Aujourd’hui, je vous poste la critique d’un roman faite pour le Prix de la Critique de Puteaux de l’année dernière. Bonne lecture !
Faisons court : il n’est pas simple de dépeindre tous les éléments qui caractérisent le roman de Carlos Salem, tant il est riche et complexe. Mais essayons tout de même… C’est Octavio, un Espagnol en vacances au Maroc, que l’on découvre et accompagne. Dès la première ligne, sa femme, qu’il déteste tant, meurt brusquement. La liberté que cela lui procure le pousse à fuir. Et c’est là qu’il rencontre Soldati, un escroc argentin complètement loufoque. Tous les deux vont vagabonder dans le désert ou dans des villes perdues et rencontrer des personnages farfelus et aliénés.
Ainsi racontée, l’histoire semble, certes, originale mais plutôt simple. Méprenez-vous ! On pense parfois à Je m’appelle Jeanne Mass de Thomas Lelu, mais Carlos Salem se fait plus littéraire. De la même manière, on suit les aventures rocambolesques d’un héros poursuivi par ses ennemis. Octavio, dans Aller Simple, tente de fuir à des boliviens prêts à le tuer pour récupérer un carnet qu’il n’a pas. Et c’est dans cette fuite qu’il fait la connaissance de nombreux personnages. On en retiendra deux, particulièrement timbrés : d’abord, un hippie nommé Charly, lui aussi vagabond. Au cours du roman, il devient le grand Carlos Gardel, chanteur incontournable de tango pour tous les amateurs. L’auteur s’amuse avec la réalité et la fiction : il offre un rôle savoureux, presque central, au personnage, qu’il ressuscite après son accident d’avion mortel. Le chanteur a pour but d’assassiner Julio Iglesias, qui a massacré l’une de ses chansons. Et c’est avec un sérieux étonnant qu’il entraîne ses deux compères (Octavio et Soldati) jusqu’en Espagne. Et l’on aime aussi Mowles, un vieil écrivain alcoolique au succès fou, qui jure pourtant n’avoir jamais rien écrit. On rit de ses fans complètement gagas, prêts à récupérer ses caleçons et son papier hygiénique, de son chat hystérique immédiatement conquis par Octavio.
Carlos Salem mélange différents genres dans ce livre ensoleillé, aux couleurs hispaniques : le roman noir, le roman d’aventure, le roman humoristique. La lecture est parfois difficile, tant la matière est complexe. Surtout, ne jamais s’arrêter de lire, ou pas plus d’un jour, sinon, le fil est perdu. Certains éléments restent aussi dans l’ombre, mais c’est ce qui fait le charme de l’oeuvre : que représente donc ce nuage qui suit continuellement Octavio ? Sa culpabilité, son assujettissement qui le poursuit ? Sa femme est-elle vraiment morte ? Est-ce une hallucination, une métaphore ? Tout cela enrichit le texte et donne libre cours à l’imagination et au choix du lecteur.
Avec Aller Simple, tout est possible. Chacun peut imaginer ce qui lui plaît, ce qui lui semble le plus approprié. L’auteur, comme les personnages, ne se fait pas prier et lance par-ci par-là de nombreuses idées abracadabrantes. On se lasse par moments, on s’amuse par d’autres, on découvre la langue espagnole et le tango aussi… Carlos Salem nous offre un livre estival, à emporter dans ses bagages pour les prochaines vacances.
SALEM Carlos, Aller simple, Editions Moisson Rouge, 2009 (publication originale datant de 2007), 266 pages.