Livres

A nous deux Paris ! / Paris le retour, J.P. Nishi

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Pourquoi ces livres ?

J’ai acheté le premier tome l’année dernière par hasard, car le sujet m’intéressait. Le deuxième tome, sorti très récemment, s’est vite retrouvé dans ma bibliothèque, puisque j’avais été conquise par le premier.

De quoi ça parle ?

L’auteur, J.P. Nishi, raconte sa vie de dessinateur japonais arrivant à Paris. Il découvre les us et coutumes, la façon de vivre des Français et s’étonne de tout ce qui contraste avec le Japon. Ce regard extérieur sur notre quotidien est croqué à la manière d’un manga “francisé” : il se lit de gauche à droite comme une BD classique.

Mon avis

Je n’avais pas prévu de parler de ces deux bandes-dessinées, mais après avoir constaté qu’elles n’étaient pas très connues ni médiatisées, j’ai finalement décidé d’écrire sur le sujet. Pas besoin de connaître le Japon pour apprécier A nous deux Paris ! et sa suite. C’est justement très amusant de voir comment les étrangers nous perçoivent, nous Français, nous Parisiens.jpnishi-tome2

Le rythme de vie, la façon de parler et d’interagir avec les autres semble si différente de ce que connaît l’auteur. On rit de nous-même et l’on remarque des choses que l’on fait pourtant spontanément, qui, en y réfléchissant bien, peuvent en effet surprendre les étrangers. Je pense par exemple à la bise systématique que l’on échange pour se dire bonjour. Cette habitude surprend beaucoup J.P. Nishi, qui rougit dès qu’une femme s’approche de sa joue. L’auteur est aussi étonné que les conducteurs de métro n’aient pas d’uniforme : il pense alors que c’est une personne lambda qui a pris le contrôle du métro et c’est la panique !

Les BDs sont découpées en chapitres thématiques, comme par exemple “Les Parisiens, des gens pas comme les autres”, “Le décolleté”, “Les Français et les animaux de compagnie”, “La pause déjeuner à Paris”, “La bande-dessinée française”… Le point de vue japonais sur la vie parisienne est toujours très drôle et étonnante ! J’ai, d’une certaine manière, redécouvert la façon de vivre des Français.

Si vous avez l’occasion de vous les offrir ou de les lire, n’hésitez pas ! Ces BDs très amusantes vous permettront de découvrir quelques habitudes japonaises tout en riant du quotidien des Français.

NISHI J.P., A nous deux, Paris ! et Paris, le retour !, Editions Philippe Picquier, 2012 et 2013, traduit du japonais par Corinne Quentin et Anaïs Koechlin, 191 pages et 143 pages

Livres

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?, Jeanette Winterson

pourquoi-etre-heureux-wintersonPourquoi ce livre ?

C’est grâce au magazine Causette (excellent, par ailleurs !) que j’ai eu envie de m’offrir cette autobiographie. Ils n’en disaient que du bien, ça m’a convaincue. Ne connaissant pas du tout l’auteur, je me suis lancée sans arrière-pensée dans cette lecture.

De quoi ça parle ?

Jeanette Winterson, auteur féministe anglaise contemporaine, raconte par chapitres thématiques des moments de sa vie. Elle se focalise notamment sur son enfance : en tant qu’enfant adoptée, elle a passé 16 ans auprès d’une mère pieuse, malheureuse, méchante et incapable d’aimer, qui a paradoxalement forgé son caractère, sa personnalité et son talent. Une relation amour-haine dans un contexte ouvrier des années 1960, au Nord de l’Angleterre.

Mon avis

En refermant le livre, je suis bluffée. Admirative. Moi qui ne connaissais rien de la vie de Jeanette Winterson, j’ai l’impression d’avoir rencontré quelqu’un. Une femme très sensible, courageuse et ambitieuse, qui a su réaliser son rêve – celui de devenir écrivain – malgré les embûches qu’elle a croisées : une mère terrible, qui brûle tous ses livres quand elle les découvre cachés sous le lit ; une petite ville ouvrière qui vit au rythme des prières et événements religieux ; la découverte de son homosexualité, qui provoque la colère et la honte des parents et voisins ; des mensonges sur son identité et celle de sa mère biologique. Une vie difficile, menée à la baguette, où l’amour, quel qu’il soit, n’a pas de place.

