Livres

Je ne suis pas un serial killer, Dan Wells

je-ne-suis-pas-un-serial-killerPourquoi ce livre ?

D’abord parce que la couverture épurée et sadique me semblait prometteuse ; ensuite parce que le titre est en tous points parfait à mon goût. Cela m’a suffit !

De quoi ça parle ?

John Wayne Cleaver est un adolescent âgé de 15 ans qui a la particularité d’être sociopathe : il ne ressent aucune empathie et a des pulsions meurtrières qu’il réfrène depuis toujours en s’imposant des règles strictes (ne suivre personne, dire un compliment quand il a envie de tuer…). Mais il n’est pas aidé par sa famille, qui travaille au funérarium, ni par les événements obscurs qui ont lieu dans la ville : un meurtrier éventreur sévit dans les rues de Clayton County. Il semblerait que John soit le mieux placé pour arrêter ce monstre sanguinaire…

Mon avis

Je ne suis pas un serial killer n’est pas un thriller classique : d’abord, il n’est pas effrayant. En revanche, il est drôle et léger ! Pas de prise de tête au rendez-vous, mais un vrai plaisir de lecture. On s’amuse de suivre les réflexions tordues du jeune John, particulièrement brillant. Puisqu’il est le narrateur, on comprend chacun de ses actes et l’on serait prêt à le défendre corps et âme. Comme l’a signalé le magazine Elle, c’est un peu Dexter, ce John !

Ensuite, ce thriller n’est pas classique parce qu’il n’est pas réaliste : ce n’est pas une histoire qui vous rendra paranoïaque. Le fantastique surgit lors d’un chapitre et j’en fus la première surprise. Bien qu’un peu tirée par les cheveux, l’explication de l’auteur tient la route justement parce qu’il la défend tout le long du livre et finalement, on se laisse porter avec plaisir.

Enfin, le parti pris par Dan Wells, qui est de mettre un ado en avant, luttant contre un serial killer, est un point de vue très original, qui détourne complètement le schéma classique du thriller. Le tueur n’est d’ailleurs pas non plus un psychopathe malade mental comme c’est souvent le cas. Il y a une explication “logique” à ses actes, très culottée certes, mais courageuse.

Ce court roman farfelu est donc un thriller parodique écrit sans fioritures, plein d’humour et de fantaisie. Très simple à la lecture, il n’en demeure pas moins amusant et attrayant. On passe un bon moment, c’est cela qui compte !

Infos complémentaires

L’histoire de Je ne suis pas un serial killer se poursuit dans Mr Monster (sorti en 2012 chez Sonatine) puis dans Nobody (sorti en juin 2013 chez Sonatine également).

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WELLS Dan, Je ne suis pas un serial killer, Editions Pocket, 2013 (première édition française chez Sonatine en 2011), traduit par Elodie Leplat, 310 pages

Livres

Le roman du mariage, Jeffrey Eugenides

Jeffrey-Eugenides-Le-roman-du-mariagePourquoi ce livre ?

Il s’agit de la deuxième lecture imposée par le Prix de la Critique Littéraire de Puteaux.

De quoi ça parle ?

Le roman du mariage est une plongée dans les années 80 aux Etats-Unis, sur le campus de l’université de Brown. On y découvre trois étudiants : Madeleine, littéraire passionnée par Jane Austen ; Leonard, scientifique maniaco-dépressif ; et Mitchell, futur-théologien. Un triangle amoureux qui va accompagner leur passage à l’âge adulte.

Mon avis

Le roman du mariage a une faiblesse : il parvient difficilement à décoller. Lourdes de citations, de noms d’auteurs étudiés à l’université ou de professeurs émérites donnant des cours aux trois héros de l’histoire, les cent premières pages dressent un tableau plutôt figé du campus de Brown. Le choix de l’auteur, qui est de ne pas s’attarder au présent et de revenir sans cesse sur le passé des personnages, déroute au début. On aimerait que l’histoire se déroule à un rythme plus soutenu.

