Livres

Comme une respiration, Jean Teulé

comme-une-respiration_jean-teuléPourquoi ce livre ?

Parce que Jean Teulé ! Une collègue me l’a prêté, je me suis jetée dessus. Quelle sauvage !

De quoi ça parle ?

Teulé relate 40 petites histoires du quotidien, sans rapports en elles. 40 petites respirations, anecdotes, situations, parfois illustrées par quelques dessins ou photos.

Mon avis

Vous connaissez sans doute mon amour incommensurable pour Jean Teulé et sa plume unique. J’ai retrouvé dans ce recueil de textes la poésie et la simplicité qui le caractérisent. Ces 40 tout petits chapitres (une ou deux pages à chaque fois) pourraient faire partie d’un journal de bonnes nouvelles, d’un carnet de petits bonheurs. On sait et l’on sent que c’est l’auteur qui s’exprime, qui raconte ce qu’il a vu, vécu, entendu, observé.

Ces petits shots de jolies choses se lisent à toute vitesse mais se savourent aussi : on a envie, entre chaque chapitre, de lever le nez, de respirer une bonne bolée d’air et de sourire bêtement.

C’est un recueil au titre très bien trouvé et à la couverture apaisante. Si vous êtes hostile à la plume brute et acérée de Teulé dans ses romans, vous trouverez peut-être votre bonheur avec ces touches de douceur et de poésie.

Teulé est un auteur peu présent en librairie ou dans les salons… mais j’espère un jour le rencontrer ! Je l’aurais un jour, je l’aurais.

Livres

Charly 9, Richard Guérineau, d’après Jean Teulé

charly9-guerineauPourquoi ce livre ?

D’abord parce que j’adore Jean Teulé, comme vous le savez ; ensuite parce que j’avais adoré son roman Charly 9 ; enfin parce qu’une adaptation BD avait tout pour me plaire !

De quoi ça parle ?

Tout comme dans le roman, cette bande-dessinée relate l’histoire de Charles IX, qui a ordonné le massacre de la Saint-Barthélémy en 1572. Cet événement terrifiant a bouleversé la vie et la santé mentale du jeune Roi de France…

Mon avis

C’était un vrai plaisir de me replonger dans cette histoire par le biais d’une bande-dessinée ! La fougue de Teulé est omniprésente dans les textes et la folie de Charles IX s’étale sur chaque page, dans chaque dessin de Richard Guérineau. Même si je ne suis pas particulièrement séduite par le trait du dessinateur, j’ai aimé l’utilisation des couleurs pour accompagner le récit, notamment le rouge sang qui envahit l’espace : brutalement dès le début du livre, puis petit à petit, dans le quotidien du roi perdant l’esprit. L’horreur de la Saint-Barthélémy nous saute aux yeux ! C’est un choix très intelligent, qui dit tout avec une seule couleur !

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Le personnage fascinant de Charles IX méritait une bande-dessinée, c’est chose faite ! A lire après avoir découvert l’incroyable roman de Jean Teulé, bien évidemment.

Livres

Charly 9, Jean Teulé

teule-charly-9Pourquoi ce livre ?

Vous le savez, Jean Teulé fait partie de mes auteurs préférés. J’ai donc comme objectif de lire tous ses romans. J’avais trouvé celui-ci en broché à 1€ en occasion chez Book-Off à Paris, il dormait depuis sur une étagère, jusqu’à ce que j’ai envie de le dévorer récemment !

De quoi ça parle ?

Charles IX, jeune roi de France, ordonne le massacre de la Saint-Barthélemy, sous la pression de sa mère. Une extermination des Protestants qui s’étend à toute la France et devient incontrôlable… Le jeune homme ne s’en remet pas et sombre peu à peu dans la folie.

Mon avis

C’est encore une fois du Teulé tout craché. L’ordonnance du massacre au début du livre est un coup de maître de l’auteur : en quelques pages, à travers un dialogue redoutable, on comprend tout. Charles IX devient Charly 9. Il ne résiste pas aux demandes insistantes de ses proches et ordonne le massacre des Protestants. C’est un jeune roi transformé que l’on retrouve dans les pages suivantes : le voilà qui décapite les animaux et s’en fait des vêtements, il torture les oiseaux, chasse le cerf dans les couloirs du Louvre, distribue du muguet pour nourrir et porter bonheur aux Parisiens affamés, en ignorant que la plante est toxique, remplit les caisses du royaume avec de la fausse monnaie…

Le portrait de Charly 9 est à la fois drôle, touchant et terrifiant. Les mots de Teulé, crus, précis, modernes, entourés d’une ponctuation mouvementée, font de ce roi incompris et cruel un homme perdu, manipulé, qui redevient sauvage pour oublier ce qu’il a pu commettre.

