Blabla·Spectacles

Classement des salles de spectacle les moins confortables de Paris

Je crois qu’il est de mon devoir de grande, mais aussi de quasi-parisienne, de vous informer sur les salles de spectacle de Paris les moins confortables. D’abord parce qu’il est INCONCEVABLE et ODIEUX de faire payer un certain prix une place de spectacle qui vous tord le corps et vous inflige les pires crampes aux fessiers / des bleus aux genoux (au choix). Ensuite parce que mine de rien, non, ce n’est pas une chose rare. C’est même assez courant. Les théâtres parisiens sont légion, ils ont de l’allure, ils brillent de mille feux, ils ont connu les plus grands comédiens… mais ils sont horriblement inconfortables !

Mes critères de classement :

1. La place pour les jambes. Evidemment, être assis de manière tout à fait classique (avec les genoux au même niveau que le bassin, donc), est la moindre des choses.

2. Le dossier du siège. Que l’on ne ressorte pas avec une colonne vertébrale déplacée ou un torticolis.

3. Le niveau de température dans la salle. Rappelons que 60 cm² par personne, avec manteau, pull et écharpe, c’est déjà une façon de tenir chaud au public. Coupez le chauffage.

Je teste assez régulièrement des salles de théâtre à Paris, plutôt par hasard parce que j’y vais pour le spectacle plus que pour la salle. Je vous livre dès à présent mon classement des salles les moins confortables A EVITER A TOUT PRIX (sauf si on vous offre une place ou que vous connaissez personnellement un comédien/une comédienne).

Avant cela, je tiens à vous dire que la meilleure salle de tous les temps, selon moi, qui cumule tous les avantages, c’est le Palais des Congrès de Paris : vue dégagée, place assise correcte, confort… Enfin, on profite du spectacle ! Oui, c’est une salle moderne, donc plus facile à aménager qu’un petit théâtre parisien tout vieux, mais ça compte quand même beaucoup. Les petits théâtres n’ont qu’à supprimer des rangs et investir dans des sièges. Merdouille.

LE CLASSEMENT

Première Place
L’Européen

Eviter particulièrement les derniers rangs, et tous ceux sur les côtés. Soyez en avance si vous voulez écouter le spectacle avec attention et, donc, en profiter, car le placement est libre (enfer et damnation).

Je crois que là, ça y est, j’ai trouvé la perle rare ! Je ne croyais pas ça possible, mais une fois le siège déplié, il restait environ la longueur de ma main pour placer mes jambes. EST-CE NORMAL ?

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Notez le genou gauche s’immisçant dans l’espace vital du spectateur assis devant (il était parti) et l’invasion de l’espace vital du spectateur de droite par le genou droit. Tout en finesse.

Je me suis donc tenue les genoux pliés contre mon ventre, en mode « petite fille boudeuse », les bottes sur le bord du siège, les cuisses en apnée, les pieds enfourmillés, les fesses coincées… L’enfer.

Deuxième Place
Le Théâtre Antoine

C’est là aussi du très lourd. Cette fois encore, j’étais assise dans un balcon, au dernier rang. A éviter aussi. L’écrasement n’est pas loin. J’ai également cru mourir de chaud. Une nouvelle forme de torture. Rappelez-vous ma souffrance lors des Derniers jours de Stefan Zweig.

Troisième Place
Le Trianon

Il faut croire que les places du fond sont à éviter par tous les moyens, car c’est toujours là que je souffre le martyre. Le Trianon m’a aussi vendu du cauchemar, avec inconfort, place pour culs-de-jatte et fournaise volcanique. Je n’ai donc pas apprécié le concert que je venais écouter. Mission réussie ! Yeah !

Quatrième Place
Bobino

Bobino est à côté des autres une salle confortable (ah oui oui, carrément). Restons neutres toutefois, et précisons, malgré la bonne vue de la scène, que les places de l’orchestre sont destinées à vous broyer les genoux. Apportez des coques protectrices pour le roller, et tout ira comme sur des roulettes !

[Ce classement va probablement s’enrichir. Patience, patience.]

Expositions et visites

Exposition Titanic à Paris

titanic_expositionLundi matin, je me réveille excitée comme une puce : cet après-midi, je découvre enfin l’exposition dédiée au Titanic ! N’ayant lu et entendu que des éloges à son propos, j’ai hâte de contempler les objets rassemblés à Porte de Versailles. C’est avec mon amie M. que dès 13h30, nous approchons des lieux, fébriles et joyeuses. Titanic et nous, c’est une véritable histoire d’amour ! Le destin tragique de ce paquebot que l’on pensait insubmersible me passionne et m’intrigue depuis toujours.

