Jeanne, c’est un hommage vibrant, mais timide, de Jacqueline de Romilly à sa mère. C’est le récit de la vie de cette femme libre, indécente, gracieuse et habile. C’est le point de vue d’une enfant, d’une adulte si bien entourée et aimée. C’est un texte absolument tendre, touchant, humain.
L’auteur raconte les événements et les rencontres qui ont ponctués la vie de Jeanne d’une manière si douce que l’on se croirait confident. Parfois indécise, parfois confuse, Jacqueline de Romilly montre à voir ses propres regrets et remords à l’égard de sa mère maintenant perdue. Parce qu’elle n’a pas toujours tout réussi, la mère. Parce qu’elle n’a pas toujours tout compris, la fille. Et elle ne se le pardonne pas vraiment. Néanmoins, grâce à son écriture fine, riche d’amour et de mots tendres, nous la pardonnons. On aime tant l’entendre parler de sa mère brisée par la guerre mais toujours forte, solide, profondément vivante.
Jeanne est une mère douce, discrète, jolie et amusante. C’est une mère passionnée, écrivain, apprentie comédienne. C’est une mère aimante, qui ne vit que pour sa fille chérie, vestige d’un homme tant aimé et trop tôt parti… C’est une femme appréciée, entourée, courtisée, mais aussi une dame libre, indépendante, indocile.
Jacqueline de Romilly dresse donc un très beau portrait de cette fameuse Jeanne. On aurait presque envie de lire ses romans inconnus aujourd’hui. On est touché par les troubles de l’auteur, qui mêle les époques et les gens qui l’ont entourée autrefois et ne cesse de s’en excuser. On la comprend si bien aussi lorsqu’elle constate tristement qu’elle n’a pas été assez présente ou bienveillante à l’égard de sa vieille mère.
Jeanne est un livre personnel, intime, qui nous plonge au cœur de l’amour qui unit Jacqueline et sa maman. Publié après la mort de l’auteur, on se sent terriblement ému par ce récit tenu secret et l’on ne peut alors qu’admirer les deux femmes.
ROMILLY (de) Jacqueline, Jeanne, Editions de Fallois, 2011 (écrit en 1977), 245 pages
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