Pourtant, vient un moment où l’on s’attache à Madeleine et à ses deux soupirants, Mitchell et Leonard. Tous trois s’acharnent à devenir adultes, en concrétisant chacun des projets de vie. Ainsi, tout en luttant contre la psychose maniaco-dépressive qui le ronge, Leonard essaye tant bien que mal de se réaliser dans un laboratoire et dans les bras de Madeleine. Mitchell, fuyant celle qu’il aime, décide de parcourir l’Europe puis l’Inde, sans toutefois l’oublier. Madeleine, elle, devient la béquille aimante de Leonard. Ce triangle amoureux complique évidemment leurs progressions. Le doute est toujours présent dans leurs esprits : ont-ils fait les bons choix ? Que seraient-ils avec ou sans l’autre ? On se sent donc parfaitement impliqué dans l’histoire, en suivant l’évolution des trois héros.

Les Etats-Unis des années 80 ainsi que les campus américains et les idéaux de la jeunesse sont bien retranscrits dans ce roman. C’est une véritable plongée dans le passé que nous propose l’auteur, en décrivant brillamment l’ambiance des villes américaines. Cinématographique, Le roman du mariage est aussi très bien écrit. Parfaitement construit et détaillé, le style de Jeffrey Eugenides rend la lecture agréable et fluide. Même si elles sont parfois envahissantes, les nombreuses références à la littérature, à la médecine ou à la religion qui peuplent le livre donnent une crédibilité au récit et aux personnages. On a la sensation d’apprendre, tout en ayant plaisir à lire. Un duo gagnant qui permet de parcourir les 550 pages du roman sans jamais éprouver de regret ou d’amertume : oui, on a bien fait de se lancer dans ce pavé qui ne démarrait pas si bien que cela.

EUGENIDES Jeffrey, Le roman du mariage, éditions de l’Olivier, 2013, traduit par Olivier Deparis, 552 pages

Livres

La dernière fugitive, Tracy Chevalier

la-derniere-fugitive-tchevalierPourquoi ce livre ?

Rappelez-vous : en mars dernier, je vous présentais mes auteurs préférés dont fait partie Tracy Chevalier. Son roman The last runaway étant enfin sorti en français, je me suis empressée de me l’offrir. Logique !

De quoi ça parle ?

L’histoire se passe au milieu du 19e siècle. Honor Bright, jeune quaker britannique [pour les incultes comme moi : « quaker” = membre d’un groupement religieux de tradition protestante, dit « Société des Amis », selon le Larousse en ligne] passionnée par la création de patchwork, prend le large pour accompagner sa sœur Grace en Amérique, là où l’attend son fiancé. A peine arrivées, Grace succombe à la fièvre jaune. Honor se retrouve alors seule dans ce pays inconnu. Horrifiée par l’esclavagisme et la méchanceté qu’elle peut observer autour d’elle, elle va pourtant devoir apprendre à rester discrète si elle veut se faire une place dans la communauté des quakers… (Je vous le dis, c’est pas gagné.)

Mon avis

Encore une fois, Tracy Chevalier m’a fait passer un excellent moment de lecture ! Le contexte historique, assez peu connu, donne une dimension concrète à l’histoire. Ce n’est pas seulement celle d’une jeune fille qui prend son envol, c’est aussi un rappel des faits : oui, l’esclavagisme était plutôt bien accepté par les américains blancs, qui argumentaient en sa faveur pour des raisons économiques (HIC !). Oui, il a existé un “chemin de fer clandestin”, réseau secret de routes empruntées par les esclaves en fuite vers le Canada, alimenté par quelques “rebelles” prêts à les aider. Cet aspect historique est donc parfaitement intégré au récit et lui donne de la profondeur, un savant mélange qui passionne le lecteur autant que l’auteur.

Revenons à Honor, l’héroïne de l’histoire. Libre et déterminée, elle lutte (d’abord secrètement puis le visage découvert) pour ses convictions : c’est ce qui fait que dès le début, on ne peut que l’admirer. Fraîchement sortie du nid parental, cette passionnée de couture est tendre et fragile, discrète mais observatrice. Tout de suite, on veut devenir son amie ! Suivre ses péripéties au cœur de l’Amérique, ses joies, ses blessures et ses colères est donc un plaisir immense de lecture.

L’écriture de Tracy Chevalier est, quant à elle, très fluide. La lecture n’est jamais ennuyeuse notamment grâce au rythme de l’histoire. Les chapitres sont toujours construits de la même manière : on suit d’abord Honor et ses péripéties puis l’on termine chaque chapitre par une lettre de la jeune fille, adressée à ses proches. En alternance, ces deux types d’écriture allègent le récit et créent finalement une sorte de suspense : que va-t-elle écrire à ses parents après ce qu’il s’est passé ? Comment va-t-elle parler de tel événement à sa meilleure amie ?

