Livres

Le ver à soie, Robert Galbraith

le-ver-a-soie_robert-galbraithPourquoi ce livre ?

L’auteure ! Rappelez-vous, j’avais adoré L’appel du Coucou, le premier volume de cette nouvelle série policière discrètement signée J. K. Rowling. Et puisque les livres sont beaux, pourquoi ne pas continuer cette collection, je vous le demande.

De quoi ça parle ?

L’écrivain torturé Owen Quine a disparu, juste après avoir remis le manuscrit de son nouveau roman, un texte sulfureux, plein de révélations assassines sur son entourage. Sa femme charge le détective Strike d’enquêter sur cette disparition. Il va devoir être rusé et plus malin que les nombreux suspects, tout en comptant sur l’aide de sa précieuse assistante Robin.

Mon avis

Quel plaisir de retrouver la plume si particulière de cette auteure ! Je me suis plongée avec délice dans cette nouvelle enquête policière, encore une fois assez classique, mais pourtant tout à fait addictive. Strike, toujours mystérieux mais très attachant, nous emmène dans les rues de Londres, claudiquant autour des maisons des suspects, enquêtant en parallèle de la police. Robin se révèle un peu plus, elle prend de l’assurance et devient véritablement la complice de son patron.

On tourne les pages sans réfléchir, c’est un roman plaisir, un de ceux qui reposent l’esprit, qui cajolent, qui nous rendent bien, nous détendent… Un livre d’été ou d’hiver, peu importe. Une enquête sans rien d’extraordinaire, truffée de dialogues savoureux, d’indices dissimulés ici ou là, de mystères entretenus… C’est ce qu’il me fallait à cet instant-là !

Je vous le conseille, bien sûr. Et j’attends de pied ferme la suite des aventures du brusque Cormoran Strike !

Livres

Dans la peau d’une djihadiste, Anna Erelle

dans-la-peau-dune-djihadiste-anna-erellePourquoi ce livre ?

C’est ma grand-mère qui m’en a parlé puis me l’a prêté. Je n’ai pas tardé à le découvrir, intriguée par cette enquête.

De quoi ça parle ?

L’auteure raconte l’enquête journalistique qu’elle a réalisée en 2014 : infiltrer les filières de recrutement de l’Etat islamique, en se faisant passer pour Mélanie, une jeune française convertie à l’islam. Très vite, elle est contactée par un djihadiste émir qui va tout faire pour la convaincre de le rejoindre en Syrie pour l’épouser et combattre à ses côtés. Jusqu’où va aller l’enquête ? Quels seront ses effets sur la journaliste ?

Mon avis

WHAHOU. Je l’ai dévoré. Je le lisais au travail, dans le métro, en arrivant chez moi, entre deux tâches ménagères… J’ai vraiment adoré ce bouquin, qui est terriblement addictif et passionnant. Pourtant, je ne suis pas particulièrement intriguée par les filières djihadistes. Et pourtant, pourtant… Ce livre est incroyablement fascinant : on ne peut pas l’abandonner, ou même le lâcher plus de quelques heures.

Le « djihad 2.0 » décrypté dans ce livre a tout de la propagande : la manière qu’a le recruteur de flatter et convaincre la jeune fille, d’embellir la situation, est une chose terrible. N’importe qui, en manque de repère ou de confiance en soi, peut tomber dans les mailles de ces filets numériques. On comprend comment l’Etat islamique utilise la misère et souffrance sociale de certains jeunes français pour les recruter. En leur vendant du rêve, le chemin est déjà à moitié parcouru.

Au-delà de ça, c’est l’expérience intime de la journaliste qui nous captive : petit à petit, elle se sent envahie par son interlocuteur, qui la harcèle de messages et d’appels. Il s’insinue dans sa vie quotidienne, lui impose un rythme, devient omniprésent… La fin du livre est riche en suspense : Anna Erelle part à Amsterdam, première étape du voyage vers la Syrie. Et tout ne se passe pas comme prévu… Le stress est immense à la lecture, car l’on sait que cela est vrai.

Je ne vous révèlerai pas tout pour vous laisser découvrir ce récit, mais aujourd’hui, l’auteure est encore menacée et vit sous anonymat, protégée par l’Etat français. Autant vous dire que ça fout les jetons !

