Livres

Lady Hunt, Hélène Frappat

lady-huntPourquoi ce livre ?

J’ai reçu ce roman dans le cadre des matchs de la Rentrée Littéraire 2013 organisés par Price Minister-Rakuten. Le site permettait aux blogueurs de recevoir un livre et de le chroniquer. Première inscription pour moi !

De quoi ça parle ?

Laura, agent immobilier à Paris, est hantée par un rêve, celui d’une grande maison sombre perdue dans la brume. Obsédée par la maladie de Huntington qui a frappé son père quand elle était jeune, elle a peur de voir en ce rêve le premier symptôme de la maladie, qui provoque des troubles cognitifs et moteurs chez ceux qui en sont atteints. Laura va donc enquêter sur l’histoire de sa famille et la signification de ce rêve mystérieux.

Mon avis

Lady Hunt est un roman pour le moins troublant : on vacille sans cesse entre rêve et réalité, imaginaire et faits réels. L’auteur crée à chaque page une ambiance vaporeuse. Comme le personnage principal, on se sent sans cesse dans le brouillard, avançant à tâtons. Cette impression, d’abord aveuglante et désagréable, devient par la suite attirante : on aimerait aussi comprendre le rêve de Laura.

L’écriture d’Hélène Frappat y est aussi pour quelque chose : aérée et pleine de poésie, elle permet d’enchaîner les pages sans difficulté, parfois même sans comprendre ce que l’on lit. Les phrases sont mystérieuses, les voix résonnent au creux de Laura, les symboles affluent autour d’elle, dans les appartements qu’elle fait visiter, dans les personnes qu’elle rencontre. Ces phases un peu fantomatiques alternent avec des passages plus concrets, dans lesquels l’héroïne interroge sa mère ou passe du temps avec sa jeune sœur. Cela permet de souffler un peu et d’avancer dans le récit.

Lady Hunt est un livre si étrange qu’il est difficile de savoir si on l’a aimé ou pas : parfois mystérieux et opaque, parfois passionnant, il crée un sentiment contradictoire. Très bien conçu par l’auteur, le mystère ambiant crée une bulle autour du lecteur dès que celui-ci entame un chapitre. Cette sensation assez rare mérite d’être soulignée et permet, une fois le roman terminé, d’admettre que l’on a passé un bon moment.

La note attribuée : 15/20

Je remercie bien sûr Price Minister pour l’envoi de ce roman.

FRAPPAT Hélène, Lady Hunt, éditions Actes Sud, 2013, 318 pages

Livres

Ladivine, Marie NDiaye

la-divine-marie-ndiayePourquoi ce livre ?

Me voilà réinscrite au Prix de la Critique Littéraire de Puteaux ! L’année a démarré avec ce roman de Marie NDiaye, le voilà donc parmi nous, ici même.

De quoi ça parle ?

Ladivine est un portrait de deux femmes de la même famille : en premier lieu, celui de Malinka/Clarisse Rivière (qui a changé de nom) ; en second lieu, celui de sa fille nommée Ladivine. A travers leurs points de vue, on découvre aussi la mère de Malinka, qui porte le même nom que sa petite fille. Ladivine, donc. Plutôt que suivre leurs péripéties, on assiste à leurs états d’âme et leurs réflexions à travers les années.

Mon avis

En débutant cette lecture, j’ai cru à une blague. Une introduction, un simple chapitre un peu différent du reste du livre, une sorte de préface pour tester le lecteur. L’écriture, lourde et complexe, m’a tout de suite effrayée ! J’ai prié pour que quelques pages plus loin, les choses changent. Que d’un coup, il se passe quelque chose. EN VAIN.

Marie NDiaye réussit la prouesse de tenir ce style littéraire durant TOUT le livre. C’est selon moi la démonstration parfaite de l’expression “parler pour ne rien dire”. Concrètement, si l’on résumait tout le roman, on parviendrait à le faire en une page. L’action est tellement inexistante qu’on manque de s’endormir à chaque paragraphe. Mieux encore : les phrases à rallonge qui effleurent la longueur d’une page ENTIERE ne sont pas si rares que cela.