Bref, vous l’avez compris, j’ai tout simplement adoré (et dévoré) La dernière fugitive ! Je n’ai jamais été déçue par Tracy Chevalier, alors si vous aimez un tant soit peu les héroïnes qui ne se laissent pas faire et les romans historiques, vous devriez vous lancer si ce n’est pas déjà fait ! Vivement le prochain !

CHEVALIER Tracy, La dernière fugitive, éditions La Table Ronde, collection Quai Voltaire, 2013, traduit par Anouk Neuhoff, 374 pages

the-last-runawayLa couverture originale n’est pas carrément plus jolie, quand même ?

Livres

Lady Hunt, Hélène Frappat

lady-huntPourquoi ce livre ?

J’ai reçu ce roman dans le cadre des matchs de la Rentrée Littéraire 2013 organisés par Price Minister-Rakuten. Le site permettait aux blogueurs de recevoir un livre et de le chroniquer. Première inscription pour moi !

De quoi ça parle ?

Laura, agent immobilier à Paris, est hantée par un rêve, celui d’une grande maison sombre perdue dans la brume. Obsédée par la maladie de Huntington qui a frappé son père quand elle était jeune, elle a peur de voir en ce rêve le premier symptôme de la maladie, qui provoque des troubles cognitifs et moteurs chez ceux qui en sont atteints. Laura va donc enquêter sur l’histoire de sa famille et la signification de ce rêve mystérieux.

Mon avis

Lady Hunt est un roman pour le moins troublant : on vacille sans cesse entre rêve et réalité, imaginaire et faits réels. L’auteur crée à chaque page une ambiance vaporeuse. Comme le personnage principal, on se sent sans cesse dans le brouillard, avançant à tâtons. Cette impression, d’abord aveuglante et désagréable, devient par la suite attirante : on aimerait aussi comprendre le rêve de Laura.

L’écriture d’Hélène Frappat y est aussi pour quelque chose : aérée et pleine de poésie, elle permet d’enchaîner les pages sans difficulté, parfois même sans comprendre ce que l’on lit. Les phrases sont mystérieuses, les voix résonnent au creux de Laura, les symboles affluent autour d’elle, dans les appartements qu’elle fait visiter, dans les personnes qu’elle rencontre. Ces phases un peu fantomatiques alternent avec des passages plus concrets, dans lesquels l’héroïne interroge sa mère ou passe du temps avec sa jeune sœur. Cela permet de souffler un peu et d’avancer dans le récit.

Lady Hunt est un livre si étrange qu’il est difficile de savoir si on l’a aimé ou pas : parfois mystérieux et opaque, parfois passionnant, il crée un sentiment contradictoire. Très bien conçu par l’auteur, le mystère ambiant crée une bulle autour du lecteur dès que celui-ci entame un chapitre. Cette sensation assez rare mérite d’être soulignée et permet, une fois le roman terminé, d’admettre que l’on a passé un bon moment.

La note attribuée : 15/20

Je remercie bien sûr Price Minister pour l’envoi de ce roman.

FRAPPAT Hélène, Lady Hunt, éditions Actes Sud, 2013, 318 pages

Blabla·Livres

Le droit de détester

Je revendique aujourd’hui le droit de détester une œuvre, quelle qu’elle soit. Pièce de théâtre, film, livre, peinture, peu importe. J’ai le sentiment qu’il est assez mal vu de dire du mal d’un travail artistique. Prenons l’exemple d’un roman. On part du principe qu’il a été réfléchi, qu’il est l’objet d’un travail de longue haleine pour l’auteur et que pour ça, tout simplement, le lecteur n’a pas le droit de le détester. L’aimer à la folie et l’adorer, bien évidemment. L’aimer comme ci comme ça, aucun problème. Le détester, non.

Franchement, je veux bien qu’il s’agisse d’un travail de longue haleine mais s’il n’a pas su captiver le lecteur et lui a même mené la vie dure pendant un moment, il ne mérite pas d’applaudissements. Cela n’empêche pas de reconnaître qu’il puisse plaire à d’autres personnes.