C’est un livre à lire, c’est certain. Pour comprendre l’état d’urgence dans lequel nous vivons en restant loin des discours politiques, en vivant le réel, l’intime, le cœur du problème. Dans le même esprit que l’exceptionnel Les proies, dans le harem de Kadhafi, d’Annick Cojean.

Livres

La dernière carte, Carin Gerhardsen

derniere-carte-carin-gerhardsenPourquoi ce livre ?

Je l’avais reçu en cadeau l’année dernière et le gardais précieusement pour une lecture hivernale, choix incité par la couverture, qui s’est révélée fort mensongère !

De quoi ça parle ?

Sven-Gunnar Erlandsson est un bon père de famille et un homme apprécié par son entourage. Un soir, en rentrant de la traditionnelle soirée poker qu’il partage chaque année avec trois amis, il se fait tuer d’une balle dans la nuque. Dans sa poche, la police découvre quatre cartes à jouer et un mystérieux code noté sur un papier. L’équipe de la criminelle se plie en quatre pour comprendre ce meurtre énigmatique…

Mon avis

Comme je l’ai dit plus haut, IL NE FAUT PAS SE FIER A LA COUVERTURE ! La neige et le gant rouge m’avaient séduite avant même que je lise le résumé, et m’avaient laissé croire qu’il s’agissait d’une lecture d’hiver. Pauvres fous ! L’enquête se passe à la fin de l’été, les enquêteurs écourtent d’ailleurs leurs vacances. Et le gant rouge n’existe tout simplement pas. Je peux donc affirmer que l’éditeur n’a pas lu ce texte. Je ne sais pas quoi penser de tout ça…

Ceci étant dit, parlons du roman. Comme à chaque lecture originaire du Nord de l’Europe (ici, la Suède) que j’ai pu faire, je me suis aussitôt sentie perdue par les noms propres (personnages, noms de rues et de villes). Il m’a donc fallu un temps d’adaptation pour rentrer dans l’histoire et savoir qui était qui. Heureusement, l’intrigue étant passionnante et la lecture facile, j’ai rapidement surmonté cette petite difficulté.

Rien d’original dans cette enquête policière : l’entourage de la victime n’en fait que des louanges mais l’on sent pourtant un malaise ambiant ; l’équipe policière se compose de caractères bien différents, et chacun a sa manière de mener l’enquête. La résolution du mystère n’a rien d’incroyable. Pourtant, malgré tout cela, on lit cette histoire avec grand plaisir, en soupçonnant tout le monde à tour de rôle, comme dans chaque bon polar.

A lire si vous êtes en quête d’un récit divertissant, d’un policier entraînant, simple à lire et à suivre.

Livres

L’appel du Coucou, Robert Galbraith

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Parce que l’auteur, évidemment, qui n’est autre que J.K. Rowling, comme vous le savez sûrement. J’ai tellement été conquise par sa série Harry Potter étant plus jeune et par le dramatique Une place à prendre que je ne peux pas laisser passer un autre de ses romans.

De quoi ça parle ?

Une nuit d’hiver, à Londres, le célèbre mannequin Lula Landry est retrouvée morte au pied de son immeuble. La police déclare que c’est un suicide mais son frère persiste à croire qu’il s’agit d’un meurtre. Il contacte donc le détective privé Strike, fauché et bourru, qui va devoir mener l’enquête de A à Z, aidée de sa nouvelle secrétaire Robin.

Mon avis

Soit J. K. Rowling est très talentueuse, soit j’ai un avis tout à fait subjectif. En tout cas, et encore une fois, j’applaudis cette auteure pleine de surprises ! Après une saga jeunesse fantastique et un drame contemporain, elle nous livre là un policier parfaitement mené.

D’abord, quel plaisir de retrouver sa plume et sa manière de rendre les personnages plus vrais que natures. Strike, ce détective privé complètement à l’ouest, révèle une personnalité complexe. On a même envie d’en savoir plus sur son passé tant on s’attache à lui. Idem pour la jeune Robin, maligne et pleine de ressources.