Je suis vraiment scandalisée par ce bouquin ! C’est, avec Quand Eve raconte la terre du bon Dieu à Adam de Malateste, le roman le plus ennuyeux que j’ai lu de ma vie ! Qu’il ne se passe rien ou presque, passe encore. Mais on ne s’attache même pas aux personnages ! Malinka/Clarisse Rivière est fade à souhait. Elle cache l’existence de sa mère à son mari et sa fille mais on ne comprend pas pourquoi. Elle l’adore, elle la déteste, on ne sait pas très bien. Quant à Ladivine (la fille), qui vit en retrait de sa petite famille, on a aussi envie de la secouer en lui disant : “AGIS !”. La seule façon qu’elle aura d’agir, je peux vous le dire car vous ne lirez pas ce roman, c’est qu’elle disparaît. Ok, super, bravo ma fille, on aimerait des explications.

Ce roman, vendu 21,50 € par le prestigieux Gallimard, est une véritable arnaque. Pour autant d’argent, vous pouvez vous offrir plusieurs poches bien plus passionnants et fantastiques. Et même si comme moi, on vous le donne, ne perdez pas de temps à le lire, il y a bien d’autres choses à découvrir.

NDIAYE Marie, Ladivine, éditions Gallimard, 2013, 403 pages

Livres

Dewey, Vicki Myron

dewey-vickimyronPourquoi ce livre ?

Il me semble que j’ai découvert l’existence de ce livre l’année dernière, sur un ou plusieurs blogs littéraires (j’ai malheureusement oublié lesquels, si vous vous reconnaissez, faites-moi signe !). L’histoire de ce chat de bibliothèque a suffit à me donner envie de l’acheter, ce que j’ai fait avec ma première paie de vrai job (c’était avant, si vous suivez bien).

De quoi ça parle ?

Dewey n’est pas un roman : c’est le récit d’une bibliothécaire américaine, prénommée Vicki Myron. Elle raconte l’histoire de Dewey, donc, un chat de gouttière roux arrivé par hasard dans sa bibliothèque de l’Iowa. Comment est-il arrivé là ? Quel fut son rôle dans cet espace à première vue inadapté à un animal ? Comment et pourquoi est-il devenu célèbre ? Quels liens a-t-il tissé avec le personnel et les lecteurs ? Une biographie de chat, en quelque sorte.

Mon avis

Dewey est un de ces livres qui donnent du baume au cœur et le sourire aux lèvres. Au-delà même des pages, ce chat hors-norme parvient à toucher le lecteur, à le faire rire, à le réconforter. Arrivé tout petit et transi de froid dans la bibliothèque de Spencer, il grandit et apprend à vivre entouré de livres et de gens différents. Les adultes, comme les enfants, le bichonnent, prennent de ses nouvelles, s’inquiètent de son absence… Très vite, il se fait une place et devient même une attraction locale et touristique : il amuse la galerie mais console aussi les plus malheureux, câline les enfants craintifs, apaise les adultes inquiets.vicki-myron-dewey-library-cat

L’auteur décrit très bien cet engouement suscité par l’animal : la ville de Spencer, où Dewey a vécu, s’est d’une certaine manière développée grâce à ce chat. Il a attiré des médias de toute l’Amérique mais aussi du Japon ! Incroyable mais vrai. On est donc sans cesse étonné par le récit de Vicki Myron et l’on a nous aussi envie de rencontrer Dewey.

A travers l’histoire du chat, l’auteur donne aussi à voir le métier de bibliothécaire, ainsi que sa vie personnelle : en quoi Dewey a été important dans sa vie ? Comment est-elle devenue bibliothécaire ? Comment Dewey lui a permis de renouer les liens avec sa fille ? L’alternance des chapitres sur Dewey et sur Vicki Myron donne de la consistance au récit et permet d’en savoir plus sur l’auteur et sa région, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Dewey est donc un excellent livre-doudou, qui donne aussitôt envie d’embrasser son chat (ou son animal) et de l’admirer. Difficile aussi de résister à la tentation d’aller chercher des photos de Dewey sur internet, pour mettre un “visage” sur l’animal que l’on a découvert, constater ses magnifiques poils roux et ses poses artistiques au milieu des livres. A lire en cas de coup dur !