Je vous parle de ça aujourd’hui car j’ai publié récemment une chronique sur le dernier roman de Marie NDiaye. Elle est certes reconnue, considérée comme un grand écrivain, récompensée par un Goncourt. Problème : j’ai détesté ce livre. Je l’ai trouvé extrêmement compliqué, très pointu et pénible à la lecture. J’ai exprimé mon avis.

Ce livre faisant l’objet d’un Prix de la critique près de chez moi, j’ai déposé ma critique à la médiathèque. Une bibliothécaire m’a alors avoué que j’étais trop dure avec Marie NDiaye et que je devrais me remettre en question en tant que lectrice. Evidemment, je n’ai sans doute pas compris ce roman. Cela explique en grande partie que je le massacre à ce point. Mais ! Mais ! Mais ! Je considère qu’une lecture aussi complexe n’est pas supérieure à une autre plus simplement écrite, comme le laissait sous-entendre cette réaction. D’autres romans, plus agréables à lire, sont moins connus, leurs auteurs moins reconnus et ils provoquent un plaisir de lecture BIEN PLUS GRAND.

Revenons au droit de détester : je constate que les chroniqueurs de Ruquier dans “On n’est pas couchés” sont souvent critiqués sur Twitter quand ils disent du mal d’un livre. “Il est trop dur”, “C’est irrespectueux”… Non ! Dire du mal d’un livre n’est pas irrespectueux. De son auteur, oui. Mais son travail, son œuvre, ce qu’il vient vendre ce soir-là, peut tout à fait être considéré comme inintéressant, aberrant, pénible, insupportable. C’est le droit individuel des chroniqueurs d’avoir détesté ce livre.

Etes-vous d’accord avec moi ou avez-vous le sentiment que je suis complètement à côté de la plaque et que je ne comprends rien aux bons romans ? J’ai peur, faites-moi signe.

Livres

Ladivine, Marie NDiaye

la-divine-marie-ndiayePourquoi ce livre ?

Me voilà réinscrite au Prix de la Critique Littéraire de Puteaux ! L’année a démarré avec ce roman de Marie NDiaye, le voilà donc parmi nous, ici même.

De quoi ça parle ?

Ladivine est un portrait de deux femmes de la même famille : en premier lieu, celui de Malinka/Clarisse Rivière (qui a changé de nom) ; en second lieu, celui de sa fille nommée Ladivine. A travers leurs points de vue, on découvre aussi la mère de Malinka, qui porte le même nom que sa petite fille. Ladivine, donc. Plutôt que suivre leurs péripéties, on assiste à leurs états d’âme et leurs réflexions à travers les années.

Mon avis

En débutant cette lecture, j’ai cru à une blague. Une introduction, un simple chapitre un peu différent du reste du livre, une sorte de préface pour tester le lecteur. L’écriture, lourde et complexe, m’a tout de suite effrayée ! J’ai prié pour que quelques pages plus loin, les choses changent. Que d’un coup, il se passe quelque chose. EN VAIN.

Marie NDiaye réussit la prouesse de tenir ce style littéraire durant TOUT le livre. C’est selon moi la démonstration parfaite de l’expression “parler pour ne rien dire”. Concrètement, si l’on résumait tout le roman, on parviendrait à le faire en une page. L’action est tellement inexistante qu’on manque de s’endormir à chaque paragraphe. Mieux encore : les phrases à rallonge qui effleurent la longueur d’une page ENTIERE ne sont pas si rares que cela.

Je suis vraiment scandalisée par ce bouquin ! C’est, avec Quand Eve raconte la terre du bon Dieu à Adam de Malateste, le roman le plus ennuyeux que j’ai lu de ma vie ! Qu’il ne se passe rien ou presque, passe encore. Mais on ne s’attache même pas aux personnages ! Malinka/Clarisse Rivière est fade à souhait. Elle cache l’existence de sa mère à son mari et sa fille mais on ne comprend pas pourquoi. Elle l’adore, elle la déteste, on ne sait pas très bien. Quant à Ladivine (la fille), qui vit en retrait de sa petite famille, on a aussi envie de la secouer en lui disant : “AGIS !”. La seule façon qu’elle aura d’agir, je peux vous le dire car vous ne lirez pas ce roman, c’est qu’elle disparaît. Ok, super, bravo ma fille, on aimerait des explications.

