Etre grande en 2014
Etre grande (c’est-à-dire de grande taille) de nos jours n’est pas forcément synonyme de chance/élégance/grâce/réussite/prospérité (rayez la mention inutile – oui, je dis n’importe quoi, et alors ?). Combien de fois ai-je entendu « t’es grande, t’as de la chance ! » alors que mes yeux, fuyants, semblaient dire « ma/mon pauvre, que vas-tu donc imaginer là ! ».
Car être grande en 2014 n’a RIEN à voir avec la chance ! Etant très fortement concernée par ce phénomène de pousse instantanée, je peux vous l’affirmer (les grands me comprendront en soupirant) : être grand est encore un INCONVENIENT.
Je serais prête à sacrifier la vue dégagée des concerts pour tout le reste : la place pour les jambes dans le train et au théâtre, les vêtements et chaussures accessibles, le mouvement gracieux, la capacité à se faufiler.
Il fut un temps, certes, où les choses étaient pires qu’aujourd’hui : la période du collège et lycée, qui comme on le sait, est propice à la découverte de soi, fut plutôt compliquée (corporellement parlant). J’ai grandi en une année, et suis ainsi devenue la plus grande fille du collège, comme me l’a fait remarquer l’amie qui devint alors la 2e du classement.
Mon corps a été cohérent jusqu’au bout : les bras se sont allongés, tout comme les jambes et les pieds. Les seules chaussures, hors de prix, qui me convenaient alors étaient les Kickers que je renouvelais une fois par an, pour Noël.
Lorsque j’ai découvert Mango et Stradivarius, j’ai cru pleurer de joie : je trouvais des pantalons assez longs pour moi ! Paris m’a révélé les secrets des grands pieds féminins et je suis depuis quelques années adepte de la boutique Sagone, spécialiste des belles chaussures pour grands pieds. Mais cela reste très cher, et donc très occasionnel.
Je reviens des soldes, moi qui déteste faire du shopping car je suis allergique à la foule en délire. J’ai eu l’envie subite de vagabonder dans les rayons à la recherche de la veste cintrée de mes rêves. Une heure plus tard, la conclusion est sans appel : aucune ne me va. Zara, H&M, Mango, Esprit, Camaïeu, Etam, Naf-Naf, New Look… Les bras, toujours trop courts, rivalisent avec les épaules, souvent trop larges. J’ai la désagréable impression d’être difforme, non-conforme à ce qu’est une femme aujourd’hui, à ce qu’elle peut porter comme vêtement.
Etre grande en 2014, ça coûte cher (car les boutiques spécialisées nous le font payer, à nous les grandes !), c’est être toute serrée dans ses fringues, et c’est quand même un peu démoralisant. Difficile, avec tout ça, d’avoir une démarche élégante et de se sentir bien dans ses chaussures serrées et ses vestes trop petites.
Si je trouve une boutique miracle pour les grands bras, je viendrai poster l’info ici, au cas où vous vivez le même drame que moi.
A bon entendeur !