MYRON Vicki, avec la collaboration de Bret Witter, Dewey, éditions Pocket, 2013 (2008 pour l’édition originale), traduit par Bérengère Viennot, 315 pages

Livres

La trilogie des Neshov, Anne B. Ragde

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Pourquoi ces livres ?

Juste avant la fin de l’été, mon père m’a passé ces trois livres en me les conseillant vivement. Moi qui justement n’avais qu’une vingtaine de romans en attente dans mon studio (humhum) me suis empressée de les ranger dans ma valise… et d’en attaquer la lecture dès fin septembre.

De quoi ça parle ?

Ce que j’appelle la Trilogie des Neshov est une saga familiale. L’histoire commence en Norvège, dans une ferme perdue en pleine cambrousse et en très mauvais état. Là vit Tor, un éleveur de porcs cinquantenaire, en compagnie de son père, dépendant et inerte, et sa mère, Anna. Victime d’un AVC, la vieille meurt rapidement. Son décès va rassembler la famille Neshov, jusqu’alors éclatée. Le premier fils, Margido, croque-morts dans la région, refait son apparition à la ferme. Erlend, citadin riche exilé au Danemark et benjamin de la fratrie, vient enterrer sa mère qui pourtant n’acceptait pas son homosexualité. Enfin, Toruun, la petite-fille trentenaire, décide de rencontrer cette famille inconnue. Ces rencontres vont aboutir à de multiples révélations et rebondissements, qui vont tour à tour rassembler et détruire la famille Neshov, au détriment de chaque personnage.

Mon avis

Pour une première saga familiale, je dois dire que j’ai été enchantée par cette trilogie du grand Nord ! D’abord grâce à l’ambiance créée par l’auteur : on sent le froid de Noël entourer la vieille ferme délabrée, la grange dans laquelle attendent les truies et porcelets et l’odeur âcre qu’ils dégagent, l’euphorie dans les rues de Copenhague contrastant avec le silence de la campagne norvégienne…

Les personnages, aussi, sont attachants : tous souffrent d’une blessure secrète, lié à la solitude, à l’abandon, à l’incompréhension du monde. Tor, aux petits soins pour ses cochons, est particulièrement touchant. Erlend, amoureux transi de son Krumme au ventre rebondi, est sans doute le plus drôle ! On a envie de l’avoir comme oncle ou voisin. Chacun, à sa façon, a quelque chose à raconter, à révéler.

Enfin, l’histoire et la façon dont elle est racontée font tourner les pages à vitesse grand V. Les chapitres, chacun dédié à un personnage et son point de vue, défilent les uns après les autres. Très vite, on entame le deuxième tome, puis l’on reste surpris par sa fin qui n’appelle qu’à une chose : terminer la saga en lisant le tome 3.

La Trilogie des Neshov est donc une formidable saga hivernale : peu joyeuse mais parfaitement rythmée et ficelée, l’histoire de cette famille se lit avant tout sous la couette. S’il neige dehors, je crois que c’est encore mieux !

RAGDE Anne B., La terre des mensonges, La ferme des Neshov, L’héritage impossible, éditions 10/18, 2011, 2011, 2012, 351 pages, 350 pages, 333 pages

Livres

Le singe de Hartlepool, Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau

lesingedehartlepool-bdPourquoi cette BD ?

Le singe de Hartlepool trônait parmi les nouveautés BD de ma médiathèque. Intriguée par la couverture et par le dessin somme toute assez joli et original, j’ai décidé de l’emprunter. Une nouvelle session de lecture de bande-dessinée se dessinait à l’horizon !

De quoi ça parle ?

En 1814, un navire de la flotte napoléonienne s’échoue au large d’Hartlepool, un petit village du Royaume-Uni. Parmi les débris, les villageois découvrent un survivant : il s’agit du singe du navire, vêtu de l’uniforme français, dont le rôle était d’amuser la galerie. Les Anglais, qui détestent les Français et n’ont jamais vu de singe, n’ont alors qu’un seul but : se débarrasser de ce sale Français survivant.