Ensuite, l’intrigue policière s’inspire des romans policiers classiques : enquête en bonne et due forme, succession de témoignages, de rebondissements, de minuscules indices qui laissent le lecteur perplexe mais semblent évidents pour l’inspecteur solitaire.  J’aurais pu me lasser de ce schéma peu original mais mêlé à l’écriture de J. K. Rowling, il prend une tournure plus moderne, plus dynamique. On visualise les rues de Londres où boite notre héros, les vieilles pies qu’il interroge, les amis éplorés, la famille méfiante… Tous ont une personnalité, une histoire.

Enfin, le dénouement est surprenant : on lève un sourcil et l’on se délecte des explications finales de Strike, qui reprend le fil des événements en les éclairant de tous ces indices que l’on croyait futiles.

Une très belle lecture, donc. La suite des aventures de Strike est déjà sortie en anglais et sortira en France le 15 octobre sous le titre « Le ver à soie ». J’ai hâte ! Selon une rumeur, elle aurait peut-être prévu d’écrire 7 romans autour du détective. Youpi ! Avec de si belles couvertures, ça ferait une belle collection dans ma bibliothèque.

GALBRAITH Robert, L’appel du Coucou, éditions Grasset, 2013, traduit par François Rosso, 572 pages

Livres

Garde tes larmes pour plus tard, Alix de Saint-André

gardeteslarmespourplustard-alix-desaintandrePourquoi ce livre ?

Il s’agit du dernier livre de la sélection du Prix de la Critique Littéraire de Puteaux !

De quoi ça parle ?

Alix de Saint-André, journaliste à Elle puis auteur, mène l’enquête sur les origines et la famille mystérieuses de Françoise Giroud, fondatrice de l’Express, romancière et ancienne secrétaire d’Etat à la culture et chargée de la condition féminine sous Giscard d’Estaing.

Mon avis

L’entrée en matière est efficace : Françoise Giroud meurt, en laissant de nombreux mystères familiaux derrière elle. Sa première biographie la discrédite, l’accuse d’antisémitisme et attise le feu vengeur d’Alix de Saint-André, journaliste talentueuse amie de la grande dame. Elle attrape sa plume, contacte Caroline Eliacheff, fille de Françoise Giroud, et décide de jouer les Sherlock Holmes pour démêler tous les nœuds de la vie de cette famille, éclairer les zones d’ombres, rétablir les faits et stopper la rumeur.

Très vite, donc, le livre entraîne le lecteur et lui promet une belle investigation. Mais il faut probablement connaître Françoise Giroud pour apprécier à juste valeur l’enquête d’Alix de Saint-André : connaître le personnage, son parcours et les polémiques qu’elle suscitait… Sans cela, il manque un petit plus, un poil de biographie, un soupçon de photographies. Bien évidemment, le lecteur peut à loisir faire sa propre petite enquête. Une démarche nécessaire qui n’aurait pas dû l’être mais qui permet de visualiser le contexte et la femme qu’était Françoise Giroud.

Cela étant fait, on apprécie enfin les multiples échanges entre Alix et Caroline, leurs découvertes fascinantes sur la famille de Françoise Giroud, ses parents et grands-parents. Il arrive pourtant que l’on décroche, car la remontée dans l’arbre généalogique se fait trop précise, trop pointue, et l’on ne sait plus qui est qui. On retient en revanche la pudeur de Françoise à propos de ses origines juives, le combat politique de son père, la soif de vérité de son petit-fils devenu rabbin… Une famille riche et complexe !

La plume de l’auteur, quant à elle, retranscrit un attachement certain pour Françoise Giroud. Acérée, précise et directe, elle attaque les détracteurs de la fondatrice de l’Express, relate l’enquête dans ses moindres détails, remercie ceux qui permettent certaines révélations et rend compte de la difficulté de la recherche généalogique. Peut-être un peu trop long et détaillé, Garde tes larmes pour plus tard reste un bel ouvrage, entre biographie et essai, dressant le portrait raturé et rafistolé d’une femme hors du commun, à la manière d’un puzzle que l’on reconstitue enfin.

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SAINT-ANDRE (de) Alix, Garde tes larmes pour plus tard, éditions Gallimard, 2013, 289 pages

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Les proies, dans le harem de Kadhafi, Annick Cojean

CV-Les ProiesOK.qxp:301,3x205Pourquoi ce livre ?