Les pensées de l’auteur ne sont pas toujours développées de manière chronologique : elles sont plutôt organisées par thématiques : “A la maison”, “L’église”, “Accrington”, “Littérature anglaise de A à Z”… La vie de Winterson est découpée. On sent que l’auteur a couché ses idées sur le papier telles quelles. L’écriture est nette, précise. On va à l’essentiel : une phrase, une citation, une anecdote qui changera sa vie… Jeanette Winterson a l’air de se dévoiler autour d’un café, face à nous. On se sent bienvenu, prêt à écouter ses récits.jeanette-winterson

A travers son histoire, l’auteur aborde la question de l’identité et de l’adoption, mais aussi celle du destin. Les années passées auprès de sa famille adoptive ont-elles forgées ce qu’elle est devenue – un écrivain récompensé, une féministe ? Que serait-elle aujourd’hui si elle avait vécu avec sa mère biologique ? Elle ne serait sans doute pas autant battue pour lire en cachette les plus grands auteurs anglais, pour entrer dans une école d’Oxford, pour publier son premier roman. Comme elle, je suis persuadée que l’enfance forge l’adulte. C’est d’ailleurs un très beau témoignage que nous livre Winterson dans ce livre.

Quant au titre, il s’agit d’une phrase cruelle de sa mère adoptive, lorsqu’elle a compris que sa fille était heureuse et amoureuse. Une réplique qui définit parfaitement cette femme seule, infiniment blessée et blessante.

Comme vous le voyez, je suis très heureuse de cette lecture ! Je n’ai maintenant qu’une envie : découvrir les autres écrits de Jeanette Winterson, notamment son premier roman autobiographique intitulé Les oranges ne sont pas les seuls fruits. Vous avez envie d’une autobiographie sensible, sincère et particulièrement bien écrite d’un auteur actuel ? N’hésitez pas, lisez Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?.

WINTERSON Jeanette, Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?, Editions de l’Olivier, 2012 (2011 pour la version originale), traduit de l’anglais par Céline Leroy, 267 pages

Livres

La marche du crabe, tome 1, Arthur de Pins

la-marche-du-crabe-1Pourquoi ce livre ?

Un autre cadeau d’anniversaire !

De quoi ça parle ?

Cette bande-dessinée, qui s’inspire d’un court-métrage original d’Arthur de Pins, met en scène les petits crabes carrés des plages de Gironde, qui ont un défaut majeur : celui de ne pas pouvoir tourner sur eux-mêmes. Ils ne peuvent donc se déplacer qu’en ligne droite durant toute leur vie. Jusqu’au jour où deux crabes décident de changer les choses et s’entraident pour pouvoir enfin tourner… et découvrir le monde !

Mon avis

Soyons simples et directs : La marche du crabe est une excellente bande-dessinée. Pour quelles raisons ?

1. D’abord, c’est léger, coloré et drôle, très drôle ! Ces petits crabes, à la fois touchants et idiots, subissent nombre de moqueries et de harcèlements de la part des autres crustacés. Ils sont aussi menacés par les humains : les enfants leur arrachent sadiquement les pattes quand les adultes les écrasent sans faire attention. La plage, loin d’être un lieu de détente, est un univers impitoyable pour ces petits crabes, qui se battent chaque jour pour leur vie.

2. Ensuite, l’histoire se passe sur les plages de Gironde, non loin de chez moi. Ma ville d’origine est même citée dans les pages, il ne m’en fallait pas plus pour être heureuse (c’est stupide, mais j’assume).

3. La fin de ce premier tome est tout simplement GÉNIALE ! Tellement surprenante ! A vous de la découvrir…

4. Les dessins d’Arthur de Pins sont très particuliers, proches de l’animé. Les contours sont nets, les couleurs resplendissent, rien ne dépasse. J’aime ce style de dessin !

