joséphine, elle, se révèle finalement plus forte et combative qu’elle n’en a l’air. Tout cela permet au lecteur de s’attacher à ces deux héroïnes et aux autres personnages du roman : Marcel Grobz, beau-père des deux sœurs, est un amoureux grassouillet, simple et rêveur, particulièrement touchant ; Shirley, la meilleure amie de Joséphine, est une mystérieuse fofolle pleine d’humour, qui étincelle aux côtés de son amie… Bref ! On les aime tous !

Rien de transcendant dans cette histoire : elle se veut avant tout proche du réel et met en scène des personnages comme vous et moi. Ce sont eux la force du livre et leurs conversations de la vie de tous les jours : amour, haine, jalousie fraternelle, incompréhension, amitié, confiance… Si ces thèmes vous intéressent et que vous avez justement besoin d’un roman léger et ensoleillé, emparez-vous de ce roman !

Informations complémentaires

Les yeux jaunes des crocodiles est le premier tome d’une trilogie. Les autres livres s’intitulent La valse lente des tortues et Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi.

Le roman a été adapté au cinéma par Cécile Telerman et vient de sortir en salles (le 9 avril 2014). Je viens d’aller le voir et je suis plutôt satisfaite de cette adaptation, même si elle me semble un peu simplifiée (le personnage de Shirley n’a pas autant d’ampleur que dans le livre par exemple). Je suis en revanche bluffée par Emmanuelle Béart qui interprète à merveille la complexité du personnage d’Iris (même si elle est devenue blonde alors qu’elle devrait être brune, mais peu importe).

affiche-lesjeuxjaunesdescrocodiles

PANCOL Katherine, Les yeux jaunes des crocodiles, éditions Le livre de poche, 2008 (2006 chez Albin Michel), 661 pages

Livres

Garde tes larmes pour plus tard, Alix de Saint-André

gardeteslarmespourplustard-alix-desaintandrePourquoi ce livre ?

Il s’agit du dernier livre de la sélection du Prix de la Critique Littéraire de Puteaux !

De quoi ça parle ?

Alix de Saint-André, journaliste à Elle puis auteur, mène l’enquête sur les origines et la famille mystérieuses de Françoise Giroud, fondatrice de l’Express, romancière et ancienne secrétaire d’Etat à la culture et chargée de la condition féminine sous Giscard d’Estaing.

Mon avis

L’entrée en matière est efficace : Françoise Giroud meurt, en laissant de nombreux mystères familiaux derrière elle. Sa première biographie la discrédite, l’accuse d’antisémitisme et attise le feu vengeur d’Alix de Saint-André, journaliste talentueuse amie de la grande dame. Elle attrape sa plume, contacte Caroline Eliacheff, fille de Françoise Giroud, et décide de jouer les Sherlock Holmes pour démêler tous les nœuds de la vie de cette famille, éclairer les zones d’ombres, rétablir les faits et stopper la rumeur.

Très vite, donc, le livre entraîne le lecteur et lui promet une belle investigation. Mais il faut probablement connaître Françoise Giroud pour apprécier à juste valeur l’enquête d’Alix de Saint-André : connaître le personnage, son parcours et les polémiques qu’elle suscitait… Sans cela, il manque un petit plus, un poil de biographie, un soupçon de photographies. Bien évidemment, le lecteur peut à loisir faire sa propre petite enquête. Une démarche nécessaire qui n’aurait pas dû l’être mais qui permet de visualiser le contexte et la femme qu’était Françoise Giroud.

Cela étant fait, on apprécie enfin les multiples échanges entre Alix et Caroline, leurs découvertes fascinantes sur la famille de Françoise Giroud, ses parents et grands-parents. Il arrive pourtant que l’on décroche, car la remontée dans l’arbre généalogique se fait trop précise, trop pointue, et l’on ne sait plus qui est qui. On retient en revanche la pudeur de Françoise à propos de ses origines juives, le combat politique de son père, la soif de vérité de son petit-fils devenu rabbin… Une famille riche et complexe !

La plume de l’auteur, quant à elle, retranscrit un attachement certain pour Françoise Giroud. Acérée, précise et directe, elle attaque les détracteurs de la fondatrice de l’Express, relate l’enquête dans ses moindres détails, remercie ceux qui permettent certaines révélations et rend compte de la difficulté de la recherche généalogique. Peut-être un peu trop long et détaillé, Garde tes larmes pour plus tard reste un bel ouvrage, entre biographie et essai, dressant le portrait raturé et rafistolé d’une femme hors du commun, à la manière d’un puzzle que l’on reconstitue enfin.

francoise-giroudalix-de-saint-andre

SAINT-ANDRE (de) Alix, Garde tes larmes pour plus tard, éditions Gallimard, 2013, 289 pages

Livres

Come Prima, Alfred

alfred-comeprimaPourquoi ce livre ?