Mon avis

Inspirée d’une légende d’Hartlepool, un véritable village anglo-saxon, l’histoire de ce singe a de quoi décontenancer. D’abord humoristique, elle prend lentement des couleurs plus sombres. Aveuglés par la haine, l’ignorance et le nationalisme, les villageois anglais ne verront jamais que ce survivant n’est qu’un singe. Cette aberration interroge vraiment à la lecture : jusqu’à quel point l’homme est-il capable d’aller lorsqu’il est motivé par la haine ? La bêtise peut-elle à ce point dominer ? Il est clair qu’au fur et à mesure, on se demande si cela a effectivement eu lieu. Impossible de savoir quelle est la part de vérité dans cette légende. Malgré cela, elle reste encore bien ancrée en Grande-Bretagne puisque les habitants de Hartlepool, encore aujourd’hui en 2013, sont surnommés “les pendeurs de singe” (monkey hangers).

Les dessins aux couleurs pastel et aux traits parfois doux, parfois agressifs, ne sont pas déplaisants. Ils illustrent très bien l’ambiance grise et pluvieuse de ce village, la violente tempête, la colère et la hargne des habitants, l’incompréhension de ce singe au regard doux et triste.

Loin d’être amusante, cette bande-dessinée originale a le mérite de faire connaître une légende inconnue par ici, en pointant du doigt la bêtise et la cruauté humaine. A découvrir !

LUPANO Wilfrid & MOREAU Jérémie, Le singe de Hartlepool, éditions Delcourt, 2013, 94 pages

Livres

Une place à prendre, J. K. Rowling

UnePlaceAPrendre-RowlingPourquoi ce livre ?

Je l’ai reçu en cadeau d’anniversaire, après lui avoir fait les yeux doux. Il faut dire que J. K. Rowling a bercé mon adolescence avec la série des Harry Potter, et j’avais hâte de découvrir ce qu’elle avait concocté de nouveau.

De quoi ça parle ?

L’histoire commence avec la mort de Barry Fairbrother, un notable de la petite ville de Pagford. Son siège au Conseil est désormais à prendre… Les guéguerres politiques, les ragots et les humiliations vont alors bon train. Débute un portrait noir et précis d’une commune tranquille, en apparence seulement.

Mon avis

J. K. Rowling prouve, avec cette nouvelle histoire bien éloignée du monde fantastique d’Harry Potter, qu’elle a un talent d’écrivain. Elle sait inventer et raconter, c’est indéniable. Dès les premiers chapitres, on sent que l’auteur a imaginé la ville de Pagford dans les moindres détails : elle décrit les rues et l’agencement des maisons et des quartiers comme si une maquette se trouvait sous ses yeux. Les différentes familles sont elles aussi très travaillées : chaque personnage a un passé propre, un secret, une histoire à nous raconter. Ils n’incarnent ni le bien ni le mal. Ce sont avant tout des humains, avec leurs qualités et leurs travers. Bien que difficile à suivre dans les 200 premières pages (il m’a fallu faire un organigramme pour savoir qui était lié à qui), cette profusion de détails et d’éléments permet au lecteur d’immédiatement s’attacher aux personnages.

Une fois que le petit monde de Pagford est entièrement dessiné, Rowling se lance dans plusieurs intrigues. Une intrigue politique, d’abord, rythmée par les messages anonymes postés sur Internet qui accuse à tour de rôle tous les candidats de tel ou tel méfait ; une intrigue sociale ensuite, qui dresse le portrait d’individus en proie à la prostitution, au viol, à la drogue, à l’isolement, au mal-être. Ce méli-mélo, qui nous permet de suivre les destins de chaque personnage, passionne et happe le lecteur. On se sent concerné : on aimerait venir en aide à Sukhvinder, bouc-émissaire du lycée ; soutenir Krystal, jeune fille violente prête à tout pour échapper à sa famille ; épauler Samantha, mère de famille au bord de la crise de nerfs.

J’ai donc été conquise par ce pavé de 680 pages. On y retrouve l’écriture précise et le ton sarcastique de Rowling. La fin, surprenante et terrible, conclut parfaitement le récit. Une très belle lecture que je ne voulais pas quitter, en somme !