Voici le court-métrage qui a inspiré cette bande-dessinée. Autant le dire, je préfère les livres, plus complets et surtout, plus joliment dessinés. On retrouve toutefois le même humour, ça vous donnera une petite idée, comme ça !

PINS (de) Arthur, La marche du crabe, “La condition des crabes” (tome 1), Editions Soleil Productions, collection Noctambule, 2010, 109 pages

Livres

La page blanche, Pénélope Bagieu et Boulet


boulet-bagieu-page-blanchePourquoi ce livre ?

J’ai reçu cette jolie BD en cadeau d’anniversaire, tout simplement.

De quoi ça parle ?

La première page présente une jeune fille, assise sur un banc parisien, le regard perdu et les cheveux au vent. Que fait-elle ici ? Depuis quand est-elle là ? On ne le sait pas, elle non plus. C’est le point de départ de sa quête d’identité.

Mon avis

Le livre lui-même est joli. Matelassé, coloré, doux… J’ai tout de suite eu envie de l’ouvrir et de feuilleter les premières pages. Au fil de la lecture, on découvre, en même temps que l’héroïne, son histoire et son identité. Elle suit un parcours du combattant pour savoir où elle vit, quel est son métier, qui sont ses proches et surtout, ce qu’elle faisait là, sur ce banc. C’est de manière amusante et touchante qu’elle pénètre, méfiante, dans son appartement. On s’identifie très bien à elle et ça en devient drôle ! Elle redécouvre ses goûts, ses vêtements, ses habitudes… Et constate amèrement qu’elle n’a pas vraiment de personnalité, de passion, de goûts affirmés. Sa perte totale de mémoire, paradoxalement révélatrice, lui permettra d’aller de l’avant.

Les dessins de Bagieu, plutôt simples, permettent une lecture fluide. Les traits sont arrondis, les couleurs pastel, on retrouve bien sûr la patte de la dessinatrice blogueuse. Ils ont une place importante dans le récit : les pages sont en effet souvent dépourvues de texte. Une lecture d’images, donc, qui détend et apaise.

Cette jolie bande-dessinée, légère et intelligente, pose plusieurs questions sur l’identité : finalement, qui sommes-nous vraiment ? Avons-nous de réelles passions ou sont-elles créées par la mode ? Qu’est-ce qui nous identifie ? Notre dernier achat, nos amis, nos lectures ? On ne peut s’empêcher de se mettre à la place de l’héroïne. Des questions que se posent le lecteur et qui prouvent bien que le défi a été relevé avec brio.

BAGIEU Pénélope et BOULET, La page blanche, Editions Delcourt, 2012, 201 pages

Livres

Bord cadre, Jean Teulé

bord-cadre-teulePourquoi ce livre ?

Je l’ai choisi par hasard en faisant mes courses. Un tout petit risque car il s’agit tout de même d’un Teulé.

De quoi ça parle ?

Très court, ce roman raconte l’histoire d’un couple, de sa naissance à sa rupture, en passant par la passion et la déchirure. Marc et Léone, qui se rencontrent chez le peintre Sainte-Rose, vont connaître l’amour fou avant d’entrer en guerre. Un conflit provoqué par leur ami commun, qui propose à Marc, écrivain fragile, d’écrire sur un couple heureux qui se déchirerait. Son but ? Que la fiction remplace la réalité. Marc incarne donc son héros moqueur et méchant pour mieux imaginer son histoire. Un dangereux jeu de rôle qui va mener son couple à la catastrophe.

Mon avis

Bord cadre est un roman rythmé, sur l’amour et la passion artistique. Peut-on détruire ce que l’on aime le plus au monde pour atteindre l’apogée de son art ? C’est en tout cas ce que croient Marc et Sainte-Rose, l’un manipulé, l’autre amusé par ce qui se crée sous ses yeux. Une fois le couple détruit, il pourra peindre le malheur qui se lit dans leurs yeux. Un regard impossible à imiter. Il faut donc qu’il soit sincère et pour cela, le couple doit être malheureux. Tordu, n’est-ce pas ?