C’est un roman vraiment fascinant qui se savoure et se découvre très rapidement, grâce à ses nombreux dialogues. Teulé maîtrise incontestablement l’écriture. Une fois de plus, il met en scène un personnage hors du commun avec un vocabulaire très riche et un sens de la formule. J’adore !

Livres

Fleur de tonnerre, Jean Teulé

fleur-de-tonnerre-jean-teulePourquoi ce livre ?

Parce que Jean Teulé ! Je n’attendais que la sortie en poche pour m’offrir son dernier roman en date.

De quoi ça parle ?

Bretagne, 19e siècle. Dès l’enfance, Hélène Jégado s’identifie à l’Ankou, la Mort. Elle se sent investie d’une mission : empoisonner tous ceux qui croiseront sa route. La voilà qui traverse la Bretagne et sème la mort chez les enfants et les adultes.

Mon avis

Jean Teulé a le chic pour raconter la vie de personnages hors du commun : une fois de plus, il s’intéresse à l’un deux, Hélène Jégado, meurtrière folle et sereine, qui a assassiné à coup de belladone et d’arsenic dans toute la Bretagne.

On suit cette femme incroyable dès son enfance, alors qu’elle empoisonne sa mère, jusqu’à un âge avancé. Impassible et discrète, Hélène, alias Fleur de tonnerre, est une femme appréciée, cuisinière talentueuse – et pour cause ! Elle a cet ingrédient magique qui ne laisse pas de marbre… Le personnage à lui seul fascine : on n’arrive pas à la détester, malgré les horreurs accomplies.

L’écriture de l’auteur, précise, intelligente, tranchante, est une fois de plus au rendez-vous. Jean Teulé sait précisément comment incarner cette femme si obscure, qui tue sans but. Pas de longs discours ni d’interminables situations. L’action est rapide, efficace. Hélène assassine plusieurs personnes en une phrase puis déambule à travers les chapitres… Elle poursuit sa mission sans ralentir. Peu importe finalement les nombreux noms qu’elle croise : même si l’auteur a sans doute effectué un long travail de recherches, ces énumérations n’ont qu’un seul objectif, enrichir la liste des victimes de l’héroïne.

Si vous ne connaissez pas encore le style de Teulé, Fleur de tonnerre est un excellent moyen de s’y mettre. C’est aussi un très bon roman pour les amateurs de l’écrivain et de son écriture inimitable. Teulé, l’un des meilleurs auteurs de notre siècle, selon moi.

TEULE Jean, Fleur de tonnerre, éditions Pocket, 2014 (première édition en 2013), 261 pages

Livres

Bord cadre, Jean Teulé

bord-cadre-teulePourquoi ce livre ?

Je l’ai choisi par hasard en faisant mes courses. Un tout petit risque car il s’agit tout de même d’un Teulé.

De quoi ça parle ?

Très court, ce roman raconte l’histoire d’un couple, de sa naissance à sa rupture, en passant par la passion et la déchirure. Marc et Léone, qui se rencontrent chez le peintre Sainte-Rose, vont connaître l’amour fou avant d’entrer en guerre. Un conflit provoqué par leur ami commun, qui propose à Marc, écrivain fragile, d’écrire sur un couple heureux qui se déchirerait. Son but ? Que la fiction remplace la réalité. Marc incarne donc son héros moqueur et méchant pour mieux imaginer son histoire. Un dangereux jeu de rôle qui va mener son couple à la catastrophe.

Mon avis

Bord cadre est un roman rythmé, sur l’amour et la passion artistique. Peut-on détruire ce que l’on aime le plus au monde pour atteindre l’apogée de son art ? C’est en tout cas ce que croient Marc et Sainte-Rose, l’un manipulé, l’autre amusé par ce qui se crée sous ses yeux. Une fois le couple détruit, il pourra peindre le malheur qui se lit dans leurs yeux. Un regard impossible à imiter. Il faut donc qu’il soit sincère et pour cela, le couple doit être malheureux. Tordu, n’est-ce pas ?