Après une attente de près de 40 minutes (malgré nos billets “coupe-file”), nous accédons enfin à l’exposition. On nous remet un billet d’embarquement, une idée géniale qui nous invite au voyage, mais aussi un audioguide, qui se révèlera inutile et aux commentaires cucul-la-praline. Mais peu importe ! Commençons !

Titanic-boarding-pass1Le début nous rend impatientes : c’est un léger cours d’histoire sur les années 1900, en France et ailleurs. On passe très vite sur les panneaux explicatifs et la maquette du Titanic trônant au milieu de la salle pour entrer dans le vif du sujet. Mais l’excitation retombe petit à petit : il n’y a finalement que peu de mise en scène. Les salles se succèdent et exposent simplement des objets récupérés au fin fond de l’océan. Certes, observer la monnaie de l’époque, la vaisselle ébréchée, les petites cuillères, les bijoux et les produits de beauté ne se fait pas sans émotion. La lecture des panneaux blancs retraçant la vie de voyageurs de première, seconde et troisième classe ayant péri durant le naufrage humanise la visite.

Pourtant, il manque des reconstitutions de lieux, des animations ludiques, des décors où le public pourrait se fondre et imaginer, le temps d’une minute, faire partie de l’équipage. On aime ainsi particulièrement le faux couloir des chambres de première classe. Ici, enfin, on peut se mettre à la place des passagers. La photo du sublime escalier qui régnait dans les riches salons du paquebot aurait gagné à être entourée de quelques marches, sur lesquelles nous aurions pu prendre la pose.

Malgré cela, l’émotion grandit lorsque le naufrage se fait sentir. Conçue dans un ordre chronologique, l’exposition devient plus précise et plus sombre à l’instant du drame. Des témoignages reviennent sur ce terrible moment. J’apprends que l’équipage du Titanic, sûr de lui et fier de sa traversée de l’Atlantique, n’a pas tenu compte des nombreuses alertes reçues durant la journée précédant le drame, lui indiquant que la zone était risquée et qu’il fallait ralentir le rythme. J’apprends aussi que les canots de sauvetage n’étaient pas assez nombreux pour sauver tout le monde, mais qu’ils ont cependant été mis à l’eau à moitié remplis ! Des aberrations qui ne pardonnent pas en cas d’urgence.

Un iceberg géant trône dans l’avant-dernière salle : c’est l’animation qui nous manquait ! Véritable morceau de glace, cet objet concret donne de la profondeur à ce qu’on peut lire autour. Voilà ce qui a heurté le Titanic et provoqué sa lente descente en enfer. Enfin, l’exposition se termine avec un gigantesque panneau, sur lequel sont inscrits les noms des survivants mais surtout ceux des disparus. Rangés par première, seconde et troisième classe, on constate le cœur serré que les plus pauvres sont plus nombreux à avoir péri.

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Je suis sortie de cette exposition un peu frustrée malgré tout cela. J’aurais aimé découvrir :

– d’autres reconstitutions de lieux dans lesquelles le public peut se mouvoir et se mettre en scène ;

– des animations ludiques faisant appel aux cinq sens, notamment le toucher et l’ouïe ;

– un petit hommage aux films, notamment celui de James Cameron, devenu culte pour la plupart des gens, où l’on aurait pu dire ce qui fut inventé et ce qui était réaliste ;

– une grande carte du monde retraçant le parcours du Titanic, ses escales et son naufrage.

Si vous êtes vous aussi intrigué par cet incroyable bateau et son improbable accident, n’hésitez à aller voir cette exposition malgré tout émouvante et instructive. Vous avez jusqu’au 15 septembre 2013, il faut vite réserver ! Comptez toutefois 15 € pour la visiter, un coût qui est sans doute justifié par la présentation d’objets de grande valeur, mais qui laisse penser, à tort, que la visite est flamboyante.