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Organigramme des personnages d’Une place à prendre – incomplet

ROWLING J. K., Une place à prendre, éditions Grasset, 2012, traduit par Pierre Demarty, 680 pages

Livres

L’alchimiste, Paulo Coelho

lalchimiste-coelhoPourquoi ce livre ?

Je ne sais plus quand ni par qui j’avais entendu parler de ce roman sur Twitter, qui semblait apaisant et passionnant. Je me le suis donc offert il y a quelques mois mais n’ai commencé sa lecture que la semaine dernière.

De quoi ça parle ?

L’alchimiste raconte l’histoire de Santiago, un jeune berger espagnol. Un jour, il rencontre dans un petit village un vieux monsieur très étrange et lui raconte un de ses rêves, dans lequel il trouve un fabuleux trésor au pied des Pyramides d’Egypte. Le vieux le pousse alors à partir à la recherche de ce trésor. C’est ainsi que Santiago prend la mer, arrive au Maroc, et débute ainsi son aventure.

Mon avis

L’alchimiste n’est pas vraiment un roman. C’est un texte philosophique et initiatique qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre. On risquerait sinon de prendre l’auteur pour un fou adepte des substances illicites, notamment lorsqu’il fait converser le héros avec le Vent, le Soleil et Dieu lui-même. Une fois que l’on a compris cela, on peut se plonger sans problème dans cet univers épuré.

Santiago n’est qu’en fait qu’un élève, un disciple. Il suit les conseils du vieux rencontré au début du roman, et se laisse porter par ce qui l’entoure. Il se fait piéger par un voleur ? C’était écrit. Il aide un marchand de cristaux durant un an ? Que ce soit ainsi. Le trésor attendra. De cette manière, les rencontres et les choix qu’il fait orientent son destin.

Tous ces petits évènements, qu’il appelle signes, le mènent à l’Alchimiste, donc. Loin d’être un personnage clef de ce livre (comme le sous-entend le titre), ce dernier n’est qu’une rencontre de plus (selon moi). C’est celui qui aidera Santiago à trouver ce qu’il cherche, en lui apprenant à faire confiance au reste du monde, aux éléments terrestres et au destin.

Pas de suspense fou furieux, de rebondissements haletants ou d’évènements transcendants dans ce roman, donc. Il s’agit plutôt d’un conte philosophique, qui fait réfléchir le lecteur sur ce que l’on veut vraiment, sur les façons d’atteindre son but, sur sa véritable destinée. Une façon de réveiller la part de rêve qui vit en chacun de nous. A lire !

COELHO Paulo, L’alchimiste, éditions J’ai Lu,  2010 (1994 pour la première publication française, 1988 pour l’originale), traduit du portugais par Jean Orecchioni, 191 pages

Livres

La planète des singes, Pierre Boulle

laplanetedessinges-pierreboullePourquoi ce livre ?

Ce classique de science-fiction ayant inspiré de nombreux films, je me devais de le découvrir. Il y a quelques mois, je me le suis donc offert, tout simplement !

De quoi ça parle ?

L’histoire se passe en 2500. Trois hommes embarquent dans un vaisseau spatial dans le but d’atteindre l’étoile Bételgeuse, autour de laquelle gravite une planète étonnamment ressemblante à la Terre. Ils la baptisent Soror et s’y posent, afin de l’explorer. Quelle n’est pas leur surprise lorsqu’ils découvrent qu’ici, les hommes ne sont que des animaux sauvages et les singes des êtres intelligents. Les premiers obéissent et servent aux expériences scientifiques des seconds. Dans ces conditions, difficile d’être crédible aux yeux des singes lorsque l’on est un humain…

Mon avis

Ce roman culte, écrit en 1963 par l’écrivain français Pierre Boulle, m’a immédiatement semblé en avance sur son temps. L’écriture moderne, les expressions et termes utilisés n’ont rien de vieillot. Le livre pourrait faire partie de la rentrée littéraire 2013 que l’on n’y verrait que du feu. Le thème abordé, ensuite. Une planète dirigée par les singes, sur laquelle sont asservis les humains quand ils ne se cachent pas dans la forêt, voilà une idée géniale qui provoque toute sorte de questionnements : d’abord, cela est-il possible ? Comment cela peut arriver ? L’homme tout-puissant pourra-t-il un jour revenir à l’état sauvage ? La nature aura-t-elle raison de lui ?