Découpé en trois parties principales (Rencontre, Bonheur et Malheur), ce petit livre de Jean Teulé se lit facilement et rapidement. Les courts chapitres rythment la lecture : on observe en accéléré l’histoire d’amour des deux héros ainsi que le mécanisme qui va les mener à leur perte. D’abord tendres, admiratifs et amoureux, Marc et Léone deviennent ennemis. Les déclarations d’amour laissent place aux répliques assassines. Ce qu’ils aimaient chez l’autre devient insupportable. Mais il ne s’agit pas d’un ras-le-bol "ordinaire". Ils incarnent chacun les personnages du roman de Marc, mais se sentent toujours visés personnellement. Une double lecture intéressante et originale, qui fait de cette histoire d’amour une histoire "pas comme les autres".

Bord cadre est un joli petit roman, finalement assez sombre. La fin aurait peut-être pu être évitée. Bien sûr, elle comble et rassure le lecteur, mais elle change légèrement le discours principal du roman. L’amour triomphe-t-il toujours sur la passion ? Jean Teulé donne la réponse, à vous de la découvrir !

TEULÉ Jean, Bord cadre, Editions Pocket, 2011 (1999 pour la publication chez Julliard), 175 pages

Blabla

Mes auteurs préférés

Même si je suis une lectrice exigeante, j’ai quand même trouvé des auteurs passionnants, qui ont su me séduire par leurs écrits. Une petite présentation s’imposait donc !

Boris Vian

Sans conteste, Boris Vian est un auteur que j’aime à la folie (n’ayons pas peur des mots). Je l’ai découvert il y a quelques années, par le biais de L’écume des jours. Immédiatement, ce fut le coup de foudre. Comment avais-je pu passer à côté de cette écriture et de cet homme ? Insouciant et très drôle, Vian était un auteur doué et fougueux. Il ne pensait pas à la vraisemblance ou au raisonnable, mais plutôt à la poésie, la folie et la joie de vivre. Même s’ils peuvent dérouter, ses textes incongrus sont souvent très amusants et dénoncent aussi quelque chose. Quant à l’homme, il me semble en tous points parfait : ce joueur de trompette, malade du cœur mais volontaire, a côtoyé des grands artistes, poètes, hommes et femmes de lettres. Il s’est amusé avec sa plume, avec son nom, a publié sous une autre identité, a choqué, a plu… Bref, il n’a pas laissé son entourage et son époque indifférents. Au passage, sachez que j’aime aussi les chansons de Vian, car même si elles sont d’une autre époque, elles restent d’actualité et me font vraiment rire !

Un livre à lire : L’Ecume des jours

Une chanson à écouter : La complainte du progrès

Boris Vian

Eugène Ionesco

Le coup de cœur pour cet auteur de théâtre se fit durant mes années lycéennes. Faisant partie d’une classe option théâtre, j’ai approché, lu et joué certains de ses textes. L’absurde étant la règle d’or chez Ionesco, je ne pouvais que succomber. Les échanges incohérents et infiniment drôles des personnages de La cantatrice chauve ont eu raison de moi…. Ça m’a suffit  pour que Ionesco devienne l’un de mes auteurs fétiches.

Une pièce à voir : Rhinocéros

Une pièce à lire : La cantatrice chauve

Eugène Ionesco

Tracy Chevalier

Cette auteur américaine a aussi réussi à me charmer à travers ses romans historiques. Qu’il s’agisse d’une époque, d’une façon de vivre ou d’un personnage, Tracy Chevalier parvient toujours à décrire les choses avec justesse. A chaque fois, elle s’attache à une figure féminine, comme c’est le cas dans son roman le plus connu, La jeune fille à la perle. Je vous avais parlé de son roman Prodigieuses créatures, qui m’avait bien plu également. Elle a sorti un nouveau livre en janvier 2013, intitulé The last runaway, mais il faudra attendre encore un peu pour l’avoir en français. Bien sûr, quand ce sera le cas, je vous ferai signe.

Un livre à lire : La jeune fille à la perle

Tracy Chevalier

Jean Teulé

Mon amour pour les livres de Jean Teulé s’est déclaré en ce début d’année 2013. J’enchaîne la lecture de ses romans et n’ai pas encore été déçue. Bien sûr, je le connaissais déjà avant car il y a quelques années, j’avais reçu pour mon anniversaire Le magasin des suicides. La plume franche, acérée et profondément drôle de Teulé est un vrai bonheur. J’aime aussi son goût pour les héros oubliés ou les gens simples. Quant à l’auteur en lui-même, il me semble si sympathique que j’aurais bien envie de le saluer un jour. Il a justement sorti en ce début de mois de mars 2013 un nouveau roman, Fleur de tonnerre, que je lirai sans aucun doute. En attendant, je rattrape la lecture de son œuvre à travers les sorties poche.