J’ai gracieusement reçu cette bande-dessinée grâce à Price Minister-Rakuten, qui proposait d’offrir aux blogueurs intéressés les bds sélectionnées au Festival d’Angoulême en début d’année, lors de l’opération “La BD fait son Festival 2014”. Je l’ai choisie parce qu’elle a tout simplement reçu le Fauve d’Or, prix du meilleur album 2014.

De quoi ça parle ?

Suite à la mort de leur père, Fabio et Giovanni, deux frères que tout oppose, prennent la route de l’Italie pour retrouver leurs racines. L’occasion pour eux de revenir sur les absences, les non-dits, les frustrations, les regrets et les remords…

Mon avis

Come Prima est une belle BD : sa couverture épurée, cartonnée et douce au toucher nous fait de l’œil, appelle à la caresse et à la lecture soignée. Ses couleurs méditerranéennes rayonnent et illuminent les pages. Son trait, simple, rond et efficace, montre l’essentiel. Le tout transpire l’Italie ! Difficile, déjà, de ne pas l’apprécier.

L’histoire surprend, amuse et touche : les deux hommes en route pour le Sud sont humains : l’un est agressif, méfiant et fermé ; l’autre est frustré, discret, encore blessé d’avoir vu son frère disparaître au mauvais moment. Le long voyage qui les attend est propice à la conversation, aux engueulades, à la réconciliation… Un véritable road-movie ponctué par des problèmes techniques, des rencontres étonnantes et des situations loufoques ! On s’attache à ces deux frères en cours d’apprivoisement.

Une très jolie BD, une émouvante histoire, que demander de plus !? Un seul petit bémol peut-être : l’originalité de l’histoire. Le road-movie “retour aux sources” me semble être un sujet déjà très abordé (par le cinéma ou la littérature par exemple). Mais cela n’est qu’un détail !

Deux petites photos pour vous donner envie :

alfred-comeprima-1

alfred-comeprima-2

La note attribuée : 17/20

Merci beaucoup à Price Minister et à la librairie parisienne Pages Après Pages pour cet envoi !

ALFRED, Come Prima, éditions Delcourt/Mirages, collaboration aux couleurs de Maxime Derouen, 2013, 224 pages

Livres

Séquestrée, Chevy Stevens

sequestree-chevy-stevensPourquoi ce livre ?

Il faisait partie d’une sélection de thrillers gagnée sur Internet. Comme j’en ai toute une collection qui m’attend, j’en lis un de temps en temps. Cette fois, c’est Séquestrée qui a attiré mon attention.

De quoi ça parle ?

Annie, jeune agent immobilier, vit sur l’Ile de Vancouver. Lors d’une visite, elle se fait enlever et se retrouve séquestrée dans une cabane perdue dans la forêt. Elle va rester un an ici, avec son agresseur, et vivre les pires horreurs… Jusqu’au jour où elle parvient à s’échapper et découvre alors le vrai fond de l’histoire.

Mon avis

Séquestrée est un de ces romans qui m’attirent irrémédiablement. Ce genre d’histoire, pourtant parfaitement horrible, a quelque chose de fascinant. Une fois de plus, je me suis régalée ! Une bonne partie du roman est dédiée à l’enfermement de l’héroïne et à ce qu’elle subit. Une partie peut-être un peu longue, car on a vraiment envie d’en savoir plus : qui est cet homme ? Pourquoi l’a-t-il délibérément choisie ? Pourquoi la connait-il si bien ? Il faudra attendre la deuxième partie pour éclairer toutes ces zones d’ombre.

J’ai particulièrement été charmée par la façon dont le roman est construit : durant 26 séances de psy, soit 26 chapitres, l’héroïne raconte son histoire à un personnage invisible, la fameuse psy, c’est-à-dire nous, les lecteurs. L’auteur parvient très bien à insérer les actions et dialogues dans ce discours à sens unique. On ne sent pas le glissement narratif, qui passe de la confidence agressive à la narration classique. Les conversations entre Annie et ses proches sont retranscrites au style direct, ce qui n’est pas très “logique” puisqu’il s’agit d’une séance médicale, mais pourtant, cela passe très bien. Un point de vue qui a sans doute été difficile à conserver tout le long du roman, ce qui mérite donc d’être souligné.

