Le Montespan, Jean Teulé
N’étant jamais déçue par les romans de Jean Teulé, j’ai aussitôt rangé celui-ci dans mon sac après l’avoir aperçu traînant chez mes parents.
De quoi ça parle ?
Ce roman raconte l’histoire de Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, soit le marquis de Montespan, qui a vécu pendant le règle de Louis XIV. On le suit dès sa rencontre avec sa future épouse Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, plus tard appelée Madame de Montespan, jusqu’à la mort du couple (soit sur une trentaine d’années il me semble). Malheureusement connu pour avoir été le cocu du Roi, le Montespan, amoureux transi de sa femme, fera tout pour la reconquérir et se venger de l’amant royal…
Mon avis
Il s’agit sans doute du meilleur roman que j’ai lu de Jean Teulé ! Pourtant, je n’en ai pas lu beaucoup, mais j’ai été particulièrement séduite par celui-ci. Relativement court (un peu plus de 300 pages poche), il a réussi à m’émouvoir, à me surprendre et surtout, surtout, à me faire rire. Pas seulement sourire, mais vraiment rire. En le lisant à la gare, je me suis surprise à rigoler parfois de certaines phrases, me reprenant aussitôt, de peur d’effrayer les gens qui m’entouraient.
En plus d’être drôle, donc, ce livre est touchant. Il creuse vraiment le personnage du Montespan, ce marquis fou d’amour pour sa belle, si malheureux de l’avoir perdue. A l’époque de Louis XIV, cela a de quoi interroger. Comme les autres personnages, on se demande pourquoi cet homme s’attache tant à cette femme, quand on sait qu’à la cour, il était plutôt flatteur d’être le cocu du Roi Soleil. Lui prend ça comme une déclaration de guerre. Naïf et trop gentil, le Montespan est surtout très courageux ! En l’honneur de ses souvenirs heureux, de son amour flamboyant et de ses enfants abandonnés par leur mère, le marquis s’infiltre à Versailles, crée des scandales, affronte le Roi sans trembler. C’est un homme admirable, qu’on aimerait tant aider et soutenir. Comme souvent chez Teulé, on suit un personnage peu connu ou même oublié, qui mériterait pourtant une récompense, après avoir lutter si durement pour sauver son amour. Sarcastique, il enterre même cet amour après une cérémonie religieuse tout à fait normale.
Parallèlement à l’histoire de la famille Montespan, l’auteur nous livre, je pense, un bon aperçu de la vie à cette époque, notamment à propos de l’hygiène. On imagine très bien les rues sales, les soirées versaillaises peu conventionnelles, où les femmes les plus raffinées à la Cour ne se gênent pas pour uriner ou déféquer au milieu d’une pièce. Les parties de jambes en l’air (comme celle du Roi et de sa maîtresse) sont elles aussi décrites sans pudeur. Tout comme le comportement odieux du fils des Montespan, le duc d’Antin, qui face à la mort de ses parents ne pense qu’à la gloire. L’écriture de Teulé rend ces situations drôles ou surprenantes, car les choses sont dites naturellement, sans fioritures.
Cette lecture est donc, pour le moment, ma meilleure lecture 2013. Je n’avais tout simplement pas envie que l’histoire se termine et croisait les doigts à chaque chapitre pour que Madame de Montespan reprenne ses esprits et retourne auprès de son époux amoureux. Quant au présent simple, choisi par l’auteur pour raconter cette histoire, il ne m’a pas du tout dérangé ! Etonnant, non ? Moi qui ne le supporte pas habituellement, je ne m’en suis rendue compte qu’au milieu du livre. Preuve que l’emploi de ce temps peut être justifié.
Infos complémentaires
Le Montespan a reçu le Prix Maison de la Presse et le Grand prix Palatine du roman historique. Il a aussi été élu parmi les 20 meilleurs livres de l’année 2008 par le magazine Le Point.
TEULÉ Jean, Le Montespan, Editions Pocket, 2011 (2008 pour l’édition originale chez Julliard), 307 pages