Ce roman, vendu 21,50 € par le prestigieux Gallimard, est une véritable arnaque. Pour autant d’argent, vous pouvez vous offrir plusieurs poches bien plus passionnants et fantastiques. Et même si comme moi, on vous le donne, ne perdez pas de temps à le lire, il y a bien d’autres choses à découvrir.

NDIAYE Marie, Ladivine, éditions Gallimard, 2013, 403 pages

Livres

Dewey, Vicki Myron

dewey-vickimyronPourquoi ce livre ?

Il me semble que j’ai découvert l’existence de ce livre l’année dernière, sur un ou plusieurs blogs littéraires (j’ai malheureusement oublié lesquels, si vous vous reconnaissez, faites-moi signe !). L’histoire de ce chat de bibliothèque a suffit à me donner envie de l’acheter, ce que j’ai fait avec ma première paie de vrai job (c’était avant, si vous suivez bien).

De quoi ça parle ?

Dewey n’est pas un roman : c’est le récit d’une bibliothécaire américaine, prénommée Vicki Myron. Elle raconte l’histoire de Dewey, donc, un chat de gouttière roux arrivé par hasard dans sa bibliothèque de l’Iowa. Comment est-il arrivé là ? Quel fut son rôle dans cet espace à première vue inadapté à un animal ? Comment et pourquoi est-il devenu célèbre ? Quels liens a-t-il tissé avec le personnel et les lecteurs ? Une biographie de chat, en quelque sorte.

Mon avis

Dewey est un de ces livres qui donnent du baume au cœur et le sourire aux lèvres. Au-delà même des pages, ce chat hors-norme parvient à toucher le lecteur, à le faire rire, à le réconforter. Arrivé tout petit et transi de froid dans la bibliothèque de Spencer, il grandit et apprend à vivre entouré de livres et de gens différents. Les adultes, comme les enfants, le bichonnent, prennent de ses nouvelles, s’inquiètent de son absence… Très vite, il se fait une place et devient même une attraction locale et touristique : il amuse la galerie mais console aussi les plus malheureux, câline les enfants craintifs, apaise les adultes inquiets.vicki-myron-dewey-library-cat

L’auteur décrit très bien cet engouement suscité par l’animal : la ville de Spencer, où Dewey a vécu, s’est d’une certaine manière développée grâce à ce chat. Il a attiré des médias de toute l’Amérique mais aussi du Japon ! Incroyable mais vrai. On est donc sans cesse étonné par le récit de Vicki Myron et l’on a nous aussi envie de rencontrer Dewey.

A travers l’histoire du chat, l’auteur donne aussi à voir le métier de bibliothécaire, ainsi que sa vie personnelle : en quoi Dewey a été important dans sa vie ? Comment est-elle devenue bibliothécaire ? Comment Dewey lui a permis de renouer les liens avec sa fille ? L’alternance des chapitres sur Dewey et sur Vicki Myron donne de la consistance au récit et permet d’en savoir plus sur l’auteur et sa région, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Dewey est donc un excellent livre-doudou, qui donne aussitôt envie d’embrasser son chat (ou son animal) et de l’admirer. Difficile aussi de résister à la tentation d’aller chercher des photos de Dewey sur internet, pour mettre un “visage” sur l’animal que l’on a découvert, constater ses magnifiques poils roux et ses poses artistiques au milieu des livres. A lire en cas de coup dur !

MYRON Vicki, avec la collaboration de Bret Witter, Dewey, éditions Pocket, 2013 (2008 pour l’édition originale), traduit par Bérengère Viennot, 315 pages

Livres

La trilogie des Neshov, Anne B. Ragde

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Pourquoi ces livres ?

Juste avant la fin de l’été, mon père m’a passé ces trois livres en me les conseillant vivement. Moi qui justement n’avais qu’une vingtaine de romans en attente dans mon studio (humhum) me suis empressée de les ranger dans ma valise… et d’en attaquer la lecture dès fin septembre.

De quoi ça parle ?