Blabla·Livres

Remise du Prix de la Critique Littéraire de Puteaux 2013

Pour cette dixième édition, la ville de Puteaux a fait fort : elle a convié tous les participants au Prix de la Critique Littéraire adulte au restaurant Le Drouant (Paris), le restaurant attitré des Prix Goncourt et Renaudot. Cette simple annonce m’a tout de suite convaincue : aussitôt l’invitation reçue, j’ai confirmé ma venue.IMG_1466

Je ne vais pas vous raconter la soirée dans le détail, car finalement, elle fut surtout riche en conversations. J’ai retrouvé les mêmes participants qu’il y a deux ans (l’année dernière, une tendinite carabinée m’avait empêchée d’y aller) et naturellement, nous nous sommes assis à la même table. Bien que n’ayant remporté aucun prix, j’ai reçu, comme tous les autres, une petite pochette renfermant une jolie bougie nommée “Bibliothèque” de chez Byredo Parfums (connais pas), ainsi qu’un petit livre sur le prix Goncourt. Une gentille attention !

Le restaurant, quant à lui, fut à la hauteur de mes attentes : chic et classique. Le repas, bien que joliment présenté, fut finalement assez simple : œuf poché et fricassée de petits pois/fèves, épaule d’agneau et polenta, fraises et glace au fromage blanc. Bon, certes, mais pas très surprenant.

J’ai constaté que la sélection livresque de cette année ne resterait pas dans les annales. En ce mois de juin, déjà, j’avais oublié la plupart des livres de l’année. Plutôt mauvais signe, non ? Il s’agissait donc de :

Barbe bleue, Amélie Nothomb (très bof)
Elizabeth II, dans l’intimité du règne, Isabelle Rivère (très instructif)
Je vais passer pour un vieux con, Philippe Delerm (fin et drôle)
Qu’avons-nous fait de nos rêves ?, Jennifer Egan (insupportable)
La tristesse du samouraï, Victor del Arbol (intéressant)

Voilà. Bon. Peu flamboyant. Rendez-vous en septembre pour la nouvelle sélection !

Expositions et visites

Le monde enchanté de Jacques Demy, à la Cinémathèque

expo-jacques-demyPourquoi cette exposition ?

Il faut savoir que certains films de Jacques Demy sont un peu mes Disney à moi. Au lieu de m’émerveiller devant “La Belle au Bois Dormant” ou “La Belle et la Bête”, j’ouvrais, petite, de grands yeux admiratifs devant les robes et les chansons des “Demoiselles de Rochefort” et la magie de “Peau d’Ane”. J’ai sans doute vu ces films une bonne dizaine de fois chacun, surtout “Les Demoiselles…”. Connaissant le lieu de l’histoire pour vivre non loin de là, je me suis longtemps imaginée tourbillonnant dans les robes blanches, roses et jaunes des sœurs jumelles. La beauté de Catherine Deneuve me subjuguait quand les musiques m’emportaient dans d’interminables danses. Lorsque j’ai appris qu’une exposition était consacrée à Jacques Demy, je me suis frottée les mains : verrais-je de mes yeux les costumes de ces films magiques ? La semaine dernière, j’ai acheté une entrée et suis allée me perdre dans l’univers de Demy.

De quoi ça parle ?

“Le monde enchanté de Jacques Demy” est une exposition temporaire consacrée au réalisateur, notamment connu pour ses comédies musicales innovantes. Le parcours est organisé de manière chronologique. Ainsi, on traverse les époques, les influences et les films de Demy, dans des décors colorés. Enrichie de nombreux documents (lettres, scénarios, photos de tournage, Palme d’Or…), l’exposition est avant-tout ludique : quelques costumes somptueux sont présentés ici ou là, des extraits vidéos donnent envie d’en voir plus, quelques chansons à écouter rappellent l’ambiance joyeuse des films de Demy. On trouve aussi des peintures et photographies de l’artiste, décidément doué.

Mon avis

Il suffit sans doute de lire les présentations ci-dessus pour comprendre mon admiration. L’exposition n’est pas plombée par de longs discours, de longues tirades interminables, pleines de dates et de phrases alambiquées. Des panneaux indiquent de temps en temps le contexte de tel ou tel film : l’enfance de Demy à Nantes, le genre de la comédie musicale, la virée de Demy et Varda (sa femme) aux Etats-Unis, l’influence des contes et légendes, l’envie de liberté et de justice… La vie de Jacques Demy a bien sûr influencé les histoires qu’il voulait raconter.

Le parcours de l’expo, accompagné de plusieurs chansons mythiques, est aéré, très visuel et coloré. On aurait presque envie de danser au milieu des autres visiteurs ! J’ai par ailleurs découvert la filmographie du cinéaste, que je connaissais finalement peu. J’ai évidemment envie de visionner des films de Demy désormais.

Comme je l’espérais, j’ai pu découvrir les trois robes de “Peau d’Ane”, présentées à mi-parcours : il ne manquait plus que Catherine Deneuve pour que je sois comblée ! Ma préférence allait à la robe couleur de lune, scintillante et majestueuse (la troisième des photos suivantes).

