Livres

Trois ombres, Cyril Pedrosa

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Pourquoi ce livre ?

Encore une fois, la couverture m’a séduite ! Le titre et l’ambiance m’ont donné envie d’en savoir plus.

De quoi ça parle ?

Joachim vit heureux avec ses parents dans une petite maison au creux des collines. Mais un jour, trois ombres apparaissent… Il va falloir fuir.

Mon avis

Trois ombres est une magnifique bande-dessinée ! A croire que mon instinct est toujours bon. Assez épaisse, intégralement en noir et blanc, elle raconte la vie d’une famille confrontée à trois ombres mystérieuses, apparues du jour au lendemain au sommet de la colline. C’est une allégorie de la mort, bien sûr, qui vient chercher le petit Joachim. Entêté, le père décide de l’emmener loin de chez eux pour échapper à ces ombres inquiétantes…

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Les dessins arrondis aux arabesques envoûtantes ajoute une touche de magie à ce monde de plus en plus obscur. On suit avec délice le père et le fils à travers la campagne, puis au creux d’un bateau, ou encore dans un paysage tropical. Peut-on échapper à son destin ? Comment accepter l’inacceptable ? Voilà les questions que pose Cyril Pedrosa dans cette BD très poétique et touchante.

Une oeuvre délicate sur la mort et le deuil, que je vous conseille fortement !

Livres

Le singe de Hartlepool, Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau

lesingedehartlepool-bdPourquoi cette BD ?

Le singe de Hartlepool trônait parmi les nouveautés BD de ma médiathèque. Intriguée par la couverture et par le dessin somme toute assez joli et original, j’ai décidé de l’emprunter. Une nouvelle session de lecture de bande-dessinée se dessinait à l’horizon !

De quoi ça parle ?

En 1814, un navire de la flotte napoléonienne s’échoue au large d’Hartlepool, un petit village du Royaume-Uni. Parmi les débris, les villageois découvrent un survivant : il s’agit du singe du navire, vêtu de l’uniforme français, dont le rôle était d’amuser la galerie. Les Anglais, qui détestent les Français et n’ont jamais vu de singe, n’ont alors qu’un seul but : se débarrasser de ce sale Français survivant.

Mon avis

Inspirée d’une légende d’Hartlepool, un véritable village anglo-saxon, l’histoire de ce singe a de quoi décontenancer. D’abord humoristique, elle prend lentement des couleurs plus sombres. Aveuglés par la haine, l’ignorance et le nationalisme, les villageois anglais ne verront jamais que ce survivant n’est qu’un singe. Cette aberration interroge vraiment à la lecture : jusqu’à quel point l’homme est-il capable d’aller lorsqu’il est motivé par la haine ? La bêtise peut-elle à ce point dominer ? Il est clair qu’au fur et à mesure, on se demande si cela a effectivement eu lieu. Impossible de savoir quelle est la part de vérité dans cette légende. Malgré cela, elle reste encore bien ancrée en Grande-Bretagne puisque les habitants de Hartlepool, encore aujourd’hui en 2013, sont surnommés “les pendeurs de singe” (monkey hangers).

Les dessins aux couleurs pastel et aux traits parfois doux, parfois agressifs, ne sont pas déplaisants. Ils illustrent très bien l’ambiance grise et pluvieuse de ce village, la violente tempête, la colère et la hargne des habitants, l’incompréhension de ce singe au regard doux et triste.

Loin d’être amusante, cette bande-dessinée originale a le mérite de faire connaître une légende inconnue par ici, en pointant du doigt la bêtise et la cruauté humaine. A découvrir !

LUPANO Wilfrid & MOREAU Jérémie, Le singe de Hartlepool, éditions Delcourt, 2013, 94 pages

Livres

Maus, Art Spiegelman

mausPourquoi ce livre ?

Très connue et appréciée, cette bande-dessinée sur la déportation juive et les camps d’extermination de la Seconde Guerre mondiale me tentait depuis un certain temps. C’est à la médiathèque que je l’ai trouvée : rarement disponible, cette fois, elle se trouvait sur son étagère. Hop, ni une ni deux, je l’ai embarquée !

De quoi ça parle ?

L’auteur, Art Spiegelman, raconte ses conversations avec son père juif polonais, Vladek, survivant d’Auschwitz et plus généralement de la Seconde Guerre mondiale. Les confidences du père sont illustrées par le fils. On découvre donc toute sa vie, notamment les horreurs vécues par cet homme malin, chanceux et désormais très avare.

Mon avis

Longue et condensée, cette bande-dessinée en noir et blanc ne présageait pas une lecture légère ou décontractée. Le thème, lui non plus, ne semblait pas idéal pour les vacances. Pourtant, ce fut une excellente occasion de se replonger dans l’Histoire. Car par le biais du témoignage de son père, Art Spiegelman raconte bien notre histoire. Parfois drôle, souvent terrible, ce retour en arrière raconte la vie d’un homme hors du commun : on découvre d’abord sa jeunesse, son mariage, son évolution professionnelle et familiale ; puis l’on vit à ses côtés l’horreur du nazisme, la violence, la peur, la trahison, le désespoir, la mort. Chacun peut s’identifier, et c’est cela qui heurte et émeut.

