Elizabeth II, dans l’intimité du règne, Isabelle Rivère
Quand elle apparaît à la télévision, la reine Elizabeth II semble froide, impassible. Elle ne réagit pas à l’agitation qui l’entoure, ou si peu. Elégamment vêtue de tissus colorés et de bijoux précieux, la souveraine n’inspire pas d’emblée la sympathie. Pourtant, elle est aussi femme et épouse. Elle a été enfant, amie ou cousine. Elle est devenue mère et grand-mère. Bientôt, elle sera aussi arrière-grand-mère.
C’est sous cet angle qu’Isabelle Rivère dresse le portrait de l’actuelle reine du Royaume-Uni. Dès le début, on y découvre une personnalité, des qualités et des défauts. On y apprend qu’Elizabeth, si jeune alors à la mort de son père George VI, ne voyait pas forcément d’un bon œil son couronnement soudain. Déjà petite, elle savait ce qui l’attendait et ne s’en réjouissait pas.
C’est un soulagement : le chef du Commonwealth fut une petite fille (presque) comme les autres ! Lilibeth, comme la nomme ses proches, a joué avec sa sœur, s’est ennuyée aux repas officiels, s’est passionnée pour l’équitation. Bien sûr, elle a aussi connu le luxe, les grands espaces, les vêtements resplendissants et les cadeaux rares. Elle a croisé du beau monde, voyagé dans le monde entier, goûté aux meilleurs plats. Mais cette magie-là, au lieu de la desservir, la rend charismatique. Elle a eu tout ce qu’elle voulait, excepté une vie normale, et c’est ce qui fait sa richesse.
Admirable personnage qui, malgré ses premières réticences, a accepté son destin et joué son rôle à merveille. Proche des gens, curieuse de tout, compréhensive et à l’écoute, Elizabeth a notamment séduit tous les chefs d’Etat français. L’auteur consacre d’ailleurs un chapitre à cette relation franco-britannique, avant tout politique mais aussi sincèrement amicale.
Quel plaisir donc, de découvrir ce parcours flamboyant. Mais l’écriture d’Isabelle Rivère n’y est pas… Les citations et les arbres généalogiques alourdissent le récit. Les informations factuelles, inintéressantes, allongent les chapitres inutilement. On aurait préféré plus d’anecdotes et surtout, quelques documents, quelques photos de jeunesse de la reine, parsemées entre les pages. Présentées sous forme de portraits, dessins et photographies, les grandes familles royales et aristocratiques décrites ici ou là auraient sans aucun doute plus attiré l’attention. Sans cela, leurs parcours n’ont que peu d’intérêt. Les longues descriptions achèvent le lecteur, qui sursaute quand enfin une phrase ou une exclamation viennent le réveiller.
Néanmoins, le livre d’Isabelle Rivère a le mérite de faire connaître la souveraine et de changer le regard qu’on lui portait auparavant. Désormais, aux yeux du lecteur, Elizabeth n’est plus seulement reine, elle est humaine.
RIVERE Isabelle, Elizabeth II, Dans l’intimité du règne, Editions Fayard, 2012, 359 pages