Le personnage principal est aussi un bon point : Annie est une femme simple qui doit apprendre à vivre avec l’enfer qu’elle a connu, c’est un cas de figure qui n’a rien de surréaliste malheureusement. J’ai aimé sa manière de refuser le dialogue, de fuir l’indécence des médias et la pitié de ses proches… Annie ne pleure pas, ne crie pas, ne se plaint pas, mais elle parvient à parler.

Un petit point négatif cependant : les révélations finales. Je les ai trouvées assez grossières (dans le sens “pas assez creusées”) et finalement très peu surprenantes, puisque les indices sont semés tout le long du roman. C’est une suite logique et on aurait aimé un renversement de situation.

Après tout, j’ai passé un bon moment de lecture en dévorant Séquestrée. A lire en vacances peut-être, pour frissonner !

STEVENS Chevy, Séquestrée, éditions Pocket, 2013 (édition originale publiée en 2010), traduit par Sebastian Danchin, 383 pages

Livres

Méto, 1. La Maison, Yves Grevet

meto-la-maison-yves-grevetPourquoi ce livre ?

Il y a bien longtemps, j’avais lu une très bonne chronique de cette trilogie d’Yves Grevet sur le blog Les lectures de Kik, qui m’avait vraiment convaincue. Moi qui lis pourtant peu de romans jeunesse (mais pourquoiiii !?), j’avais noté le titre et l’auteur dans mon carnet. Et puis le miracle eut lieu : il est apparu devant moi en janvier, l’air de dire : “eh oh, il serait temps que tu m’achètes, tu crois pas ? Regarde, je suis sorti en poche !” L’argument était en béton, j’ai craqué.

De quoi ça parle ?

Méto est un jeune garçon qui ne sait rien de lui et du monde extérieur. Avec 63 autres garçons, il vit dans la Maison, un lieu clos mystérieux régi par des règles strictes. Chaque geste, chaque moment de la journée est prévu, organisé. Ici, pas de place à l’improvisation ! Les enfants ne savent qu’une chose : en grandissant, ils devront partir. Oui mais où ? Que cache la Maison et ses défenseurs ?

Mon avis

Je suis déjà prête à bondir pour m’offrir le tome 2 lorsqu’il sortira en poche (le 3 avril 2014) ! Oui, Méto est un très bon roman jeunesse, je l’affirme haut et fort ! On est un peu perdus au tout début, car l’univers nous est inconnu. Quelles sont donc ces règles bizarres, où il faut compter 50 secondes entre chaque bouchée, où, lorsqu’il est l’heure de dormir, il faut se comprimer sous les draps jusqu’à ne plus pouvoir bouger… ? Heureusement, très vite arrive un petit nouveau, comme c’est le cas lorsqu’un grand s’en va. Méto va donc expliquer le fonctionnement de la Maison au petit Crassus.

On est donc assez rapidement happé par cette Maison maléfique et autoritaire, où aucun faux pas n’est possible sans finir au Frigo, la pièce froide où l’on enferme les récalcitrants. Méto, en y passant 4 jours, va découvrir qu’il est possible de percer tous ces mystères à jour. C’est donc lui, l’élément perturbateur et le héros à la fois, qui va tout chambouler. Comme lui, on a hâte de savoir ce qu’il se passe dehors ! Où sont les femmes (on se le demande tous !) ? Ces enfants ont-il des parents à l’extérieur ? D’où sortent-ils ? Que deviennent les grands ?

Intriguant, haletant et passionnant : voilà les maîtres-mots de ce court roman, qui donne assurément envie de lire la suite. Il est l’heure de déjouer les complots et autres manigances ! Si comme moi vous êtes un peu paranoïaque dans les romans et soupçonnez tout le monde, que votre raison de lire est de résoudre des énigmes, emparez-vous de Méto, vous serez vite conquis !

GREVET Yves, Méto, tome 1 “La Maison”, éditions Pocket Jeunesse, 2013 (édité chez Syros en 2008), 237 pages

Livres

Orgueil et préjugé, Jane Austen

orgueil-et-prejugePourquoi ce livre ?

Parce qu’il était temps !

De quoi ça parle ?