Ce que j’appelle la Trilogie des Neshov est une saga familiale. L’histoire commence en Norvège, dans une ferme perdue en pleine cambrousse et en très mauvais état. Là vit Tor, un éleveur de porcs cinquantenaire, en compagnie de son père, dépendant et inerte, et sa mère, Anna. Victime d’un AVC, la vieille meurt rapidement. Son décès va rassembler la famille Neshov, jusqu’alors éclatée. Le premier fils, Margido, croque-morts dans la région, refait son apparition à la ferme. Erlend, citadin riche exilé au Danemark et benjamin de la fratrie, vient enterrer sa mère qui pourtant n’acceptait pas son homosexualité. Enfin, Toruun, la petite-fille trentenaire, décide de rencontrer cette famille inconnue. Ces rencontres vont aboutir à de multiples révélations et rebondissements, qui vont tour à tour rassembler et détruire la famille Neshov, au détriment de chaque personnage.

Mon avis

Pour une première saga familiale, je dois dire que j’ai été enchantée par cette trilogie du grand Nord ! D’abord grâce à l’ambiance créée par l’auteur : on sent le froid de Noël entourer la vieille ferme délabrée, la grange dans laquelle attendent les truies et porcelets et l’odeur âcre qu’ils dégagent, l’euphorie dans les rues de Copenhague contrastant avec le silence de la campagne norvégienne…

Les personnages, aussi, sont attachants : tous souffrent d’une blessure secrète, lié à la solitude, à l’abandon, à l’incompréhension du monde. Tor, aux petits soins pour ses cochons, est particulièrement touchant. Erlend, amoureux transi de son Krumme au ventre rebondi, est sans doute le plus drôle ! On a envie de l’avoir comme oncle ou voisin. Chacun, à sa façon, a quelque chose à raconter, à révéler.

Enfin, l’histoire et la façon dont elle est racontée font tourner les pages à vitesse grand V. Les chapitres, chacun dédié à un personnage et son point de vue, défilent les uns après les autres. Très vite, on entame le deuxième tome, puis l’on reste surpris par sa fin qui n’appelle qu’à une chose : terminer la saga en lisant le tome 3.

La Trilogie des Neshov est donc une formidable saga hivernale : peu joyeuse mais parfaitement rythmée et ficelée, l’histoire de cette famille se lit avant tout sous la couette. S’il neige dehors, je crois que c’est encore mieux !

RAGDE Anne B., La terre des mensonges, La ferme des Neshov, L’héritage impossible, éditions 10/18, 2011, 2011, 2012, 351 pages, 350 pages, 333 pages

Livres

Le singe de Hartlepool, Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau

lesingedehartlepool-bdPourquoi cette BD ?

Le singe de Hartlepool trônait parmi les nouveautés BD de ma médiathèque. Intriguée par la couverture et par le dessin somme toute assez joli et original, j’ai décidé de l’emprunter. Une nouvelle session de lecture de bande-dessinée se dessinait à l’horizon !

De quoi ça parle ?

En 1814, un navire de la flotte napoléonienne s’échoue au large d’Hartlepool, un petit village du Royaume-Uni. Parmi les débris, les villageois découvrent un survivant : il s’agit du singe du navire, vêtu de l’uniforme français, dont le rôle était d’amuser la galerie. Les Anglais, qui détestent les Français et n’ont jamais vu de singe, n’ont alors qu’un seul but : se débarrasser de ce sale Français survivant.

Mon avis

Inspirée d’une légende d’Hartlepool, un véritable village anglo-saxon, l’histoire de ce singe a de quoi décontenancer. D’abord humoristique, elle prend lentement des couleurs plus sombres. Aveuglés par la haine, l’ignorance et le nationalisme, les villageois anglais ne verront jamais que ce survivant n’est qu’un singe. Cette aberration interroge vraiment à la lecture : jusqu’à quel point l’homme est-il capable d’aller lorsqu’il est motivé par la haine ? La bêtise peut-elle à ce point dominer ? Il est clair qu’au fur et à mesure, on se demande si cela a effectivement eu lieu. Impossible de savoir quelle est la part de vérité dans cette légende. Malgré cela, elle reste encore bien ancrée en Grande-Bretagne puisque les habitants de Hartlepool, encore aujourd’hui en 2013, sont surnommés “les pendeurs de singe” (monkey hangers).

Les dessins aux couleurs pastel et aux traits parfois doux, parfois agressifs, ne sont pas déplaisants. Ils illustrent très bien l’ambiance grise et pluvieuse de ce village, la violente tempête, la colère et la hargne des habitants, l’incompréhension de ce singe au regard doux et triste.

