En voici un bien curieux livre ! Certes, selon le descriptif de l’ouvrage, je m’attendais à réfléchir à la notion d’écriture, à ce qu’elle implique, etc. Mais de manière ludique. L’écriture en soi est en fait un bouquin très théorique. Donc forcément, mieux vaut être prévenu.
Voilà ce que l’éditeur dit du livre :
“Fidèle à lui-même, Bruno Gaia donne ce portrait réjouissant d’un écrivain qui se fait interviewer par une jeune et belle journaliste. Laurent Herrou a choisi également l’imaginaire pour narrer l’histoire sensuelle d’une écrivaine et de son amant. Quant à Michel Zumkir, il est question d’une réflexion qui touche aussi bien à son travail de créateur littéraire que sa place dans la communauté. Nicolas Brulebois, lui, préfère faire part à chacun de ses fantasmes et – subsidiairement – de ses influences artistiques. Enfin, Wilfried Salomé rend implicitement hommage à feu Guillaume Dustan (sous-titre "Génie divin 2") et propose, par conséquent, "sa" vision du monde.”
Attardons-nous d’abord sur le titre : “l’écriture en soi”. Tout est dit. Les cinq auteurs de ce livre réfléchissent, chacun à leur manière, à ce que cela peut vouloir dire. Est-ce l’écriture que l’on a en soi, l’envie et le besoin d’écrire qui veut sortir à tout prix ? Ou est-ce plutôt l’écriture en tant qu’acte, en tant que problématique ? Haha. Bonne question.
Pour résumer un peu le travail, L’écriture en soi rassemble donc cinq textes, de cinq auteurs différents mais tous un peu fous : Bruno Gaia, Laurent Herrou, Michel Zumkir, Nicolas Brulebois et Wilfried Salomé.
Pourquoi fous ? Je m’explique. Car chez moi, il faut le savoir, le terme n’est pas péjoratif. Il correspond seulement à mon ressenti : j’en suis ressortie étourdie, assommée par ce que je venais de lire. Comprenez-moi ! Les auteurs débitent des tas de théories, d’idées, de phrases longues et pleines de mots compliqués… Il faut donc bien s’accrocher.
Sinon, je vous avais déjà parlé de Bruno Gaia. Ici, il n’a pas changé : toujours aussi pessimiste, en colère contre notre société, à l’écriture acide, efficace et parfois violente. Le voilà qui, tout comme Laurent Herrou et Michel Zumkir, choisit la fiction pour parler de l’écriture. Enfin… ils essayent. Bien sûr, il y a des personnages. Mais la plupart du temps, ils restent très peu dessinés ; le discours, lui, est théorique, complexe. Ce sont les auteurs qui parlent. On ne croit donc pas du tout aux histoires, aussi simples et floues soient-elles. Les auteurs surgissent d’on ne sait où et s’expriment directement. Et si cela n’est pas voulu, c’est du moins ce que l’on ressent. De vraies fractures qui embrouillent l’esprit plus qu’elles facilitent la lecture.
Les deux autres, Nicolas Brulebois et Wilfried Salomé, déclarent, eux, haut et fort ce qu’ils pensent, à la première personne. Ils abordent donc la question du modèle littéraire, du pouvoir de la littérature, leurs obsessions, leurs passions… Mais il faut être ultra-concentré pour comprendre leurs idées. C’est un peu dommage.
Ah oui ! Autre chose ! Il faut croire que pour les écrivains, l’écriture est indéniablement liée au sexe, au rapport charnel. Tous ou presque y font référence, de manière plus ou moins explicite, parfois même très exagérée. Bon. Si vous l’dites. Je ne suis pas vraiment convaincue. Le message, si je l’ai compris, c’est :
écrire, c’est se mettre à nu, se livrer, se délivrer.
Très bien. Mais était-il nécessaire de rentrer dans les détails, d’ensevelir le lecteur sous un amas de langage cru, de corps suants, collés, mélangés, de jouissance, de désir… tout cela sans aucun érotisme ? Une page, ça va, deux aussi, mais tout un texte là-dessus, c’est vite ennuyeux malheureusement.
Bref, L’écriture en soi tourne un peu en rond. Les textes en eux-mêmes sont décousus, lourds, compliqués. Sans pour autant exclure le fond de la pensée des écrivains, on aurait envie d’un peu plus de contextes, d’histoires, de personnages étoffés, pour mieux rentrer dans la tête des auteurs et pour, peut-être, mieux approuver leur vision du monde.
GAIA Bruno, HERROU Laurent, ZUMKIR Michel, BRULEBOIS Nicolas, SALOME Wilfried, L’écriture en soi, multiplier la création, Editions E P & L A, 2011, 70 pages pdf.
j’aime découvrir les écrits des auteurs, mais parfois vu ma religion je m’abstiens, je lis en nourrissant mon âme et je dis que chaque écrivain à son style et écrit à sa façon.en toute liberté.. je trouve très bien exprimé le citation ‘ écrire, c’est se mettre à nu, se livrer, se délivrer. » elle englobe tout.