affiche_planetesingesoriginesIntelligent et facile à lire, ce superbe roman fait naître chez le lecteur plusieurs sentiments : la curiosité, mais aussi la crainte et puis l’effroi. Comme Ulysse Mérou, le personnage principal qui s’exprime à la première personne, on a d’abord du mal à y croire. Les hommes nus, en cage, poussant des cris craintifs ? Les chimpanzés, érudits, aux côtés des orangs-outans et autres gorilles, dictant leurs lois, fondant des familles ? Mais que se passe-t-il !? Une fois l’idée acceptée, une nouvelle question apparaît : comment le héros va-t-il s’échapper de cette planète ? Va-t-il réussir à démontrer que lui n’est pas sauvage comme les autres humains, qu’il sait réfléchir, parler, fabriquer, penser ?

Amateurs de science-fiction, lecteurs curieux, cinéphiles avertis, ce petit livre aux chapitres courts est fait pour vous ! Je l’avoue, c’est pour moi un coup de cœur – ça y est, l’expression est lâchée. Cette idée simple, qui est d’inverser les hommes et les singes, m’a fascinée du début à la fin. Le dernier chapitre, d’ailleurs, apparaît comme un feu d’artifice.

Il me reste un vague souvenir de l’adaptation cinématographique de 1967, avec Charlton Heston. Et je n’ai jamais vu celle de Tim Burton. En revanche, j’ai beaucoup aimé le film le plus récent avec James Franco, intitulé “La planète des singes – Les origines”, expliquant comment le singe pourrait petit à petit prendre l’ascendant sur l’homme. Je crois d’ailleurs que c’est ce film qui m’a donné envie de lire le roman d’origine. Je vous le conseille aussi, une fois que vous aurez lu le roman !

BOULLE Pierre, La planète des singes, éditions Pocket Jeunesse, 2004 (1963 pour la version originale), 224 pages

Livres

Le livre sans nom, Anonyme

lelivresansnomPourquoi ce livre ?

Le titre et la quatrième de couverture m’ayant interpellée, je me suis fait un plaisir de me l’offrir il y a quelques mois.

De quoi ça parle ?

Le résumé laisse entendre qu’un serial killer assassine tous ceux qui ont le malheur de lire le livre sans nom, un livre énigmatique, sans nom et sans auteur. Ayant maintenant lu ce roman intégralement, je préfère vous prévenir : le livre sans nom a finalement assez peu d’importance dans ce récit. L’histoire se déroule à Santa Mondega, une ville d’Amérique du Sud où sont réunis des malfaiteurs, bandits et tueurs en tout genre. Tous n’ont qu’une obsession : détenir l’Œil de la Lune, une pierre bleue aux propriétés magiques qui rendrait immortel. Le bijou va alors passer de main en main…

Mon avis

Le livre sans nom porte mal son nom. Il aurait du s’appeler “L’Œil de la Lune”, car c’est avant tout de ce bijou de grande valeur dont il s’agit. Tous les personnages se l’arrachent : le tueur à gages Jefe souhaite le vendre à prix d’or, les moines d’Hubal ont pour mission de le ramener sur leur île, le bandit El Santino en a besoin pour délivrer les forces du mal… Par un concours de circonstances, c’est en fait Dante et Kacy, un petit couple sans histoires, qui parviennent à le récupérer.

Difficile de raconter l’histoire de ce roman sans faire de révélations. Les péripéties sont nombreuses et surviennent à chaque chapitre. On suit parallèlement une bonne dizaine de personnages, qui se croisent, se défient ou s’ignorent, mais ont tous un lien avec la fameuse pierre bleue. Les uns la recherchent, les autres la fuient, d’autres encore enquêtent… Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il est facile de démêler tous ces points de vue, car l’écriture est parfaitement maîtrisée.