L’histoire se passe dans l’Angleterre du 18ème siècle, au temps des belles robes, des bonnes manières et de l’hypocrisie générale. On suit les aventures d’Elizabeth Bennet et de sa famille, principalement préoccupée par le mariage. L’arrivée d’un nouveau voisin, M. Bingley, va bouleverser l’ordre des choses…

Mon avis

Il m’aura fallu du temps pour découvrir la plume de Jane Austen mais c’est enfin chose faite et j’en suis ravie ! Elizabeth par ci, Darcy par là… Les deux héros de ce roman classique sont on ne peut plus admirés sur la blogosphère littéraire et il faut avouer qu’on se sent un peu perdu lorsque “Darcy” ne nous évoque que Bridget Jones. C’est pour cette raison, mais aussi par curiosité, qu’il était donc nécessaire que je découvre ces amoureux.

J’ai certes eu du mal à me lancer : il m’a fallu un temps d’adaptation à la langue de l’époque, aux formulations alambiquées et aux bons mots de l’auteur. Car on ne lit pas Jane Austen vite fait bien fait. La concentration est de mise, mais c’est pour mieux savourer chaque conversation, chaque réflexion. Après avoir plongé dans l’ambiance théâtrale du roman, on ne peut s’en défaire car il est évident que nous faisons nous aussi partie des bals, sorties dans les parcs, discussions de salon et autres confidences épistolaires.

L’héroïne, rebelle et féministe avant l’heure, affirme son caractère avec tant de verve et de répartie qu’on a envie de l’applaudir régulièrement. Mais elle est aussi pleine de préjugés et apprendra au fil des pages à dépasser les apparences. M. Darcy, cet homme si orgueilleux et malpoli, pourrait bien être un honnête et discret admirateur…

Orgueil et préjugé est un roman parfaitement mis en scène. Avec très peu d’action, l’auteur parvient à retranscrire une époque, une ambiance. On aimerait enfiler une longue robe à froufrous et se pavaner avec les sœurs Bennet, chuchoter d’incroyables rumeurs aux cousines, oncles et tantes, jouer à l’amoureuse résistant la tête haute. C’est un livre qui réveille en nous les envies de théâtre et de déguisements, tout en questionnant le monde d’hier et les priorités des bourgeois anglais du 18e.

J’aimerais maintenant découvrir les adaptations cinématographiques qui ont été faites de ce roman. Laquelle me conseillez-vous ? Le film avec Keira Knightley ou la série de la BBC ? Si vous n’avez pas encore lu ce roman et que vous avez besoin d’une bonne dose de classique et de talent, lancez-vous !

AUSTEN Jane, Orgueil et préjugé, éditions du Rocher, collection Motifs, 2004 (édition originale de 1813), traduit par Béatrice Vierne, 623 pages

Livres

La fille de l’hiver, Eowyn Ivey

la-fille-de-lhiverPourquoi ce livre ?

Je l’ai acheté sur un coup de tête début janvier, après avoir lu de bons avis sur ce roman. Incroyable mais vrai, je l’ai déjà lu ! L’objectif étant, à l’origine, de le lire durant l’hiver…

De quoi ça parle ?

Mabel et Jack, un couple de 40/50 ans, viennent de s’exiler en Alaska, loin de tout. Leur but ? Fuir pour oublier la mort de leur bébé. Distants et malheureux, ils s’adaptent difficilement au grand Nord. Jusqu’au jour où ils décident de faire un bonhomme de neige à l’allure enfantine. Le lendemain matin, une petite fille en chair et en os a pris sa place. Miracle ou hallucination ? La fille de l’hiver va peut-être bien les aider à avancer…

Mon avis

Inspiré par un conte folklorique russe intitulé Snégourotchka, La fille de l’hiver est un très beau roman. L’Alaska, parfaitement décrit par l’auteur (qui y habite), joue un rôle essentiel dans cette histoire. Les paysages enneigés, omniprésents, ne sont pas hostiles aux personnages : les baies de canneberge décorent subtilement la blancheur des sous-bois, les renards et autres animaux se faufilent entre les arbres, la rivière gèle… Les hommes et le monde sauvage vivent en harmonie. Cela procure au lecteur un sentiment de bien-être et d’apaisement immédiat !

L’histoire est aussi charmante et délicate : ce couple rongé par la tristesse retrouve peu à peu le sourire, grâce à l’étincelle qu’est la petite fille. Mystérieuse, elle apparaît de temps en temps puis retourne sans un mot dans la forêt. Avant même que l’on ait le temps de se lasser, le récit prend une autre tournure : l’enfant grandit et se confronte aux proches du couple ; elle se dévoile petit à petit, pour notre plus grand plaisir. C’est avant tout une histoire familiale parsemée de magie que nous raconte Eowyn Ivey.

