Un funambule sur le sable, Gilles Marchand
J’ai lu ce roman dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire organisés par Price Minister. #MRL17
J’ai lu ce roman dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire organisés par Price Minister. #MRL17
Pourquoi ce livre ?
Parce que Riad Sattouf ! J’aime beaucoup ce dessinateur et lorsque j’ai aperçu sa nouvelle BD, je n’ai pas réfléchi. Hop, sous le bras !
De quoi ça parle ?
Riad Sattouf a choisi d’écouter Esther, une petite fille de 10 ans, et de dessiner les histoires de sa vie quotidienne pour en dresser un portrait dessiné.
Mon avis
Génial ! Bon, évidemment, puisque c’est Riad Sattouf, je n’ai pas un avis très objectif. D’abord, le dessin est toujours aussi bien et le jeu avec les couleurs tranchées (rose, vert, jaune, bleu…) ajoute une touche de peps à l’ensemble.
Le choix de raconter une histoire par page, à la manière des bandes-dessinées classiques type Boule et Bill, permet de dresser un portrait très touchant d’Esther et de son quotidien. « La famille », « Le papa et la maman », « Antoine », « L’alerte enlèvement », « Le chanteur populaire »… toutes ces petites histoires racontent la vie de la petite fille à l’école, dans la cour de récré, mais aussi à la maison avec son frère débile et ses parents parfaits.
C’est un quotidien très banal que l’on a sous les yeux, et pourtant, on est séduit par Esther et sa manière de voir les choses. Riad Sattouf a le talent de montrer, à travers ses yeux à elle, les préoccupations, réflexions et mentalités d’une jeune génération. L’iPhone 6 est le Saint-Graal d’Esther, qu’elle espère chaque jour obtenir ; les garçons qui jouent les gros durs sont ses héros, les plus discrets des nuls à ses yeux ; l’apparence a une importance capitale ; elle aime autant Balavoine que Beyonce ; « Raiponce » est son film préféré… C’est la vie d’une fille qui oscille entre enfance et adolescence.
J’étais à la fois amusée par ces petites choses qui constituent sa vie, et étonnée par la violence et l’injustice omniprésentes à l’école. Les insultes ne sont pas rares, l’exclusion et la moquerie non plus. Et cela paraît tout à fait normal à la demoiselle, qui apporte aussi parfois sa pierre à l’édifice sans se rendre compte que les mots sont crus et blessants. Incroyable !
Je vous conseille mille fois cette BD ! J’ai appris que Sattouf prévoyait de suivre Esther jusqu’à ses 18 ans. Quelle bonne idée ! L’ensemble deviendrait un véritable portrait de génération très instructif. N’hésitez pas !
Pourquoi cette bande-dessinée ?
Je m’étais promis, une fois mon salaire tombé, de m’offrir l’une des milles bandes-dessinées qui me font envie en ce moment. Chose promise, chose faite : quelques déambulations chez Cultura m’ont fait craquer pour celle-ci.
De quoi ça parle ?
Riad Sattouf, dessinateur et réalisateur connu pour La vie secrète des jeunes ou les films Les beaux gosses, Gainsbourg ou Camille redouble (que j’ai adoré !), raconte son enfance en Libye et en Syrie. D’origine franco-syrienne, il revient sur sa découverte de ces pays arabes : son installation avec ses parents, la rencontre avec la famille, les autres enfants, les règles de vie en société…
Mon avis
Superbe bande-dessinée autobiographique ! Riad Sattouf est un dessinateur de talent : il observe le Moyen-Orient des années 70-80 avec ses yeux d’enfant et le raconte avec beaucoup d’humour. Ainsi, les autres enfants ne cessent de s’insulter, haineux envers les Juifs dès leur plus jeune âge, et Riad décide d’apprendre les insultes « traditionnelles » de Syrie. Les adultes sentent la sueur et ne sont pas très chaleureux, mais lui préfère cette odeur à celle de l’air français. Le mode de vie des Libyens, qui n’ont pas le droit de propriété et prennent donc le risque de se faire piquer leur appartement s’ils le quittent, a l’air de le fasciner. On découvre tout cela à travers lui, avec la même curiosité, quoi qu’un peu plus méfiant puisque l’on connaît aujourd’hui les horreurs commises par Kadhafi (à ce propos, lisez Les proies, dans le harem de Kadhafi, d’Annick Cojean).
Riad est aussi entouré d’une famille originale : une mère française, finalement assez effacée, qui suit son mari fougueux sur les terres de son enfance ; un père politisé plein de contradictions qui a tout d’un héros pour le petit Riad ; deux grands-mères très opposées, l’une bretonne et charmante, l’autre syrienne et mystérieuse… On s’attache à tous ces personnages qui semblent n’avoir rien en commun, si ce n’est les liens du sang ou du mariage.
Les dessins, enfin, sont tout ce que j’aime : traits fins, formes arrondies… la simplicité est au rendez-vous. On se sent immergé dans la vie de la famille Sattouf et l’on imagine très bien les villes et campagnes arabes grâce aux quelques éléments dessinés et aux descriptions de l’auteur. Pas besoin de tout un tralala !
Une très chouette BD, donc, qui mérite d’être offerte, à vous-même ou à votre entourage. Très riche en texte, elle met un certain temps à se lire et l’on ne regrette aucunement son achat !
SATTOUF Riad, L’arabe du futur, Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984), Allary Editions, 2014, 158 pages