Livres

Immortelle randonnée – Compostelle malgré moi, Jean-Christophe Rufin

immortelle-randonnée-rufinPourquoi ce livre ?

Feuilleté au petit-déjeuner chez mes parents, je me laisse porter par le début du récit de Jean-Christophe Rufin. Quelques semaines plus tard, mon père me le prête : je me plonge alors avec plaisir dans cette lecture.

De quoi ça parle ?

Jean-Christophe Rufin, académicien et auteur de romans et essais, a entrepris une longue randonnée de 800 kilomètres, sur le Chemin menant jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Il raconte dans cet ouvrage ce voyage effectué en solitaire, le long des côtes basques et espagnoles.

Mon avis

J’aime de plus en plus lire des récits de voyage. Ils appellent au rêve, à la liberté et ont chez moi un effet bienfaiteur. Cette fois encore, je suis conquise par ce témoignage. Jean-Christophe Rufin raconte toutes les étapes de son voyage : la préparation ; l’obtention de credencial, un papier précieux pour le pèlerin, qui sera tamponné à chaque étape ; le départ, plein d’entrain ; l’étape décisive, celle où l’onhebdo.ch-Compostelle_Rufin hésite à abandonner tant la douleur et la fatigue prennent le dessus ; le moment où l’on se sent tout simplement bien ; celle où l’on a la foi ; l’arrivée, presque décevante à cause des milliers de touristes qui envahissent les rues de Saint-Jacques…

Le récit n’est pas pompeux. Il est écrit par un débutant, un homme qui découvre au jour le jour ce que veut dire entreprendre le Chemin. Pour cette raison, on se sent proche de Rufin, qui n’officie pas en tant qu’académicien dans ce récit. Il reste humble, révèle ses moments de doute et de faiblesse, raconte les rencontres impromptues effectuées en chemin à la manière d’un promeneur lambda.

On vit finalement avec lui cette aventure humaine. Cette proximité avec le lecteur rend la lecture fluide et agréable ! Par moments, on rêve secrètement de voyager à notre tour. Finalement, l’arrivée à Compostelle déçoit. Le tableau dressé par l’auteur est loin d’être fantastique : touristes envahissants, foules, boutiques de souvenirs en toc, l’effort entrepris par les “vrais” pèlerins semble réduit à néant. Il faudrait sans doute mettre ces courageux marcheurs en avant, au lieu de les faire disparaître dans la masse. Finalement, le point d’arrivée n’est qu’un prétexte : c’est le parcours, le Chemin, qui vaut le coup. A lire absolument si vous aimez les récits de voyage !

RUFIN Jean-Christophe, Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi, éditions Guérin, 2013, 259 pages

Livres

La Tristesse du Samouraï, Víctor del Árbol

A LA VOLTAIRE !Pourquoi ce livre ?

La Tristesse du Samouraï fait partie de la sélection du Prix de la Critique de Puteaux 2013. Dernière lecture imposée de l’année !

De quoi ça parle ?

L’histoire se passe en Espagne, à travers plusieurs périodes historiques : on suit d’abord Maria, avocate renommée des années 80 ; puis en 1941, Isabel, épouse d’un chef de parti d’extrême droite, éprise de liberté ; mais aussi Fernando et Andrès, fils d’Isabel, qui traversent les époques et relient les destins des autres personnages. Différentes familles, qui ont vu leurs destins basculer autrefois, doivent à nouveau faire face à leurs démons… en s’affrontant ou en s’entraidant. Un choix qui n’est pas toujours facile à faire.

Mon avis

Avouons-le tout de suite : j’ai pris peur en lisant la quatrième de couverture. Impossible de faire plus fouillis et démoralisant. J’ai cru un instant que je ne comprendrais rien, que les personnages seraient bien trop nombreux, que l’histoire serait absolument tordue et surtout, qu’en tant qu’inculte de l’histoire d’Espagne, je serais sans repères. Je vous rassure immédiatement, rien de tout cela n’est vrai. OUF.

Certes, les personnages sont nombreux, mais ils sont présentés petit à petit, et ont tous une histoire différente. On s’emmêle peut-être un peu les pinceaux au début mais très vite, on s’y fait. La faute, sans doute, aux prénoms espagnols choisis par l’auteur, qui ont parfois tendance à se ressembler (Marta, Maria…).

L’histoire, bien que complexe, est habilement déroulée. Chaque début de chapitre est introduit par un rappel du lieu et de l’époque qui va concerner ce qui va suivre. Très vite, hop, associations d’idées : 1981 = on suit Maria. Tout va bien.

L’histoire d’Espagne n’est qu’un décor aux péripéties du roman : elle a bien sûr une explication aux comportements de certains, aux combats, aux guerres et autres batailles, mais au fond, je n’y ai pas accordé d’importance, et cela n’a pas gâché ma lecture. Ce qui importe, au fond, ce sont les aventures et révélations humaines, les trahisons, les secrets, les douleurs des personnages, et les liens qui existent entre eux, malgré leur volonté.

Au final, l’auteur propose un récit bien ficelé, qui tient le coup jusqu’au bout. Les révélations parsemées au fil des pages entretiennent le suspense. Les personnages, ni blancs ni noirs, ont tous une part sombre en eux, quelque chose qui les ronge et les empêche d’avancer. La délivrance finale prend plusieurs formes : tuerie, suicide, disparition, solitude… Rien de très gai, je vous l’accorde, mais tout cela a le mérite d’apaiser tout le monde.

Seule déception : l’allusion au samouraï, qui apparaît un peu comme un cheveu sur la soupe dans ce récit espagnol. Le titre, bien que très joli, rappelle seulement quelques phrases du livre. Peut-être aurait-il fallu plus développer cet aspect, ou l’oublier totalement.

Cela dit, ce petit bémol reste un détail. Un bon roman, donc. Je dirais même plus : une bonne surprise ! Idéal pour les vacances à venir.

DEL ÁRBOL Víctor, La Tristesse du Samouraï, Editions Actes Sud, 2012 (2011 pour la version originale), traduit de l’espagnol par Claude Bleton, 351 pages