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Si les chansons et films de Demy ont aussi bercé votre enfance, vous ne serez pas déçus ! On replonge dans l’univers du réalisateur et l’on ressort avec l’envie de tout re-regarder. Si au contraire vous ne connaissez pas du tout ces films pourtant cultes, je vous conseille une petite balade du côté de la Cinémathèque (si vous êtes près de Paris ou si vous passez par là) : complète et ludique, cette expo vous donnera un petit aperçu de ce qui m’enchantait et m’enchante encore aujourd’hui.

Je vous laisse avec la célèbre chanson des Jumelles !

Catherine Deneuve et Françoise d’Orléac, dans Les Demoiselles de Rochefort
Spectacles

Théâtre sans animaux, l’absurde de Jean-Michel Ribes au Théâtre du Rond-Point

 

theatre-sans-animaux_affichePourquoi ce spectacle ?

Je garde un formidable souvenir d’un autre spectacle mis en scène au Théâtre du Rond-Point, à Paris, en 2006, intitulé "Boulevard du boulevard du boulevard". Conçu par Daniel Mesguich, ce spectacle hilarant et très foufou figure encore aujourd’hui en première place de mes coups de cœur théâtraux. En écrivant cette chronique, je réalise que Jean-Michel Ribes n’a rien à voir là-dedans… J’étais pourtant persuadée qu’il était le metteur en scène de ce spectacle, tant l’absurde y était présent. Bref ! Tout ça pour vous dire que j’avais envie de découvrir "Théâtre pour animaux" pour les raisons suivantes :

1. l’absurde ;

2. Jean-Michel Ribes ;

3. le Théâtre du Rond-Point, un lieu chargé de souvenirs pour moi, y étant venue en expédition lorsque j’étais lycéenne.

De quoi ça parle ?

"Théâtre sans animaux" est un spectacle découpé en plusieurs petits sketches, qui mettent chacun en scène une situation absurde, une conversation, une engueulade, une confidence… L’humour est bien sûr présent, à la fois dans le texte et dans l’interprétation. Ainsi, un père demande à sa fille quel est son prénom, un idiot annonce à son frère érudit qu’il est plus intelligent que lui, une femme supplie son époux de dire "bravo" à sa sœur comédienne, une famille s’interroge sur la présence d’un stylo bille géant disposé au milieu du salon… Les histoires sont simples, elles sont toujours dues à un mot, une expression, un détail, et prennent des proportions démesurées.

Mon avis

On sent par l’introduction de cette chronique que j’ai été séduite par cette soirée. Le concept même de ces sketches tordus m’a rappelé Ionesco et sa Cantatrice chauve. De la même manière, les personnages s’entêtent à expliquer aux autres des choses très simples, avec des mots compliqués. A moins que ce ne soit l’inverse… La mise en scène de Jean-Michel Ribes est intéressante, dénuée d’objets et de constructions. Le seul décor ? De grandes silhouettes cartonnées représentant des immeubles, donnant vie, scène après scène, à une rue, un salon de coiffure, une chambre, un musée… Des assistants, vêtus de chapeaux et manteaux noirs, viennent ainsi entre chaque histoire déplacer les silhouettes et créer un nouvel espace de jeu.

Les costumes, bien sûr, ont un rôle important. Ils informent aussitôt sur le personnage : cet homme, si mal fagoté, a l’air bien moins malin que son frère, portant une veste de velours ; cette jeune fille en pyjama est bien sûr une ado bêtasse, qui se transforme en épouse révoltée dans sa petite robe à la scène suivante. Enfin, n’oublions pas le talent des acteurs, qui incarnent, au sens propre du mot, le texte de l’auteur. Ils paraissent si naturels, sont si drôles, si vrais… Chapeau bas à Annie Gregorio, qui habille la langue française d’un délicieux accent du sud, mais aussi à Philippe Magnan et Marcel Philippot (vous le connaissez, c’est le client mécontent de la MAAF).

Même si j’ai été un peu déçue par certains sketches (notamment le tout dernier, plus philosophique qu’amusant), j’ai globalement beaucoup ri devant "Théâtre sans animaux". La tendresse y côtoyait l’humour, et ce tandem était, je dois le dire, parfait.

Un bémol, tout de même : les lycéens assis derrière nous, qui n’ont jamais respecté les autres spectateurs, commentant à tout va les répliques et les costumes. Insupportable. Dommage !

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