Le style cinématographique facilite cette lecture facile : à la manière d’un film de Tarantino, les gestes sont précisément décrits, l’humour est omniprésent, les dialogues vont à l’essentiel et les massacres sont digne de ce nom. Malgré cela, le mystère demeure jusqu’aux derniers chapitres. Et quelles révélations ! L’auteur anonyme sait donc quelles ficelles tirer et à quel moment.

Malgré tout cela, Le livre sans nom est resté quelques temps sur ma table de nuit. Manquait-il un peu de suspense pour que j’ai plus souvent envie de le lire ? Ou était-ce dû aux vacances, période de vadrouille étonnamment non-propice à de longues lectures ? Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas traîner ce roman sur plusieurs semaines. Terminer les 150 dernières pages d’une traite fut bien plus agréable que lire le reste du livre petit à petit, chapitre par chapitre.

Loin d’être sérieux, ce polar rock ’n roll (comme le dit la quatrième) fait la part belle à l’humour noir. A la fois roman policier, récit fantastique et scénario de cinéma, Le livre sans nom ravira les lecteurs en quête d’une histoire originale !

Informations complémentaires

Haan ! Alors que je m’apprête à publier cette chronique, j’apprends que Le livre sans nom est le premier tome d’une série de 4 romans et, devinez quoi,  le deuxième s’appelle L’Œil de la Lune. Plus d’infos par ici.

Autre info : les droits cinématographiques du premier tome ont été achetés en 2010. On verra donc bientôt ce roman adapté sur nos écrans !

Anonyme, Le livre sans nom, éditions Le Livre de Poche, 2011 (2010 aux éditions Sonatine), traduit par Diniz Galhos, 509 pages

Livres

Immortelle randonnée – Compostelle malgré moi, Jean-Christophe Rufin

immortelle-randonnée-rufinPourquoi ce livre ?

Feuilleté au petit-déjeuner chez mes parents, je me laisse porter par le début du récit de Jean-Christophe Rufin. Quelques semaines plus tard, mon père me le prête : je me plonge alors avec plaisir dans cette lecture.

De quoi ça parle ?

Jean-Christophe Rufin, académicien et auteur de romans et essais, a entrepris une longue randonnée de 800 kilomètres, sur le Chemin menant jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Il raconte dans cet ouvrage ce voyage effectué en solitaire, le long des côtes basques et espagnoles.

Mon avis

J’aime de plus en plus lire des récits de voyage. Ils appellent au rêve, à la liberté et ont chez moi un effet bienfaiteur. Cette fois encore, je suis conquise par ce témoignage. Jean-Christophe Rufin raconte toutes les étapes de son voyage : la préparation ; l’obtention de credencial, un papier précieux pour le pèlerin, qui sera tamponné à chaque étape ; le départ, plein d’entrain ; l’étape décisive, celle où l’onhebdo.ch-Compostelle_Rufin hésite à abandonner tant la douleur et la fatigue prennent le dessus ; le moment où l’on se sent tout simplement bien ; celle où l’on a la foi ; l’arrivée, presque décevante à cause des milliers de touristes qui envahissent les rues de Saint-Jacques…

Le récit n’est pas pompeux. Il est écrit par un débutant, un homme qui découvre au jour le jour ce que veut dire entreprendre le Chemin. Pour cette raison, on se sent proche de Rufin, qui n’officie pas en tant qu’académicien dans ce récit. Il reste humble, révèle ses moments de doute et de faiblesse, raconte les rencontres impromptues effectuées en chemin à la manière d’un promeneur lambda.

On vit finalement avec lui cette aventure humaine. Cette proximité avec le lecteur rend la lecture fluide et agréable ! Par moments, on rêve secrètement de voyager à notre tour. Finalement, l’arrivée à Compostelle déçoit. Le tableau dressé par l’auteur est loin d’être fantastique : touristes envahissants, foules, boutiques de souvenirs en toc, l’effort entrepris par les “vrais” pèlerins semble réduit à néant. Il faudrait sans doute mettre ces courageux marcheurs en avant, au lieu de les faire disparaître dans la masse. Finalement, le point d’arrivée n’est qu’un prétexte : c’est le parcours, le Chemin, qui vaut le coup. A lire absolument si vous aimez les récits de voyage !

RUFIN Jean-Christophe, Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi, éditions Guérin, 2013, 259 pages