Découpé en trois parties principales (Rencontre, Bonheur et Malheur), ce petit livre de Jean Teulé se lit facilement et rapidement. Les courts chapitres rythment la lecture : on observe en accéléré l’histoire d’amour des deux héros ainsi que le mécanisme qui va les mener à leur perte. D’abord tendres, admiratifs et amoureux, Marc et Léone deviennent ennemis. Les déclarations d’amour laissent place aux répliques assassines. Ce qu’ils aimaient chez l’autre devient insupportable. Mais il ne s’agit pas d’un ras-le-bol "ordinaire". Ils incarnent chacun les personnages du roman de Marc, mais se sentent toujours visés personnellement. Une double lecture intéressante et originale, qui fait de cette histoire d’amour une histoire "pas comme les autres".

Bord cadre est un joli petit roman, finalement assez sombre. La fin aurait peut-être pu être évitée. Bien sûr, elle comble et rassure le lecteur, mais elle change légèrement le discours principal du roman. L’amour triomphe-t-il toujours sur la passion ? Jean Teulé donne la réponse, à vous de la découvrir !

TEULÉ Jean, Bord cadre, Editions Pocket, 2011 (1999 pour la publication chez Julliard), 175 pages

Livres

La Tristesse du Samouraï, Víctor del Árbol

A LA VOLTAIRE !Pourquoi ce livre ?

La Tristesse du Samouraï fait partie de la sélection du Prix de la Critique de Puteaux 2013. Dernière lecture imposée de l’année !

De quoi ça parle ?

L’histoire se passe en Espagne, à travers plusieurs périodes historiques : on suit d’abord Maria, avocate renommée des années 80 ; puis en 1941, Isabel, épouse d’un chef de parti d’extrême droite, éprise de liberté ; mais aussi Fernando et Andrès, fils d’Isabel, qui traversent les époques et relient les destins des autres personnages. Différentes familles, qui ont vu leurs destins basculer autrefois, doivent à nouveau faire face à leurs démons… en s’affrontant ou en s’entraidant. Un choix qui n’est pas toujours facile à faire.

Mon avis

Avouons-le tout de suite : j’ai pris peur en lisant la quatrième de couverture. Impossible de faire plus fouillis et démoralisant. J’ai cru un instant que je ne comprendrais rien, que les personnages seraient bien trop nombreux, que l’histoire serait absolument tordue et surtout, qu’en tant qu’inculte de l’histoire d’Espagne, je serais sans repères. Je vous rassure immédiatement, rien de tout cela n’est vrai. OUF.

Certes, les personnages sont nombreux, mais ils sont présentés petit à petit, et ont tous une histoire différente. On s’emmêle peut-être un peu les pinceaux au début mais très vite, on s’y fait. La faute, sans doute, aux prénoms espagnols choisis par l’auteur, qui ont parfois tendance à se ressembler (Marta, Maria…).

L’histoire, bien que complexe, est habilement déroulée. Chaque début de chapitre est introduit par un rappel du lieu et de l’époque qui va concerner ce qui va suivre. Très vite, hop, associations d’idées : 1981 = on suit Maria. Tout va bien.

L’histoire d’Espagne n’est qu’un décor aux péripéties du roman : elle a bien sûr une explication aux comportements de certains, aux combats, aux guerres et autres batailles, mais au fond, je n’y ai pas accordé d’importance, et cela n’a pas gâché ma lecture. Ce qui importe, au fond, ce sont les aventures et révélations humaines, les trahisons, les secrets, les douleurs des personnages, et les liens qui existent entre eux, malgré leur volonté.

Au final, l’auteur propose un récit bien ficelé, qui tient le coup jusqu’au bout. Les révélations parsemées au fil des pages entretiennent le suspense. Les personnages, ni blancs ni noirs, ont tous une part sombre en eux, quelque chose qui les ronge et les empêche d’avancer. La délivrance finale prend plusieurs formes : tuerie, suicide, disparition, solitude… Rien de très gai, je vous l’accorde, mais tout cela a le mérite d’apaiser tout le monde.