Je n’en avais entendu que du bien. Lorsque ma grand-mère l’a reçu pour Noël, je me suis empressée de lui demander de me le prêter quand elle le voudrait. Ce fut chose faite il y a un mois environ.

De quoi ça parle ?

Il s’agit d’une enquête menée par la journaliste Annick Cojean sur les horreurs commises par Kadhafi et ses sous-fifres : le Guide libyen, depuis des années, a en effet séquestré, violé, torturé et tué des centaines de femmes et jeunes filles, qui composaient son harem personnel au sous-sol de sa villa. Horrifiée par les rumeurs, Annick Cojean a enquêté et obtenu quelques témoignages, dont celui de Soraya, détruite mais courageuse, qui raconte dans le détail l’enfer qu’elle a vécu alors qu’elle n’avait que 13 ans.

Mon avis

Difficile d’écrire sur le sujet tant il est terrible… Je ne sais pas par où commencer, car je suis encore bouleversée par ce que j’ai lu. Le livre est découpé en deux parties : d’abord, on découvre le récit de Soraya, l’une des esclaves sexuelles de l’ancien dictateur libyen. La jeune fille, qui a aujourd’hui mon âge, raconte tout dans le détail : son enfance, la visite du Guide dans son école, comment elle fut choisie puis enlevée, sa vie d’esclave, ses humiliations, sa descente en enfer… Dès le début, on est happé par son histoire : elle semble irréelle, impensable. Pourtant, c’est bien la vérité qui éclate au grand jour : fou, dangereux, pervers et meurtrier, Kadhafi n’a pas seulement mené une dictature extrême en Libye, il a commis d’horribles méfaits, protégé par sa toute-puissance et par les traditions de son pays.

Car les viols, les crimes et les séquestrations subis par toutes ces femmes ne sont que sources de souffrance et de honte. Là-bas, le sujet est tabou, bien plus encore qu’en France. Détruites, honteuses et rongées par le désespoir, les victimes ne sont pas encouragées à parler de leur histoire. La deuxième partie du livre est dédiée à l’enquête de l’auteur, qui a rencontré d’autres femmes. Sous couvert d’anonymat, les voici qui racontent elles-aussi les horreurs qu’elles ont vécues, en priant la journaliste de ne pas ébruiter leurs témoignages.

Certains hommes, aussi, sont appelés à donner leur avis : des employés, qui savaient et ne disaient rien, ou ne pouvaient rien dire ; des victimes, aussi, eux-aussi violés et séquestrés par le Guide ; des responsables de l’armée, qui faisaient semblant de tout ignorer mais protégeaient tout de même les femmes de leur famille.

A la lecture de ce livre ressort deux grandes idées : Kadhafi était un monstre sans foi ni loi, prêt à tout pour assouvir ses pulsions sexuelles morbides. Le sexe fut le moyen pour lui de tout contrôler et d’avoir un droit de vie ou de mort sur quiconque. Savoir qu’il a côtoyé d’autres chefs d’Etat et des personnalités du monde entier, alors qu’en son sous-sol croupissaient des filles et des femmes, est une pensée insupportable. Moi-même, je me suis souvent demandé ce que je faisais durant ces instants… L’autre idée qui ressort du livre, c’est bien sûr que la Libye, encore rongée par ces années terribles, n’ignorait rien de ces horreurs. Encore aujourd’hui, tout cela semble connu des Libyens, mais ils n’en parlent pas. On préfère étouffer ces sombres années plutôt que de faire hommage aux victimes et de les libérer d’un poids qui les étouffe.

Sur ce, je vous laisse avec un petit mot écrit par ma grand-mère, qui résume très bien mon opinion :

Il est bon parfois de se pencher sur le sort des femmes esclaves sexuelles de dictateurs fous, ou otages d’hommes de guerre ou même de paix. Souvent exclues de la société, certaines meurent de honte et de désespoir. D’autres osent dire leur calvaire et dénoncent leurs tourmenteurs, qui seront rarement poursuivis. Il est des femmes qui lèvent la tête et tissent, ensemble, un avenir meilleur pour leurs petites filles, souvent à leurs risques et périls. Femmes Courage, Femmes Résistantes, que puis-je faire pour vous aider ? Parler de vous.

COJEAN Annick, Les proies, dans le harem de Kadhafi, éditions Grasset, 2012, 324 pages