Loin d’être amusante, cette bande-dessinée originale a le mérite de faire connaître une légende inconnue par ici, en pointant du doigt la bêtise et la cruauté humaine. A découvrir !

LUPANO Wilfrid & MOREAU Jérémie, Le singe de Hartlepool, éditions Delcourt, 2013, 94 pages

Films

Alabama Monroe, un hymne à l’amour

alabama-monroe-affichePourquoi ce film ?

C’est avant tout le bouche-à-oreille qui m’a donné envie de découvrir “Alabama Monroe”, dernier film en date de Felix van Groeningen. En lisant des bons retours de blogueurs/cinéphiles, j’ai eu envie de découvrir ce qui se cachait derrière cette très jolie affiche. Rien à voir avec Marylin Monroe, comme je le pensais au début (*honte*) !

De quoi ça parle ?

L’histoire se passe en Belgique, aujourd’hui (je préfère préciser, car je m’attendais à un film de cowboys dans l’Ouest américain, je n’avais vraiment rien compris, moi !). Les personnages principaux ? Didier, chanteur de Bluegrass country, et Elise, tatoueuse tatouée. Ils se rencontrent, se plaisent et s’aiment. De cette union naît une petite fille, Maybelle. Tout semble parfait. Pourtant, à l’âge de six ans, l’enfant développe un cancer de la moelle épinière…

Mon avis

Depuis quelques jours, j’hésite à vous parler de ce film, mais finalement, je me rends compte qu’il m’a vraiment bouleversée et émue. J’y pense encore plusieurs jours après l’avoir vu au cinéma. C’est pourquoi je me dois de vous en parler ici. “Alabama Monroe” est avant tout une formidable histoire d’amour : les deux personnages principaux, incarnés par deux magnifiques acteurs (dès le début, j’en suis tombée amoureuse !), s’aiment à la folie. Ils vivent d’amour et d’eau fraîche, dans une caravane rafistolée en attendant que la ferme de Didier soit habitable. Les regards, caresses et sourires parlent d’eux-mêmes, on les sent heureux, on voudrait être eux !alabama-monroe-didier-elise

Puis le drame arrive : leur bonheur s’étiole lorsque leur enfant meure (ce n’est pas une révélation, vous le sentez dès le début du film). Comment vont-ils aborder cela ? Cet événement si triste bouleverse leur couple. Elise s’attache à tout ce qui lui rappelle sa fille, un oiseau, une photo, un bijou… Didier, lui, est révolté par le retard de la recherche scientifique sur les cellules souches (qui aurait pu sauver Maybelle), freinée par les “pro-life” catholiques. Alors que nous les comprenons tous deux, eux se déchirent. C’est infiniment triste et douloureux. On a envie de leur dire : “Aimez-vous ! Allez, tenez le coup ! Vous formez un couple parfait, vous allez y arriver !”… Je me sentais tellement concernée.

L’autre bon point de ce film incroyable, c’est la musique. Elle est omniprésente : déjà parce que Didier est musicien et chanteur, mais aussi parce qu’Elise rejoint son groupe et apporte une touche de douceur aux chansons de cowboys ; ensuite parce que la musique est belle, parfois douce et amoureuse, parfois festive, parfois tristounette. On a tellement envie de taper des mains ! Retenez-moiiii ! Enfin, parce que la musique est un personnage à elle seule. Elle parle à la place des personnages, exprime leurs sentiments, tente de les réunir. En rentrant chez moi après avoir quitté le cinéma, j’ai immédiatement acheté la musique du film, c’est vous dire à quel point elle m’a enchantée !

Bien sûr, “Alabama Monroe” est un film triste. On pleure, on renifle, on ne veut pas y croire. On en ressort même le moral à zéro, oui. Les yeux rouges et embués, les mouchoirs pliés dans le sac, tout ça. Malgré cela, c’est un BEAU film. L’image est belle, les personnages aussi, l’histoire semble si réelle, si vraie. C’est un petit bijou de cinéma, tout simplement.

N’y allez pas si vous avez le cœur lourd, mais retenez ce titre de film, et décidez, un jour, de passer 2h en compagnie de Didier et Elise. Ils vous transporteront. En attendant, vous pouvez toujours écouter cette belle chanson  :

Alabama Monroe – The boy who wouldn’t hoe corn – de KinoCheck