Un livre à lire : Le Montespan

Jean Teulé

En relisant ces quelques lignes, je constate que ce qui m’attire le plus dans la lecture, c’est l’humour et les personnages avides de liberté. Et vous, quel sont le(s) point(s) commun(s) à vos auteurs favoris ?

Livres

Le Montespan, Jean Teulé

Le-Montespan-livre-Jean-TeulePourquoi ce livre ?

N’étant jamais déçue par les romans de Jean Teulé, j’ai aussitôt rangé celui-ci dans mon sac après l’avoir aperçu traînant chez mes parents.

De quoi ça parle ?

Ce roman raconte l’histoire de Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, soit le marquis de Montespan, qui a vécu pendant le règle de Louis XIV. On le suit dès sa rencontre avec sa future épouse Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, plus tard appelée Madame de Montespan, jusqu’à la mort du couple (soit sur une trentaine d’années il me semble). Malheureusement connu pour avoir été le cocu du Roi, le Montespan, amoureux transi de sa femme, fera tout pour la reconquérir et se venger de l’amant royal…

Mon avis

Il s’agit sans doute du meilleur roman que j’ai lu de Jean Teulé ! Pourtant, je n’en ai pas lu beaucoup, mais j’ai été particulièrement séduite par celui-ci. Relativement court (un peu plus de 300 pages poche), il a réussi à m’émouvoir, à me surprendre et surtout, surtout, à me faire rire. Pas seulement sourire, mais vraiment rire. En le lisant à la gare, je me suis surprise à rigoler parfois de certaines phrases, me reprenant aussitôt, de peur d’effrayer les gens qui m’entouraient.

En plus d’être drôle, donc, ce livre est touchant. Il creuse vraiment le personnage du Montespan, ce marquis fou d’amour pour sa belle, si malheureux de l’avoir perdue. A l’époque de Louis XIV, cela a de quoi interroger. Comme les autres personnages, on se demande pourquoi cet homme s’attache tant à cette femme, quand on sait qu’à la cour, il était plutôt flatteur d’être le cocu du Roi Soleil. Lui prend ça comme une déclaration de guerre. Naïf et trop gentil, le Montespan est surtout très courageux ! En l’honneur de ses souvenirs heureux, de son amour flamboyant et de ses enfants abandonnés par leur mère, le marquis s’infiltre à Versailles, crée des scandales, affronte le Roi sans trembler. C’est un homme admirable, qu’on aimerait tant aider et soutenir. Comme souvent chez Teulé, on suit un personnage peu connu ou même oublié, qui mériterait pourtant une récompense, après avoir lutter si durement pour sauver son amour. Sarcastique, il enterre même cet amour après une cérémonie religieuse tout à fait normale.

Parallèlement à l’histoire de la famille Montespan, l’auteur nous livre, je pense, un bon aperçu de la vie à cette époque, notamment à propos de l’hygiène. On imagine très bien les rues sales, les soirées versaillaises peu conventionnelles, où les femmes les plus raffinées à la Cour ne se gênent pas pour uriner ou déféquer au milieu d’une pièce. Les parties de jambes en l’air (comme celle du Roi et de sa maîtresse) sont elles aussi décrites sans pudeur. Tout comme le comportement odieux du fils des Montespan, le duc d’Antin, qui face à la mort de ses parents ne pense qu’à la gloire. L’écriture de Teulé rend ces situations drôles ou surprenantes, car les choses sont dites naturellement, sans fioritures.

Cette lecture est donc, pour le moment, ma meilleure lecture 2013. Je n’avais tout simplement pas envie que l’histoire se termine et croisait les doigts à chaque chapitre pour que Madame de Montespan reprenne ses esprits et retourne auprès de son époux amoureux. Quant au présent simple, choisi par l’auteur pour raconter cette histoire, il ne m’a pas du tout dérangé ! Etonnant, non ? Moi qui ne le supporte pas habituellement, je ne m’en suis rendue compte qu’au milieu du livre. Preuve que l’emploi de ce temps peut être justifié.

Infos complémentaires

Le Montespan a reçu le Prix Maison de la Presse et le Grand prix Palatine du roman historique. Il a aussi été élu parmi les 20 meilleurs livres de l’année 2008 par le magazine Le Point.

TEULÉ Jean, Le Montespan, Editions Pocket, 2011 (2008 pour l’édition originale chez Julliard), 307 pages