Le dessin, détaillé et minutieux, enrichit l’histoire. Les Juifs, à tête de souris, doivent fuir ou obéir aux Allemands à tête de chat. Ce simple choix révèle toute la relation qui existe entre eux : les uns chassent les autres, sans pitié. Ils jouent avec, les trompent, les surprennent pour mieux les faire souffrir.

Les allers et retours entre les années 30-40 (récit de la vie de Vladek) et les années 70-80 (conversations entre le père et le fils) se font naturellement. On croirait assister à leurs échanges. Finalement, Vladek nous raconte à nous aussi son histoire. Plus qu’un ouvrage de bande-dessinée, Maus remplit un devoir de mémoire : il rappelle ce dont l’homme fut capable. Simplement pour ça, il faut prendre le temps de découvrir ce livre.

Informations complémentaires

Art Spiegelman a notamment reçu, pour cette bande-dessinée, le Prix Pulitzer 1992.

SPIEGELMAN Art, Maus, L’intégrale, éditions Flammarion, 1998, traduit par Judith Ertel, lettrage d’Anne Delobel, 296 pages

Livres

127 heures, Aron Ralston

127heuresPourquoi ce livre ?

J’ai découvert l’histoire d’Aron Ralston au cinéma, quand le film tiré du livre est sorti en 2011. Bluffée par le courage de cet homme, je n’en suis pas sortie indemne. Encore aujourd’hui, je garde un incroyable souvenir de ce film. C’est bien sûr ce qui m’a décidé à acheter le livre original, sorti en poche l’année dernière.

De quoi ça parle ?

L’auteur, alors âgé de 27 ans, raconte dans les détails la randonnée qu’il a entrepris dans les Gorges de l’Utah en 2003. Cet alpiniste expérimenté, ayant déjà frôlé le danger et la mort de près, ne pensait pourtant pas vivre une telle aventure : au fond d’un canyon, Aron Ralston n’avait pas prévu qu’un rocher se détache et lui emprisonne le bras droit. Coincé dans cet endroit désert et peu fréquenté, constatant que les secours n’arriveraient pas (ou du moins pas à temps), il s’est donc auto-amputé afin d’avoir une petite chance de survivre.

Mon avis

Je suis vraiment en admiration devant ce livre, mais aussi cet homme et sa force de caractère. Plus qu’un récit de voyage, c’est un récit de survie. 127 heures, c’est la durée totale de sa randonnée, du départ en VTT jusqu’à son évacuation en hélicoptère. En 5 jours, Aron Ralston est passé par toutes les étapes, toutes les émotions, et c’est de manière détaillée qu’il raconte ses errances, d’abord physiques puis mentales : son départ, motivé et efficace ; son accident, brutal et inquiétant ; sa confiance, solide puis réduite à néant ; ses adieux et ses prières.

A chaque page, on croit avec lui à la libération, même si l’on connaît déjà la fin. Ses vaines tentatives pour bouger ne serait-ce que de quelques centimètres la pierre qui l’emprisonne sont déjà admirables. Grâce à ses connaissances en alpinisme et en survie, il a sans doute pu tenir un peu plus longtemps qu’une personne lambda. Mais son mental d’acier, même s’il fut parfois vacillant, a permis sa lutte effrénée et son auto-amputation.

Durant la lecture, on s’interroge : moi, qu’aurais-je fait ? Me serais-je laissé(e) mourir ? Aurais-je vraiment pu me casser les os du bras puis m’amputer, sous le coup de l’adrénaline ? Je suis stupéfaite par ce dont l’homme est capable pour sa survie !

aron-ralston-rocherAron Ralston, emprisonné dans un canyon à cause d’un rocher

L’écriture, elle, est avant tout descriptive. Aron Ralston nous fait part de ses états d’âme, ses réflexions, ses sentiments. Il se livre. Les chapitres sur l’accident s’alternent avec ceux sur la vie de l’auteur et ses aventures sportives. Surprise, j’ai ainsi appris qu’il avait survécu à une avalanche mortelle, à l’attaque d’un ours affamé, à plusieurs chutes dangereuses… Passionné et irresponsable, Aron Ralston a sans doute une bonne étoile qui lui permet de vivre ses rêves – et d’y survivre.

Plus qu’un simple récit, c’est donc une réflexion sur la survie, sur ce qui compte vraiment dans la vie, sur la passion et l’amour de la montagne. Comme pour Into the wild, une fois le livre refermé, on a envie de prendre son courage à deux mains et de vivre ses rêves à fond. Une lecture indispensable !

RALSTON Aron, 127 heures, éditions Pocket, 2012 (2011 pour l’édition brochée chez Michel Lafon, 2004 pour l’édition originale), traduit par Yves Forget-Menot, 384 pages