Seule déception : l’allusion au samouraï, qui apparaît un peu comme un cheveu sur la soupe dans ce récit espagnol. Le titre, bien que très joli, rappelle seulement quelques phrases du livre. Peut-être aurait-il fallu plus développer cet aspect, ou l’oublier totalement.

Cela dit, ce petit bémol reste un détail. Un bon roman, donc. Je dirais même plus : une bonne surprise ! Idéal pour les vacances à venir.

DEL ÁRBOL Víctor, La Tristesse du Samouraï, Editions Actes Sud, 2012 (2011 pour la version originale), traduit de l’espagnol par Claude Bleton, 351 pages

Livres

La trilogie Millénium, Stieg Larsson

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Pourquoi cette trilogie ?

Par curiosité, tout simplement ! On m’a d’abord offert la version poche du tome 1, que j’ai vraiment dévoré ! Ensuite, il me fallait bien sûr lire la suite mais aussi compléter ma trilogie avec la même édition. C’est pourquoi j’ai préféré attendre la sortie poche des deux derniers tomes… Le 3 étant sorti fin janvier 2013, je me suis ruée dessus et ai fini par le lire en mars.

De quoi ça parle ?

Au début de la trilogie, on suit Mickael Blomkvist, journaliste pour "Millénium", qui vient d’être condamné pour diffamation dans une affaire financière. A la sortie de sa peine, il est contacté par Henrik Vanger, un vieil industriel qui ne se remet pas de la disparition de sa nièce, il y a plus de 40 ans. Celui-ci lui demande alors de mener l’enquête… Blomkvist va rapidement faire la connaissance de Lisbeth Salander, une jeune femme atypique, qui va lui venir en aide.

Le tome 1 se concentre donc sur cette histoire de disparition. Les deux tomes suivants s’intéressent plus aux deux personnages principaux, à leur passé. Quand Lisbeth est accusée de meurtres à tort, Blomkvist va tout faire pour lui venir en aide… C’est en farfouillant dans son passé qu’il va déterrer de vieilles histoires politiques, qui concernent même les plus hautes institutions. Tous deux vont donc se battre côte à côte pour rétablir la vérité et laver l’honneur de la jeune femme.

Mon avis

Il y aurait tant de choses à dire sur ces romans… Tous très épais (le tome 3 fait presque 900 pages poche), ils sont vraiment très détaillés. Chaque conversation ou presque est retranscrite. Le lecteur a donc vraiment accès à tout. On suit les différentes enquêtes, on comprend les pensées de chacun, on s’inquiète pour Lisbeth quand on sait ce qui l’attend, puis l’on est surpris par sa façon de riposter. Découvrant le passé de cette jeune femme courageuse en même temps que Mickael, on est très vite révolté par ce qu’elle a subi et ce qu’on lui reproche au fil des pages.

Le tome 3 est une véritable apothéose : après avoir mis à jour tous les mystères liés de près ou de loin à Lisbeth et sa famille, il se termine par un procès flamboyant, à la hauteur de mes attentes. Je n’en dis pas plus pour ceux qui ne connaitraient pas cette histoire.

Pour résumer, je dirais donc que Millénium est un formidable policier aux couleurs de la Suède. Entre révélations politiques, horreurs perpétuées au nom du secret d’Etat et outrages aux femmes, on ne s’ennuie jamais et l’on veut toujours en savoir plus. Le rythme effréné va de paire avec le suspense et les rebondissements qui ponctuent le récit.

Je n’ai maintenant qu’une hâte : convertir mon entourage à cette trilogie et voir enfin le troisième film, le seul qu’il me reste à découvrir aujourd’hui.

Et la suite ?

J’ai récemment appris qu’un quatrième tome avait été entamé par l’auteur avant qu’il meurt subitement d’un arrêt cardiaque. Concrètement, ce tome aura sans doute du mal à voir le jour, d’abord parce qu’il reste inachevé ; ensuite parce que les droits d’auteur appartiennent au frère et au père de Stieg Larsson, et que cela a créé une polémique monstre à la mort de l’écrivain, car Eva Gabrielsson, son amie (qui n’était pas son épouse, donc), ne disposait (et même aujourd’hui) d’aucun droit, aucun regard sur l’œuvre Millénium.