Inutile d’attendre une explication rationnelle, il n’y en aura pas. La structure d’origine du conte est conservée. L’auteur n’a fait que broder autour d’elle, en y apportant une touche de modernité, et cela est réussi. Les 450 pages défilent sans problème !

On referme le livre le cœur triste, désolé de devoir quitter Mabel et Jack, mais ravi d’avoir plongé dans cette si belle aventure. Pour les amateurs de grands espaces et de jolies histoires !

Informations complémentaires

J’ai appris, en fouinant un peu, que l’auteur portait se prénom en hommage au personnage féminin du Seigneur des anneaux de Tolkien. Je n’ai pu qu’admirer le choix de ses parents. Hihi !

IVEY Eowyn, La fille de l’hiver, éditions 10-18, 2013 (édition originale en 2012), traduit par Isabelle Chapman, 450 pages

Livres

L’ultime secret du Christ, José Rodrigues dos Santos

lultime-secret-du-christPourquoi ce livre ?

Ce roman fait partie de la sélection imposée du Prix de la Critique Littéraire de Puteaux, auquel je participe.

De quoi ça parle ?

Dès le début de l’histoire, une paléographe reconnue est retrouvée égorgée dans la bibliothèque vaticane de Rome. A côté d’elle, les enquêteurs trouvent un étrange message codé. Ils font alors appel à Tomás, cryptologue particulièrement doué pour déchiffrer la Bible, afin d’expliquer cet horrible meurtre. Mais l’enquête ne va pas s’arrêter là : d’autres meurtres sont commis ailleurs en Europe et ils semblent trop similaires au premier pour être de simples coïncidences…

Mon avis

Le début de L’ultime secret du Christ commençait bien : Patricia Escalona, paléographe espagnole, venait d’être retrouvée égorgée dans la bibliothèque vaticane de Rome, près d’un étrange message codé. Le contexte parfaitement dressé, l’histoire allait pouvoir se dérouler. C’était sans compter sur l’invasion régulière de l’auteur, brutale et fastidieuse, qui semblait alors venir volontairement déconstruire le récit et réduire le suspense à néant.

Car c’est bien cela qui pose majoritairement problème à ce roman historique : de longues analyses de textes bibliques ponctuent le livre et empêchent inévitablement le déroulement de l’histoire. On sent, derrière ces lignes richement documentées, la passion de l’auteur pour l’histoire de Jésus. L’enquête policière, prétexte à ces révélations historiques, n’est alors qu’affaiblie et perd de l’intérêt.

Mais parce qu’il faut bien une histoire pour appuyer la parole de l’auteur, celui-ci s’empresse d’utiliser un procédé littéraire connu de tous les amateurs de thrillers, qui consiste à terminer chaque chapitre d’une phrase révélatrice, à la fois lourde de sens et énigmatique. C’est notamment ce qui fait le charme des « page-turners », qu’on ne peut s’empêcher d’arrêter de lire. L’ultime secret du Christ n’en est malheureusement pas un : répéter ce schéma à chaque chapitre, après une longue étude de la Bible, apporte finalement un côté artificiel au récit. José Rodrigues dos Santos aurait peut-être dû écrire tout simplement un essai sur Jésus…

Cet aspect stylistique mis à part, l’enquête policière finit néanmoins par attirer l’attention. Même si leurs personnalités ne sont pas assez creusées, Valentina, l’enquêtrice italienne, et Tomás, le héros cryptologue, relancent habilement la narration. Les cent dernières pages, bien qu’un peu tirées par les cheveux, ont aussi le mérite de maintenir le suspense et d’accrocher le lecteur – enfin !

Rendons aussi hommage à l’aspect scientifique du roman et aux nombreuses recherches documentaires effectuées par l’auteur. La vie de Jésus est intelligemment décortiquée et toujours étayée de preuves, elles-mêmes certifiées par l’écrivain à la fin du livre. On aurait tendance à se lancer dans d’autres lectures à ce propos afin d’en savoir un peu plus… Eveiller la curiosité du lecteur, même s’il n’est a priori pas séduit par le sujet, est, avouons-le, une réussite.

Il est donc nécessaire d’être averti : L’ultime secret du Christ se lit avant tout comme une démonstration historique et scientifique. Les amateurs de romans policiers risquent d’être déçus…

SANTOS, José Rodrigues dos, L’ultime secret du Christ, éditions Hervé Chopin, 2013 (2011 pour l’édition originale), traduit par Carlos Batista, 493 pages