Carrie, Stephen King
Parce qu’il m’a été offert par Anna, lors du swap « Born in the USA » qui a eu lieu en juin dernier. Mais aussi parce que j’avais besoin d’un court roman et qu’il était évidemment temps que je lise ce classique américain.
De quoi ça parle ?
Est-ce nécessaire de l’expliquer ? … Carrie White a 17 ans et vit dans une petite ville américaine sans histoire. Solitaire et mystérieuse, elle est le bouc émissaire de son lycée et doit supporter le fanatisme religieux de sa mère. Qui plus est, elle est dotée d’un don étrange qu’elle ne maîtrise pas assez : celui de déplacer les objets par la pensée. Bientôt arrive la date fatidique du bal de l’école et par miracle, elle est invitée par Tommy, le garçon le plus populaire du lycée, sincère et gentil. Pourtant, la soirée qui semblait si parfaite, va très mal tourner.
Mon avis
Eh oui, eh oui, c’est un sacrilège : aimer les thrillers et autres romans noirs et n’avoir jamais lu Carrie, le comble ! Bien sûr, je connaissais l’histoire. Il y a un certain nombre d’années que je l’ai découverte via l’adaptation cinématographique de Brian de Palma, qui m’avait littéralement scotchée. Surtout Sissy Spacek, qui y incarne l’héroïne avec brio (et a d’ailleurs reçu des prix pour cette interprétation).
J’ai aussi vu récemment la nouvelle adaptation de Kimberly Peirce avec Chloe Grace Moretz (une Carrie un peu trop belle à mon goût) et c’est aussi ce visionnage qui m’a donné envie d’en savoir plus.
Le roman, donc. Ebouriffant. Intelligent. Ce n’est pas un roman d’horreur à proprement dit : l’auteur ne se satisfait pas de quelques terribles scènes sanglantes. Il construit autour du drame final une véritable réflexion. Si Carrie use violemment de son pouvoir, ce n’est pas seulement parce que sa mère est folle, parce qu’elle veut se venger ou parce que ce fameux don est incontrôlable. C’est aussi parce qu’elle a subit trop de harcèlements et de moqueries, qui l’ont détruite. Le comportement des autres, des gens « normaux » donc, a une incidence terrible sur cette jeune fille mal dans sa peau. La relation de cause à effet est parfaitement exploitée par l’auteur ! Si untel n’avait pas dit ça, fait ça, proposé ceci, cela ne serait pas arrivé.
Car le personnage de Carrie est très attachant : on aime cette jeune fille qui ne demande qu’à vivre comme tout le monde et l’on croise les doigts tout le long du roman pour que tout se passe bien pour elle, même si l’on connaît déjà l’issue de l’histoire (comme pour Titanic, tiens !). Au diable sa folle de mère ! Carrie est innocente, malgré les horreurs qu’elle commet.
Rassurez-vous ! Je parle librement de la fin de l’histoire mais Stephen King ne nous cache rien : dès le début et tout le long du roman, il nous livre de faux extraits de journaux et autres témoignages revenant sur la soirée du bal. La fin, d’ailleurs, est véritablement explosive. Tout cela va bien plus loin que dans les deux films et j’ai beaucoup apprécié cette folie furieuse qui mène à la destruction massive.
Enfin, est-il nécessaire de parler du style de l’auteur ? Stephen King est un écrivain, un vrai. Il alterne le récit au passé avec les pensées décousues de Carrie, placées entre parenthèses, surgissant de nulle part, au milieu des phrases. Cela transcrit parfaitement le mal-être de l’héroïne qui se bat constamment contre le désir de vengeance et l’éducation stricte et religieuse que lui a inculquée sa mère, au profit des plaisirs simples et de la vie sociale, qu’elle souhaite plus que tout.
Il y aurait des milliers de choses à dire sur ce roman brillant, qui mérite son succès et qui, je vous le rappelle, est le premier roman de l’auteur et date de 1974. Il est à lire, c’est certain. Un intense moment de lecture qui pose beaucoup de questions. Incontournable !
KING Stephen, Carrie, éditions Le Livre de Poche, 2013 (édition originale de 1974), traduit par Henri Robillot, 282 pages