Je me suis un peu renseignée sur le net, il semblerait que Larsson avait prévu d’écrire une saga géante de dix tomes, dans laquelle il aurait notamment pu faire apparaître la sœur de Lisbeth qui n’existe pas dans la trilogie. Ca m’aurait bien plu je crois.

En tout cas, si vous n’avez pas ces trois tomes, soyez sans crainte, ils se suffisent à eux-mêmes et valent vraiment le coup !

LARSSON Stieg, Millénium, Editions Acte Sud, Collection Babel Noir, traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain, 2010, 2012 et 2013.

Films·Livres

Hitchcock/Truffaut, Helen Scott et François Truffaut

hitchcock-truffautPourquoi ce livre ?

C’est mon âme cinéphile qui a tenu à lire ces entretiens entre Alfred Hitchcock et François Truffaut. Considéré comme une bible par mes anciens profs de cinéma, qui l’appelaient le Hitchbook (c’est vous dire), j’étais bien entendu curieuse de découvrir ce gros bouquin. La médiathèque a fini par le retrouver dans ses vieux placards, pour mon plus grand plaisir !

De quoi ça parle ?

Il s’agit donc d’entretiens avec Hitchcock (maître incontesté du cinéma), menés par Truffaut (réalisateur français de la Nouvelle Vague, que j’aime aussi dites donc !). Les deux hommes abordent tous les films conçus, pensés et réalisés par Hitchcock, mais ils évoquent aussi leurs manières de voir le cinéma, sa magie, son rôle, son utilité.

Mon avis

Ce superbe ouvrage donne incontestablement envie de regarder tous les films du réalisateur anglais ! Ils sont tous abordés par les deux interlocuteurs, des premiers films bricolés, muets et en noir et blanc, jusqu’aux grands films américains, en passant par la période anglaise et humoristique du cinéaste. Cette lecture est donc à la fois frustrante (par le fait que l’on ne connaisse pas forcément tous les films cités) et passionnante, car l’on y apprend beaucoup de choses.

On découvre un Hitchcock sévère mais sensible, qui sait ce qu’il veut et rechigne à tourner avec des acteurs “de seconde zone”. Ce sont bien sûr les stars qu’il préfère, celles qui savent plaire au public, qui savent les effrayer et les émouvoir. Car c’est avant toute chose cela qui comptait le plus pour cet homme sans doute très charismatique : l’émotion.coffret-dvd-hitchcock

Avant même de lire ces entretiens, j’étais déjà pleine d’admiration pour Hitchcock. Je crois l’avoir découvert au collège dans La mort aux trousses et depuis, je n’ai cessé d’aimer ses films et ses petits programmes TV plein d’humour. Etant en possession d’un coffret gigantesque de DVDs, je crois que je vais me replonger dedans, pour le plaisir de retrouver ces petits clins d’œil techniques, ces montages admirables et ces scénarios rocambolesques qui font le charme du réalisateur.

Si vous avez envie de découvrir Hitchcock et surtout, qu’on vous donne envie de regarder ses films, lisez ces entretiens. Quant aux films en eux-mêmes, je vous conseille Psychose (culte), Le crime était presque parfait (frissonnant), L’Inconnu du Nord-Express (grandiose), Fenêtre sur cour (amusant), Vertigo (sublime), Les Oiseaux (effrayant : mon favori !) et Frenzy (jubilatoire).

J’aurais voulu terminer avec “Lamb to the Slaughter”, un court-métrage génial d’Hitchcock, mais je ne le trouve pas en sous-titré VF. Si par hasard vous tombez dessus, faites-moi signe, je rajouterai la vidéo dans cet article.

TRUFFAUT François et SCOTT Helen, Hitchcock/Truffaut, Editions Ramsay, 1983, 307 pages

Livres

Le Montespan, Jean Teulé

Le-Montespan-livre-Jean-TeulePourquoi ce livre ?

N’étant jamais déçue par les romans de Jean Teulé, j’ai aussitôt rangé celui-ci dans mon sac après l’avoir aperçu traînant chez mes parents.

De quoi ça parle ?

Ce roman raconte l’histoire de Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, soit le marquis de Montespan, qui a vécu pendant le règle de Louis XIV. On le suit dès sa rencontre avec sa future épouse Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, plus tard appelée Madame de Montespan, jusqu’à la mort du couple (soit sur une trentaine d’années il me semble). Malheureusement connu pour avoir été le cocu du Roi, le Montespan, amoureux transi de sa femme, fera tout pour la reconquérir et se venger de l’amant royal…

Mon avis

Il s’agit sans doute du meilleur roman que j’ai lu de Jean Teulé ! Pourtant, je n’en ai pas lu beaucoup, mais j’ai été particulièrement séduite par celui-ci. Relativement court (un peu plus de 300 pages poche), il a réussi à m’émouvoir, à me surprendre et surtout, surtout, à me faire rire. Pas seulement sourire, mais vraiment rire. En le lisant à la gare, je me suis surprise à rigoler parfois de certaines phrases, me reprenant aussitôt, de peur d’effrayer les gens qui m’entouraient.

En plus d’être drôle, donc, ce livre est touchant. Il creuse vraiment le personnage du Montespan, ce marquis fou d’amour pour sa belle, si malheureux de l’avoir perdue. A l’époque de Louis XIV, cela a de quoi interroger. Comme les autres personnages, on se demande pourquoi cet homme s’attache tant à cette femme, quand on sait qu’à la cour, il était plutôt flatteur d’être le cocu du Roi Soleil. Lui prend ça comme une déclaration de guerre. Naïf et trop gentil, le Montespan est surtout très courageux ! En l’honneur de ses souvenirs heureux, de son amour flamboyant et de ses enfants abandonnés par leur mère, le marquis s’infiltre à Versailles, crée des scandales, affronte le Roi sans trembler. C’est un homme admirable, qu’on aimerait tant aider et soutenir. Comme souvent chez Teulé, on suit un personnage peu connu ou même oublié, qui mériterait pourtant une récompense, après avoir lutter si durement pour sauver son amour. Sarcastique, il enterre même cet amour après une cérémonie religieuse tout à fait normale.

Parallèlement à l’histoire de la famille Montespan, l’auteur nous livre, je pense, un bon aperçu de la vie à cette époque, notamment à propos de l’hygiène. On imagine très bien les rues sales, les soirées versaillaises peu conventionnelles, où les femmes les plus raffinées à la Cour ne se gênent pas pour uriner ou déféquer au milieu d’une pièce. Les parties de jambes en l’air (comme celle du Roi et de sa maîtresse) sont elles aussi décrites sans pudeur. Tout comme le comportement odieux du fils des Montespan, le duc d’Antin, qui face à la mort de ses parents ne pense qu’à la gloire. L’écriture de Teulé rend ces situations drôles ou surprenantes, car les choses sont dites naturellement, sans fioritures.

Cette lecture est donc, pour le moment, ma meilleure lecture 2013. Je n’avais tout simplement pas envie que l’histoire se termine et croisait les doigts à chaque chapitre pour que Madame de Montespan reprenne ses esprits et retourne auprès de son époux amoureux. Quant au présent simple, choisi par l’auteur pour raconter cette histoire, il ne m’a pas du tout dérangé ! Etonnant, non ? Moi qui ne le supporte pas habituellement, je ne m’en suis rendue compte qu’au milieu du livre. Preuve que l’emploi de ce temps peut être justifié.

Infos complémentaires

Le Montespan a reçu le Prix Maison de la Presse et le Grand prix Palatine du roman historique. Il a aussi été élu parmi les 20 meilleurs livres de l’année 2008 par le magazine Le Point.

TEULÉ Jean, Le Montespan, Editions Pocket, 2011 (2008 pour l’édition originale chez Julliard), 307 pages